
Assurément le 34éme Sommet de la ligue Arabe accueilli Samedi 17 Mai 2025 dans la Capitale Irakienne Bagdad. Faut-il rappeler que la ligue Arabe est une organisation régionale possédant le statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle est fondée le 22 Mars 1945 au Caire par six États qui sont l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Irak, la Transjordanie (devenue en 1949 la Jordanie), le Liban et la Syrie. Le Maroc a rejoint la Ligue Arabe le 22 Mars 1958. La Ligue regroupe, depuis 1993, vingt-deux États Arabes.
Ce 34éme Sommet se déroula sous le slogan « Dialogue, solidarité et développement » dans un contexte tumultueux avec la déliquescence de l’Accord de cessez-le feu à Gaza, où la situation des Palestiniens est plus qu’atroce et plus qu’inhumaine », fustigea le manitou de l’ONU, Antonio Guterres et a demandé un « cessez-le-feu permanent ». Certains dirigeants espérèrent qu’une telle intervention puisse ouvrir la voie à un processus politique sérieux et essentiel pour instaurer une paix durable dans la région.
A cet égard, la Ligue Arabe a exhorté la Communauté Internationale à intensifier ses efforts pour garantir l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien. Cette aide est cruciale pour répondre aux besoins urgents des populations affectées par le conflit.
A ce titre, le Souverain Marocain, dont la lecture du discours Royal a été donnée par le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidant à l’étranger Nasser Bourita, a tenu à réaffirmer la nécessité d’ouvrir les perspectives d’une solution politique pour instaurer une paix réelle et juste dans la région, garantissant au peuple Palestinien ses droits légitimes et permettant l’établissement d’un Etat Palestinien indépendant sur les frontières de juin 1967, ayant Al-Qods oriental comme capitale et comptant la Bande de Gaza comme une partie intégrante de son territoire.
Aussi, ce sommet se tient dans un environnement morose avec des attaques israéliennes au Sud du Liban et sur le territoire Syrien, ainsi que des situations alarmantes au Soudan, le Yémen, et la Libye sont toujours en proie à des conflits internes avec un avenir de la Syrie qui peine à se profiler.
Face de cette infraction manifeste du droit international humanitaire et au regard des incidences affligeantes et épineuses, dans lesquelles se tient le 34éme Sommet, les décideurs Arabes doivent faire preuve d’un engagement politique sérieux à même d’édifier un projet Arabe unanime, le dévouement aux principes de bon voisinage et le respect de la souveraineté nationale. Cette prédétermination tira ses soutènements dans le principe de non-ingérence dans les affaires internes.
De ce fait, l’Action Arabe conjointe ne saurait être pleinement efficace que si le chantier de réforme de l’Organisation de la Ligue Arabe, entamé depuis des années, est mené à terme, d’une manière qui répond aux aspirations de nos pays Arabes et dans un souci de concorde et d’harmonie a tenu le Souverain Marocain dans sa rhétorique adressé aux chefs d’Etat membre de la ligue Arabe.
En sus, pour endiguer la crise induite par le rebond des prix des produits alimentaires et de l’énergie et par la pénurie d’eau, notre patrie, aux yeux du King Marocain apportera son soutien à toute initiative susceptible de développer la coopération Arabe, de telle sorte que soit menée de toute urgence afin de lutter contre les effets néfastes du changement climatique.
Les statistiques des échanges commerciaux et le flux des investissements interarabes restent ostensiblement minuscules en vertu des données de la Banque Islamique de Développement BID, de la Société Arabe pour l’Investissement et la Garantie des crédits à l’exportation. Selon les experts du Centre du Commerce International CCI, la Ligue des États Arabes LEA connaît un des plus faibles taux d’échanges intrarégionaux au monde malgré un accès préférentiel aux marchés Arabes et une forte homogénéité culturelle.
