
Inspiré par la mythologie grecque, Albert Camus, dans son essai « Le mythe de Sisyphe » publié en 1942, fait le rapprochement entre la vie comme un éternel recommencement obéissant à l’absurde où Sisyphe fut condamné à rouler à tout bout de champ un rocher jusqu’au sommet d’une montagne, et dévalait la pente à la suite de chaque montée. Ce prototype de ce héros n’incarne-t-il pas la réalité de notre vie humaine de la quête du Bonheur ? Sisyphe n’est-il pas si près de nous ? La grande partie de notre vie n’est-elle pas construite sur l’espoir de chaque jour, chaque heure et chaque minute de ressentir la paix, la quiétude et la sérénité, Bonheur en un seul mot.
Tout le monde le cherche et sa quête est déclarée comme objectif humain fondamental à tel point que l’Assemblée Générale des Nations Unies reconnaît cette finalité et appelle à un approchement plus inclusif, équitable et équilibré de la croissance économique qui favorise le Bonheur et le bien-être de tous les peuples. Des scientifiques qui en scrutent l’ADN, étudiant la chimie de nos cerveaux à la quête du neutron du Bonheur. Enseigné en séminaires où des coachs aidant des candidats à retrouver la joie de vivre. Les chercheurs rappellent que le Bonheur est si essentiel à l’existence humaine que l’Organisation Mondiale de la Santé OMS le hausse de plus en plus comme un composant à part entière de l’état de santé à tel point que le 20 Mars a été proclamé Journée mondiale du Bonheur par l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette journée internationale du bonheur vise à faire prendre conscience aux gens du monde entier de l’importance du bonheur dans leur vie.
Et déterminément chaque 20 Mars, le rapport sur le Bonheur dans le Monde le « World happiness report »est publié par la « Wellbeing Research Centre » de l’Université d’Oxford
qui coïncide avec la Journée Internationale du Bonheur de l’ONU, en se basant sur toute une panoplie d’indicateurs tel que le PIB par habitant, l’entraide sociale, l’espérance de vie, la liberté, la générosité, la perception de la corruption.
Sur l’échantillon des pays sondés et sans surprise, la Finlande se classe en tête du Bonheur pour la 8éme fois consécutive, suivie du Danemark, de la Suisse, l’Islande.
A notre sens, la démarche, voire le principe même de mesurer le Bonheur, reste très controversable et même réfutable : On pense qu’il convient de séparer de manière tranchée, d’une part la mesure objective du développement, du bien être et du Bonheur collectifs et, d’autre part, la mesure subjective du Bonheur individuel. Dans notre esprit, le Bonheur collectif constitue un ensemble de conditions qui rendent plus facile l’accession au bonheur individuel.
Aussi et surtout, nous soutenons l’idée que ce n’est pas parce que la Finlande est en tête du classement de l’euphorie et du Bonheur que tous les Finlandais sont heureux, ni même qu’ils sont forcément plus heureux que les Libanais déclarés comme les plus malheureux du monde, juste devant la Sierra Leone et l’Afghanistan.

A l’appui de notre argumentation, le calibrage de la Finlande au peloton des pays de la Dolce Vita est subjectif en s’étayant sur les chiffres alarmants de l’Institut Statistique Européen Eurostat qui pointe la Finlande par un taux de suicide des plus élevés au monde. Difficile avec des ratios élevés de suicide et d’autodestruction prétendre à la sérotonine: Le suicide n’ jamais fait bon ménage avec le Bonheur.
En outre, le rapport sur le Bonheur, depuis sa première édition, ne cesse de mettre en piédestal les pays Scandinaves comme les plus réjouis de la planète et les auteurs qui jaspinent sur le Bonheur, étalent en permanence le package Bonheur des vikings : équité sociale, politique familiale paritaire, économie florissante et on les décrit comme des lieux de contentement et de béatitude et on en occulte presque qu’ils ont des taux de suicide parmi les plus élevés du Monde à l’instar de la Finlande, le Danemark et le Norvège.
Le Happiness Research Institute qui siège à Copenhague au Danemark pointe un taux de divorce et un taux de suicide tous deux assez importants, à même de battre en brèche la notoriété de l’Eden du Bonheur, de l’extase et du nirvana des pays Scandinaves ce qui met de manière incontestée l’absence de corrélation entre développement économique et sentiment de bien-être connu communément sous l’appellation du paradoxe d’Easterlin.
En sus, avec le foisonnement et le pullulement des réseaux sociaux Twitter, Instagram, Snapchat, Facebook, YouTube, Snapchat, Tiktok, LinkedIn pour ne nommer que ceux-là, l’humanité entière sombre dans le malheur où les gens qui passent des heures et des heures et les personnes qui l’utilisent très fréquemment, adolescents comme adultes, sont à la merci de l’anxiété, dépression, solitude, Cybercriminalité, Pédophilie et pornographie juvénile, Intimidation et harcèlement, Désinformation, Isolement et radicalisation, Cyberdépendance
En effet, dans une récente étude menée sur les grands usagers des smartphones et des réseaux sociaux, les chercheurs ont mis en évidence une plus grande probabilité de pâtir de certains problèmes psychologiques : anxiété, dépression et addiction. Et comme les réseaux sociaux sont devenus de véritables espaces de comparaison sociale, notamment par les photos postées, on est souvent enclin à penser que les autres sont plus heureux et ont une vie bien plus agréable que la nôtre. Regarder la vie « heureuse » des autres sur les réseaux sociaux fait penser que sa propre existence est moins plaisante.

