
Le Mardi 18 Mars 2025, la Banque Centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib) a annoncé une réduction de son taux directeur de de 25 points de base, le faisant passer de 2,50% à 2,25%. % alors que le consensus du marché tablait sur un statu quo. Cette décision vise à soutenir la relance économique dans un contexte de ralentissement de l’inflation.
L’une des principales raisons justifiant cette baisse réside dans la tendance à la maîtrise de l’inflation qui, depuis l’année 2025, l’inflation au Maroc a montré des signes de ralentissement qui a chuté de 6,1% à 0,9%, et les projections pour 2025-2026 se stabilisent autour de 2%, aussi bien pour l’inflation globale que pour l’inflation sous-jacente.
Aussi, la dernière clémence du ciel marquée par les précipitations pluviales que le Maroc a connues les dernières semaines pourraient infléchir le niveau général des prix, notamment en réduisant la pression sur les produits alimentaires, qui constituent un facteur majeur d’inflation ; les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP) confirment cette tendance, indiquant que la hausse des prix alimentaires a largement contribué à l’inflation.
La décision du wali de l’Institut d’Emission Abdellatif Jouahri a suscité de nombreuses réactions parmi les experts économiques et analystes financiers qui estime que cette mesure enverra un signal positif aux investisseurs, en réduisant le coût des financements et en stimulant la croissance économique.
En outre, la deuxième justification de cette baisse de taux est liée à la volonté des Autorités Marocaines de stimuler l’activité économique, notamment par l’encouragement des crédits moins coûteux destinés aux entreprises et aux projets structurants ce qui encouragera les investissements productifs et la promotion l’emploi doté d’une enveloppe budgétaire de 15 Milliards de dirhams.

Sous cet angle, la charte de l’investissement joue également un rôle essentiel dans cette dynamique et sa mise en œuvre constitue un levier essentiel pour encourager la création d’entreprises et d’emplois. Étant donné que le crédit bancaire demeure le principal mode de financement des entreprises, l’abaissement du taux directeur s’imposait comme une nécessité. Cette réduction a un impact direct sur les taux appliqués par les banques, aussi bien débiteurs que créditeurs. Les statistiques issues du rapport sur la politique monétaire confirment d’ailleurs que les précédentes baisses du taux directeur ont déjà entraîné une diminution des taux débiteurs bancaires.
La facilitation de l’accès au financement contribuera à dynamiser l’investissement et à favoriser la création d’emplois, un enjeu d’autant plus crucial face à un taux de chômage des plus élevés de cette décennie qui est passé à 13,30 % au quatrième trimestre 2024 soit 1.638.000 au niveau national, de 16,8% à 16,9% en milieu urbain et de 6,3% à 6,8% en milieu rural.
En sus la décision de Bank Al-Maghrib de réduction du taux directeur vise à s’arrimer avec tendances monétaires internationales dans un contexte international marqué par des politiques monétaires accommodantes à l’instar de la La Banque Centrale Européenne (BCE) qui a récemment baissé son taux directeur de 2,75 % à 2,5 %. Cette coordination est d’autant plus pertinente que l’Union européenne demeure le principal partenaire commercial du Maroc.
Certes, le taux directeur est un levier central de l’économie qui influence l’ensemble des agrégats économiques par des effets directs et indirects. Toutefois, la baisse du taux directeur visant à relancer la croissance économique est une mesure attendue et nécessaire, mais non suffisante. Elle doit s’accompagner de réformes structurelles pour être pleinement efficace : L’investissement ne dépend pas uniquement du coût du crédit, mais aussi du climat général des affaires qui pâtit encore de plusieurs contraintes, notamment la taille limitée du marché, la corruption, l’ampleur et le poids de l’économie informelle.

Aussi et surtout, la guerre commerciale déclarée, ce Mercredi dernier 2 avril 2025 par Donald Trump au monde entier par des barrières douanières sans précédent, jamais depuis l’imposition des droits de douane Hawley-Smoot, en 1930, quelques mois après le krach de 1929, les Etats-Unis n’avaient érigé de telles barrières, a engendré une incertitude économique mondiale et une tempête des marchés financiers conjuguée aux aléas persistants des tensions géopolitiques.
Déjà l’offensive commerciale a placé la banque centrale Américaine FED dans une situation particulièrement inconfortable. Elle va devoir arbitrer entre un soutien à l’économie et la lutte contre une hausse des prix qui semble inévitable. Les mesures de représailles imposées par Pékin par des droits de douane supplémentaires de 84 % sur les produits Américains et probablement d’autres pays.
Ceux-ci ont engendré une détérioration de la conjoncture internationale jalonnée par un krach boursier où les marchés boursiers mondiaux ont fini par une chute libre : La Bourse de New York a dégringolé à son ouverture, lundi 7 avril, avec -2,85% pour le Dow Jones et -3,91% pour le Nasdaq. Idem, la Bourse de Casablanca n’a pas été épargnée de cet effet boule de neige avec un Masi en chute libre de 3,17%. Et de facto pourront compromettre la crédibilité de la politique monétaire.

Ces éventualités illustrent la complexité des défis auxquels l’Institut de ABDELLATIF JOUAHRI sera confrontée où d’une part, elle devra ajuster sa politique monétaire pour la stabilité du Dirham en tenant compte des évolutions des taux directeurs des principales des banques centrales mondiales et d’autre part, prendre en considération les dynamiques internes de l’économie Marocaine, ainsi que les incertitudes internationales.