Aussi, comparativement à d’autres marchés communs, tels l’Union Européenne et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, l’intégration commerciale régionale entre États membres de la Ligue Arabe reste modeste. A l’appui de nos dies, les échanges commerciaux inter-Arabes ne représentent que 11%, soit une fraction infime du commerce réalisé avec les États membres de l’OCDE ou d’autres pays en développement, et une part infinitésimale comparativement à d’autres régions, l’UE notamment, où plus de 70% des échanges se font entre États membres.

De surcroît, et en dépit de l’existence d’entités économiques officielles, à l’instar de l’Organisation Arabe pour l’Industrialisation (OAI), l’Organisation Arabe du Développement Industriel et des Mines (OADIM) ou l’Organisation Arabe pour le Développement Administratif (OADA), nos Etats Arabes capitalisent modiquement sur les différentes expériences industrielles et servicielles.
Par ailleurs, eu égard aux impacts d’une décrue de productivité, de carence de compétitivité économique et de vulnérabilité du secteur privé, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Middle East and North Africa en anglais (MENA) et Arabe reste en deçà des prouesses des économies émergentes : A l’appui des dernières statistiques fournies dans les rapports 2025 du Fond Monétaire International FMI et de la Banque Mondiale, le monde Arabe a enregistré un timide taux de croissance de moins de 1,9% en 2024.
Au regard de cette léthargie économique Arabe, les nouveaux moteurs de la croissance à l’exemple de l’intelligence artificielle ou les énergies renouvelables seront d’une grande aubaine aux économies Arabes pour propulser une croissance économique, garantir le basculement vers des modèles économiques inclusifs et durables, se greffer sur les standards économiques internationaux et s’atteler sur la dynamique économique mondiale.
Sur ce registre, la région Maghrébine demeure la moins intégrée économiquement et la moins dynamique en termes d’échanges intra-régionaux à l’échelle du monde Arabe en dépit de ses ressources naturelles et de ses potentialités économiques. En effet, Le commerce global intra-maghrébin se cantonne à moins de 5% alors que la part du commerce intrarégional atteint 16% environ en Afrique, 19 % en Amérique latine, 51 % en Asie, 54 % en Amérique du Nord et 70 % en Europe. Les échanges entre les pays Maghrébins ne dépassaient guère les 3,1% des exportations globales de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Le commerce intra-Maghrébin demeurait encore faible par rapport aux échanges des pays de l’UMA avec l’Union Européenne. En moyenne, les pays de la région exportaient près de 70 fois plus vers l’Union Européenne que vers le Maghreb. De ce fait, le gros des échanges du Maghreb s’effectue avec l’Europe, pour des raisons qui tiennent à la fois aux liens historiques, à la nature des produits échangés et, plus récemment, aux efforts déployés par chacun des pays pour libéraliser ses échanges avec l’Europe.

Les raisons du manque d’intégration au Maghreb sont complexes et nombreuses. On peut notamment citer l’application de politiques restrictives en matière d’échanges et d’investissement, la présence d’obstacles tarifaires et non tarifaires aux échanges, l’insuffisance des infrastructures régionales et des facteurs géopolitiques.
L’orientation traditionnelle des échanges vers l’Europe, les efforts récents de diversification en direction de l’Afrique subsaharienne et, plus récemment, l’émergence de la Chine comme marché d’exportation ont en outre détourné l’attention des pays du Maghreb de l’intégration intra-régionale. Des facteurs géopolitiques ont freiné l’intégration maghrébine. Les causes profondes des tensions sont complexes et varient d’un pays à l’autre. L’UMA est inopérante depuis des années du fait de désaccords entre ses pays membres, notamment entre l’Algérie et le Maroc. Les menaces terroristes ont aussi provoqué un durcissement des contrôles frontaliers. La frontière longue de quelque 1.600 kilomètres qui sépare l’Algérie du Maroc est fermée depuis 1994.
Face à cette situation, le Souverain Marocain, dans sa parénèse Royale, n’a-t-il pas déploré le fait que l’Union du Maghreb Arabe ne remplisse pas son rôle naturel de levier de développement commun pour les pays Maghrébins, en garantissant, notamment, la libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services entre ses cinq Etats membres ?