Les effets négatifs ne se font pas ressentir uniquement chez les gros utilisateurs. En effet beaucoup de personnes ont parfois l’impression de ne rien faire de significatif et de perdre du temps inutilement sur les réseaux sociaux. Si les individus les trouvent divertissants à court terme, ils sont susceptibles d’éprouver, au final, de la culpabilité liée, soit au fait qu’ils ont négligé d’autres tâches plus importantes à effectuer, soit à des sentiments négatifs proches de ceux ressentis lors de comportements de procrastination.
Ainsi, au regard de nos vies modernes, marquées par un stress constant et un rythme effréné, la psychologie positive connait un succès sans précédent en témoigne le répertoire des livres et articles consacrés à la psychologie : On y trouve 136 728 documents faisant référence à l’anxiété ou la dépression, et seulement 9 510 qui évoquent la joie, la satisfaction et le bonheur.
La psychologie positive tente aujourd’hui de comprendre ce qui nous rend vraiment heureux. Comment tirer du positif des difficultés que nous rencontrons tous les jours ? Comment être heureux dans un environnement de plus en plus anxiogène ?
Martin Seligmann, l’un de ses pionniers de la psychologie positive, se rend compte que l’on peut passer une vie entière à courir derrière des épouvantails et les difficultés si l’on n’entraîne pas son esprit à cultiver les sentiments de gratitude et de joie sur ce qui se passe autour de nous.
Dans un environnement de plus en plus stressant, tant au niveau personnel que professionnel où le temps et la productivité doivent être toujours être utilisés efficacement, la méditation offre au méditant de nombreux bienfaits validés par la science : Amélioration des capacités de concentration et d’attention, réduction des symptômes de douleur chronique, réduction des niveaux de stress et d’anxiété pour retrouver la quiétude et d’apaisement.
Sur ce point, ne peut-on pas dire que la méditation se rejoint avec la Prière et les ADKARS de notre ISLAM ? N’apparaissent-ils pas comme créateur de béatitude en apportant sérénité, réconfort et confiance à l’Humanité ?

DIEU n’a-t-il pas dit dans Sourate AR-RA’D (LE TONNERRE) (Verset 28), Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux “Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah”. » الَّذِينَ آمَنُوا وَتَطْمَئِنُّ قُلُوبُهُم بِذِكْرِ اللَّهِ أَلَا بِذِكْرِ اللَّهِ تَطْمَئِنُّ الْقُلُوبُ ».
A défaut, DIEU n’a-t-il pas dit dans Sourate TAHA (Verset 124), Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » وَمَنْ أَعْرَضَ عَنْ ذِكْرِي فَإِنَّ لَهُ مَعِيشَةً ضَنْكًا « Et quiconque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne. N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ? “.
Jean-Jacques Rousseau a dit que « tout homme veut être heureux, mais pour l’être, il doit d’abord comprendre ce qu’est le bonheur. Depuis, des milliers d’études et des centaines de livres ont été publiés dans le but d’augmenter le bien-être des gens et de les aider à vivre des vies plus épanouies. Alors pourquoi ne sommes-nous pas plus heureux ? Pourquoi les chiffres qui tentent de mesurer le Bonheur des individus n’ont-ils pas évolué davantage au cours des 40 dernières années ?
Dans son livre The Happiness Myth (Le mythe du bonheur), la philosophe Jennifer Hecht démontre que nous vivons toutes sortes d’expériences du bonheur, qui ne sont pas forcément complémentaires. Il arrive même qu’une forme de bonheur fasse de l’ombre à une autre.
Sous cet angle, ne faut-il pas accepter une part de la réalité de la vie qu’elle est faite ainsi avec des hauts et des bas ? Sur ce point, notre Islam, n’a-t-il pas répondu de façon claire et explicite via le Saint CORAN dans Sourate BALAD verset 4″
لَقَدْ خَلَقْنَا الإنْسَانَ فِي كَبَدٍ », « Nous avons, certes, créé l’homme pour une vie de lutte »
C’est pour cela que SIDNA MOHAMMED que la SALATE et le SALAM soit sur LUI nous a bien conseillé de vivre pleinement notre vie, de profiter de chaque instant de notre vie : D’après Ibn Abbas (qu’ALLAH les agrée), le Prophète, SIDNA MOHAMMED que la SALATE et le SALAM soit sur LUI a dit « Profite de 5 choses avant 5 choses: de ta jeunesse avant ta vieillesse, de ta santé avant ta maladie, de ta richesse avant ta pauvreté, de ton temps libre avant ton occupation et de ta vie avant ta mort ». قال النبيّ عليه الصلاةُ
اغْتَنِمْ خَمْسًا قبلَ خَمْسٍ: شَبابَكَ قبلَ هِرَمِكَ، وصِحَّتَكَ قبلَ سَقَمِك، وغِناكَ قبلَ فَقْرِكَ ، وفَرَاغَكَ قبلَ شُغْلِكَ ، وحَياتَكَ قبلَ مَوْتِكَ َ

