Home Non classé Encore une fois de plus Pedro Sanchez au Palais Royal: Les raisons d’une nouvelle géopolitique Maroco-Espagnole

Encore une fois de plus Pedro Sanchez au Palais Royal: Les raisons d’une nouvelle géopolitique Maroco-Espagnole

by Mustapha Maghriti

Feu Sa Majesté Hassan II n’a-t-il pas employé la légendaire hypotypose pour comparer le Maroc comme  » un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe ». Le Président du Gouvernement Espagnol Pedro Sanchez a fait sienne cette phrase de Feu Hassan II de façon empiriste ; il a été accueilli par le Souverain Marocain au Palais Royal de Rabat, le 22 Février 2024 où il a réitéré la position de l’Espagne à l’égard du Sahara marocain, une même position qu’il avait exprimée en avril 2022.

Aussi, le chef de l’exécutif Espagnol a déclaré que l’initiative d’autonomie pour le Sahara, sous souveraineté Marocaine, est toujours la base la plus réaliste et la plus sérieuse en louant les liens historiques et géographiques entre les deux pays, en se plaçant du côté d’une stabilité régionale.

Assurément, l’initiative de huiler la machinerie diplomatique et politique entre Rabat et Madrid n’est pas immotivée, mais consciencieusement décrétée par le Team Pedro Sanchez et ce pour plusieurs considérations géopolitiques, économiques et géostratégiques : 

– L’Espagne sait que le vecteur Rabat-Madrid est immanquable en cette étape historique agitée dans la géopolitique internationale, où les grands pôles de stabilité s’effondrent les uns après les autres. Cet axe est encore plus injonctif alors que le détroit de Gibraltar, incontournable aux échanges commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée, se retrouve compromis avec les insécurités d’agents commandités par l’Iran, alliés du Polisario,

– L’Espagne et le Maroc ont concrétisé des plans grandioses vers la modernisation, en passant de deux économies kif-kif, et par ricochet concurrentes, vers une forme de partenariat plus poussée, qui confère à l’Espagne le statut de premier partenaire commercial du Maroc.

– Madrid a appréhendé décemment que le Maroc est le pivot de raccordement géostratégique entre la Méditerranée, l’Europe et l’Afrique à travers une lucidité Majestueuse Royale probante  qui a interpellé et qui continue à apostropher les Espagnols, Méditerranéens, les Européens et les Africains,

–  le Royaume d’Espagne a compris les conséquences bénéfiques porteuses de co-développement, de coproduction et du partenariat avec un pied au Nord (Europe) et un pied au Sud (Afrique) de leur chaîne de valeur industrielle. Cette géostratégie permettra à Madrid, de bénéficier de la proximité géographique, d’une part, et de la complémentarité entre des pays matures et vieillissants au Nord, et des pays jeunes et émergents au Sud, d’autre part.

– Au regard d’une géopolitique mondiale jalonnée par une compétition farouche des USA et la Chine , l’Espagne sait indéniablement que la Russie qui, isolée sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en Février 2022, adule le contient noir à travers une coopération accrue dans les domaines de l’énergie, de l’aide au développement et de l’approvisionnement alimentaire (l’Afrique dépend de la Russie pour 30 % de ses approvisionnements en céréales, elle dépend actuellement des importations pour 63 % de ses besoins en blé, 80 % de ces exportations de blé sont destinées à l’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie), ainsi qu’au Nigeria, à l’Éthiopie, au Soudan et à l’Afrique du Sud) en livrant gratuitement jusqu’à 50 000 tonnes de céréales au Zimbabwe, à la Somalie, à Érythrée, au Mali, à la Centrafrique et au Burkina Faso  après l’expiration de l’accord céréalier qui permettait l’exportation de grains ukrainiens par la mer Noire, malgré le conflit avec la Russie.

Le dernier sommet Russie-Afrique qui s’est déroulé à Saint-Saint-Pétersbourg en Juillet 2023) n’a-t-il pas mis en relief l’importance grandissante de l’Afrique pour la politique étrangère Russe ?

En outre, en cherchant  à échapper à l’isolement international consécutif à son invasion de l’Ukraine, Moscou veut diversifier ses marchés à l’international, notamment en Afrique. Aussi, le Kremlin essaie de contrebalancer une hégémonie Américaine en créant un ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable, s’opposant fermement à toute forme de confrontation internationale sur le continent Africain.

–  Pedro Sanchez et son team, ainsi que le milieu des affaires Espagnol saisit congrûment que le territoire entre l’Europe ( à travers l’Espagne) et le continent noir (via le Maroc) est toujours en friche ; une jonction géopolitique en jachère qui raccordera l’Afrique du Nord à l’Afrique Subsaharienne en pleine fougue économique au travers des secteurs tel que le transport, la logistique, l’énergie, ainsi que le développement des provinces du Sud du Maroc qui sont entrain d’être fortifiées de zones industrielles, de zones franches, de technopoles et de clusters industriels. Madrid comprend perpétuellement que le pivot Rabat-Madrid est l’axe juteux des relations entre l’Europe, le Mare Nostrum et l’Afrique.