Faut-il rappeler, dans cette chronique, que l’intégration du Maghreb est devenue une nécessité économique incontournable, vu la concurrence et la rivalité féroce que se livrent les différents blocs régionaux (ALENA, MERCOSUR, ASEAN, AELE…..). En effet, compte tenu des défis occasionnés par les échéances charnières auxquelles les économies maghrébines devraient faire face, le coût du non-Maghreb peut s’avérer insoutenable pour les économies de la région. Ainsi, de par son rôle de moteur de croissance et d’intensification des échanges commerciaux entre pays de la région, l’intégration Maghrébine pourrait constituer un facteur d’appui pour une insertion plus efficiente des pays membres à l’économie mondiale.
La singularité de la région Maghrébine est qu’elle s’insère dans la continuité du courant libre échangiste qui devrait relier progressivement les deux rives de la Méditerranée, au même titre que celui impliquant les pays de la déclaration d’Agadir auquel l’Algérie ne fait pas partie. Ainsi, au-delà de la discontinuité géographique qui en découle, une relance du projet d’intégration maghrébine serait propice pour redimensionner la libéralisation commerciale entre les pays de l’Accord d’Agadir.

L’intégration Maghrébine permettrait de créer des chaînes de valeurs régionales et de mieux les intégrer dans les chaînes de valeur mondiales. Pour le Maghreb, la mise en place d’un ensemble de règles communes en matière de commerce et d’investissement offrirait un meilleur environnement non seulement aux investisseurs intéressés par le marché intérieur de la région, mais aussi à ceux qui souhaitent exporter leur production vers les marchés voisins, tels que l’Union Européenne. Par ailleurs, elle aiderait les entreprises locales à mieux s’intégrer dans les chaînes de production mondiales, en assurant la libre circulation des pièces et composants chez les partenaires régionaux et entre eux. Ce n’est que par une plus grande intégration que le Maghreb pourrait atteindre la taille nécessaire pour attirer des IDE à la recherche de marchés durables. En outre, les chaînes de valeur mondiales peuvent également servir de circuits de diffusion du savoir, tant à partir des pays avancés qu’entre ceux du Maghreb, de la même manière que les circuits traditionnels du commerce et de l’investissement. Le Maghreb pourrait devenir une plaque tournante du commerce et des investissements entre l’Afrique subsaharienne et l’UE.
En 2010, dans son rapport sur les nouvelles multinationales africaines Boston Consulting Group BCG quoiqu’il est ancien, mais d’une grande pertinence et d’une grande actualité, le Boston Consulting Group a souligné l’émergence de puissantes entreprises transnationales dans la région, qui comptait 10 des 40 entreprises africaines étudiées (six marocaines, deux algériennes et deux tunisiennes). En fait, les entreprises marocaines et tunisiennes investissent dans tout le Maghreb, devenant ainsi des acteurs majeurs dans les pays d’accueil. Les autorités devraient soutenir cette source croissante d’IDE en encourageant une plus grande intégration régionale. Une telle stratégie rendrait les pays du Maghreb moins dépendants de l’Europe tout en leur permettant de mieux tirer parti de leur position entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne.
Au vu de la situation pitoyable et malencontreuse que vivent certains pays Arabes frères, le Souverain Marocain, dans sa plaidoirie Royale a soutenu majestueusement qu’il ne ménagera aucun effort pour enrayer toute forme de division en apportant son concours au règlement des crises dans lesquelles est empêtrée notre région Arabe. Le Souverain Marocain compte s’y employer en faisant prévaloir le dialogue et les initiatives pacifiques sur la logique de la force et des options militaires où il souscrit activement aux efforts régionaux et internationaux engagés en direction des acteurs politiques locaux, en vue de créer une médiation et de faciliter un dénouement de la crise, à l’instar du son soutien au peuple Syrien frère dans sa quête de liberté, de sécurité et de stabilité, ainsi que son attachement à la préservation de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de la Syrie. D’ailleurs, preuve à l’appui et joindre le geste à la parole, notre patrie a décidé la réouverture de son ambassade à Damas, fermée en 2012, ce qui permettra manifestement d’ouvrir de plus larges perspectives dans les relations historiques entre nos deux pays et nos deux peuples.