Si nous sommes très heureux sur un certain plan, il y a des chances que cela nous empêche d’expérimenter d’autres façons d’être heureux et il est de fait impossible de vivre tous les bonheurs possibles de façon pleinement épanouissante tous les jours et pour cela de se contenter d’être heureux pour sa journée. Dans cette optique, Ubaydullah ibn Muhsin al-Khatamî, qu’Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le prophète SIDNA MOHAMMED que la SALATE et le SALAM soit sur LUI a dit que « Celui qui se réveille le matin en sécurité dans sa demeure, en bonne santé et possédant sa subsistance de la journée, c’est comme s’il possédait le monde entier. » » قَالَ النَّبِيَّ -صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ : مَنْ أَصْبَحَ مِنْكُمْ آمِنًا فِي سِرْبِهِ مُعَافًى فِي جَسَدِهِ عِنْدَهُ قُوتُ يَوْمِهِ فَكَأَنَّمَا حِيزَتْ لَهُ الدُّنْيَا بِحَذَافِيرِهَا.
Ainsi, le bonheur comme la vie n’est-il pas éphémère et ne dure-t-elle qu’feu de paille ? Sur ce point prophète SIDNA MOHAMMED que la SALATE et le SALAM soit sur LUI a dit : عن عبد الله بنِ عمرَ رضي الله عنهما قال: أخَذَ رَسولُ اللهِ صلى الله عليه وسلم بمَنْكِبِي، فَقالَ: «كُنْ في الدُّنْيا كَأنَّكَ غَرِيبٌ أوْ عابِرُ سَبِيلٍ»، وكانَ ابنُ عُمَرَ، يقولُ: إذا أمْسَيْتَ فلا تَنْتَظِرِ الصَّباحَ، وإذا أصْبَحْتَ فلا تَنْتَظِرِ المَساءَ، وخُذْ مِن صِحَّتِكَ لِمَرَضِكَ، ومِنْ حَياتِكَ لِمَوْتِكَ
En somme, le sentiment de bonheur ne s’installe jamais pour longtemps. Nous travaillons dur en vue d’atteindre un objectif, motivés par toute la joie que cela va nous apporter. Malheureusement, après un court moment de bonheur, nous revenons rapidement à notre état normal, et recommençons à courir après un autre objectif, dont nous pensons qu’il pourra enfin nous rendre heureux.
Autant d’éléments qui peuvent effectivement donner une sensation agréable et satisfaisante dans un premier temps, mais qui ne favorisent pas une source de bien-être sur le long terme. Et l’un des premiers revers que subit ce genre de souhait, c’est le phénomène d’habituation. Une fois acquis, le bien en question ne sera plus perçu comme quelque chose qui nous fait plaisir, mais plus comme quelque chose qui rentre dans une forme d’habitude. Le procédé sera donc à réitérer encore et encore. Et l’on « craquera » ainsi pour le nouveau téléphone à la mode, de nouveaux vêtements, une nouvelle relation amoureuse…sans en tirer réellement du bonheur, mais simplement une fugace sensation de plaisir.

Ainsi la quête du bonheur s’apparente de plus en plus au mythe de Sisyphe, car la vie est indubitablement un éternel recommencement, car in fine, on a tous un rocher de Sisyphe à rouler. Ne doit-on pas aimer chaque graine de notre pierre de Sisyphe en attendant le bonheur éternel ?!!!