–  L’Espagne sait manifestement que sur l’échiquier mondial avec une concurrence rude entre les  USA et la Russie, la Chine courtise l’Afrique en délocalisant des Millions d’emplois manufacturés en Afrique, une offensive géopolitique menée à la fois par les entreprises publiques et privées, les décideurs politiques et les diplomates, lui permettant de s’ancrer sur la rive Sud Méditerranéenne pour approvisionner l’Europe. De ce fait, l’Espagne pointe le Maroc, car il est l’itinéraire géostratégique vers les créneaux Chinois.

– Madrid sait que le Maroc renferme moult gisements économiques et de potentialités, humaines et naturelles, pouvant être un disjoncteur de dynamique économique pour l’Espagne et l’Europe.Une telle séquence géostratégique exigerait, de la part de Madrid, une coopération plus plus responsable, et ce en fédérant le rôle de Rabat en tant qu’instigateur inexorable dans le reformatage de la Politique Européenne de voisinage.

A cet égard, la stabilité et la sécurité de l’Europe, de même que sa dynamique économique et productive, ne passent-ils pas irréfutablement par la stabilité et le développement du sud de la Méditerranée et de l’Afrique ?  Le progrès économique du Maroc n’est-il pas accouplé et cordé à celui de l’Espagne et inversement ? Des proses qui ont été d’ailleurs utilisés dans la missive adressée au Souverain Marocain par le chef de l’exécutif Espagnol Pedro Sanchez ?

A travers ce prisme géostratégique, Madrid arquepince qu’il est impératif d’une refondation des conditions économiques et sociales à même d’engendrer de nouveaux modèles économique, plus endogènes, plus durables et plus inclusifs qui seront plus avantageux au Maroc à l’Espagne et à le Mare Nostrum .

Aussi, une grande interpellation ne doit-elle pas apostropher Madrid relative à la promotion des valeurs cultuelles pour prémunir les jeunes de toute forme d’extrémisme ? Madrid l’a bien pressentie, en se dotant d’une vision agencée sur des orientations aspirant à la consolidation de la coopération régionale en Méditerranée, bâtie sur la création d’opportunités économiques en faveur des jeunes pour endiguer les menaces de l’immigration illégale, et de facto Pedro Sanchez sait infailliblement que Rabat est l’allié stratégique incontournable pour étancher cette plaie sociale; Rabat est le seul fédéré sur lequel l’Europe peut s’adosser pour déployer son omniprésence en mer Méditerranéenne à même à dissuader les quémandeurs à l’Eldorado Européen.

Madrid tout comme le vieux contient sait que sans coordination avec Rabat en  rive Sud du Méditerranée, le Pacte Européen sur la Migration et l’Asile ne serait qu’un coup d’épée dans l’eau que cela impliquerait en termes de conséquences de la montée des démons de l’extrémisme, de la violence et la lutte anti-terroriste et contre le trafic de drogue, ainsi que l’immigration clandestine, qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion, et auxquels aucun endroit au monde ne pourra échapper.

C’est tout le sens que doit donner l’Europe à la vision Africaine, basée sur la dialectique d’une croissance partagée couplée à la promotion de la paix et de la sécurité porteuses de stabilité pour les deux rives car , il ne peut y avoir de développement économique et social sans sécurité et de paix et, mutuellement, il ne saurait y avoir de sécurité et de paix sans développement économique et social. Feu Hassan II, en Mai 1961, au palais du Ryad, n’a-t-il pas dit à l’ambassadeur des USA à l’époque, son excellence Philip Bonsal que « L’avenir du monde dépend de la stabilité en Afrique ».

Penser ainsi, le Maroc n’exige-t-il pas de percevoir cet espace régional non pas comme une région isolée et figée, mais comme une interface proactive, capable d’assurer la jointure des territoires qui l’entourent à savoir l’Espagne, et le reste de l’Europe ? Reconnaissant le, l’Espagne l’a bien appréhendée en faisant le pari de s’ouvrir sur le continent Noir et ce en optimisant sa position géostratégique le Maroc.

Voilà, in fine, pourquoi l’Espagne qui, saluant l’intérêt de Madrid pour les initiatives stratégiques du Roi du Maroc concernant une alliance des pays africains riverains de l’Atlantique et le projet du Gazoduc Nigéria-Maroc, entend profiter de cette géopolitique Sud-Méditerranéenne, tant ses ressources et son ancrage qu’il tisse avec l’Afrique, à travers le Maroc, lui lotit un rôle géostratégique dans la trame d’une approche étayée sur la complémentarité et la convergence des intérêts.

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