Autres illustrations et au regard des situations déplorables qui sévit dans d’autres pays Arabes, comme le Yémen, le Soudan et le Liban. Notre patrie itère et redouble ses efforts laborieux à même de stimuler le processus politique devant conduire au rétablissement de la paix et de la stabilité, à dépasser les différends et les conflits par les moyens pacifiques et les voies diplomatiques, à préserver la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale des pays Arabes frères.
En outre, l’instance économique est primordiale pour une cohésion Arabe cimentée et comme fer de lance de développement de l’Union Arabe, ainsi que pour son insertion dans l’échiquier géopolitique mondial.

Sous cet angle, la mise en place de la coopération économique et le développement du commerce intra-arabe et interarabe solide est inéluctable pour ouvrir aux peuples Arabes d’immenses potentialités de dynamique économique et de partage de fruits de la croissance qui en résultent. Dans une déclaration exclusive à la « Nation Africaine » (promotion nationale, Maghreb Uni -rôle de la presse) à Rabat le 5 Juin 1962, Feu Hassan II n’a-t-il pas soutenu que » la voie de l’unité passe d’abord par le resserrement des liens économiques, ce qui suppose à l’intérieur une planification intégrée du développement »
Face aux risques liés au retour au protectionnisme à l’échelle mondiale, à l’instabilité des marchés financiers et à la turbulence géopolitique que connaissent la donne mondiale, la Coopération Arabe s’avère incontournable. Et pour s’intégrer, les pays de l’Union Arabe devraient s’appuyer sur la dynamique impulsée par la crue actuelle de l’économie internationale, des échanges commerciaux et de l’investissement. Un renforcement de la demande provenant de leurs partenaires commerciaux générerait un surplus de recettes douanières. Une plus grande libéralisation des mouvements de capitaux entre les pays Arabes permettrait de développer les investissements directs étrangers IDE et de raffermir les chaînes de valeur ajoutée Arabes et leur intégration dans les Chaines de Valeurs Mondiales.
Aussi, pour cueillir les fruits de la reprise mondiale et limiter les contrecoups négatifs des agitations commerciales internationales actuelles, les pays de la ligue Arabe devraient collaborer sur le commerce dans la région et sur le système multilatéral plus vaste étayé sur des règles.
Dans cet environnement extérieur relativement favorable mais vulnérable et tendu, l’apostrophe importante qui interpelle les décideurs Arabes est de savoir comment faire de la Coopération Arabe un moyen d’action supplémentaire pour sécréter une dynamique économique porteuse de croissance, de production, d’investissement et d’emploi.
Un Co développement Arabe et un partenariat économique et financier ne sont-ils pas d’une nécessité impérieuse pour porter une réplique à une géopolitique mondiale fragmentée en ce en négociant l’accord régional, en coordonnant les mesures, en libéralisant les marchés et en améliorant le climat de l’investissement et des affaires économiques internationales, et en échafaudant des solutions efficaces adaptées à chaque pays Arabe et pour créer des avantages comparatifs dans de nouveaux domaines ?

En guise de conclusion, le partenariat Arabe doit être considéré comme une responsabilité partagée entre toutes les parties prenantes et ce en aplanissant les divergences, en particulier au Maghreb, car « Les divisions ouvrent la voie à l’ingérence étrangère, non arabe, au terrorisme, à la manipulation et aux conflits interconfessionnels. Toutefois, en restant unis, vous pouvez façonner une région capable de tirer le meilleur parti de son énorme potentiel et qui contribue à la paix et à la sécurité mondiales. Une région où les divergences se règlent par le dialogue et où règnent le respect et l’intérêt mutuels » tels ont été les propos tenus par Secrétaire général de l’ONU António Guterres, lors de son discours le 01 Novembre 2022 à Alger, au Sommet de la Ligue Arabe en Algérie.