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Emmanuel Macron au Palais Royal de Rabat : Les raisons économiques et géopolitiques du Partenariat d’exception renouvelé entre Rabat et L’Élysée

by Mustapha Maghriti

Feu Hassan II n’a-t-il pas utilisé l’illustre et la légendaire hypotypose pour définir   » le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe. »

Le 25éme Président de la République française Emmanuel Macron a fait sienne cette métaphore de Feu Hassan II de façon pragmatique ; sa visite du Lundi 28 Octobre 2024 confirme le partenariat ou sous une nouvelle appellation  » Partenariat d’exception renouvelé » vital pour les deux pays, essentiel pour les deux continents, les faits et la réalité qui confirment l’importance du Maroc pour la France, et pour l’Europe mettent tout l’éclairage et le pragmatisme sur cette célèbre allégorie de Feu Hassan II.  

Déjà, Mercredi 31 Juillet 2024, le Président Français, dans une missive épistolaire dans laquelle Emmanuel Macron qui marche désormais dans le sillage des États Unis, d’Israël, de l’Allemagne et de l’Espagne qui ont officiellement reconnu la Marocanité du Sahara (et qui a provoqué la colère d’Alger, en procédant au retrait de son ambassadeur à Paris) corrobore  la femme volonté d’approfondir les vastes relations bilatérales et ce en ouvrant un nouveau Livre, terme utilisé lors de l’entretien privé entre le souverain Marocain et le Président de la République française et repris solennellement par Emmanuel Macron dans son discours devant les 2 chambres.

Aussi, Emmanuel Macron qui déclara que l’initiative d’autonomie pour le Sahara, sous souveraineté Marocaine, est toujours la base la plus réaliste et la plus sérieuse en louant les liens historiques et géographiques entre les deux pays, en se plaçant du côté d’une stabilité régionale, exhibe le voisinage naturel de la France et que les brides étroites qui nous unissent dans différents domaines ne doivent pas être négligés et ce en replaçant le partenariat dans la permanence du fait de l’histoire et de la géographie ou une Communauté de destin, c’est pas ses strophes qu’Emmanuel Macron a évoqué le relation entre Rabat et Paris par Emmanuel Macron dans son éloge devant le Parlement Marocain.

En optant pour le Maroc sur la question du Sahara, Emmanuel Macron marque une flexuosité stratégique et montre qu’il est prêt à adosser les intérêts Français à ceux du Maroc sur un sujet sensitif et crucial pour Rabat. En effet, cette région n’est pas seulement une revendication territoriale : Pour le Maroc, il s’agit d’une question de Souveraineté Nationale et de stabilité régionale, deux valeurs que la France s’engage enfin à défendre de façon explicite.

Assurément, l’initiative de huiler la machinerie diplomatique et politique entre Rabat et Paris et la décision de lubrifier la mécanique économique entre le Maroc et la France n’est pas primesautière, mais judicieusement réfléchie par l’Élysée eu égard modulations économique et géopolitiques que connait la donne mondiale, régionale et nationale : 

– Primo, la France sait opportunément que le Maroc est le trait d’union géostratégique entre la Méditerranée et l’Afrique à travers une clairvoyance Royale persuasive qui apostrophe les Français, Méditerranéens, les Européens et les Africains. Dans une donne mondiale de fragmentation et de resserrement des chaînes des valeurs, le Président de l’Elysée n’a-t-il pas souligné la nécessité de raffermir l’interdépendance économique entre Rabat et Paris ou pour reprendre ces mots  » On produit ensemble » en insistant sur l’importance réciproque de part et d’autre de la Méditerranée,

– Secundo, Paris a appréhendé les séquences vertueuses porteuses de co-développement, de coproduction et du partenariat (avec la signature de 22 accords frôlant quasiment tous les secteurs) pour un montant global allant jusqu’à 10 Milliards d’euros, avec un pied au Nord (Europe) et un pied au Sud (Afrique) de leur chaîne de valeur industrielle.

Cette stratégie permettra à l’Élysée, de bénéficier de la proximité géographique, d’une part, et de la complémentarité entre des pays matures et vieillissants au Nord, et des pays jeunes et émergents au Sud, d’autre part,

Ainsi, le Maroc, en tant que premier partenaire économique au Maroc, la France a tout intérêt à consolider ses alliances et à capitaliser sur cette dynamique positive pour des raisons et des enjeux économiques : Avec près de 1 000 entreprises Françaises présentes sur le tissu économique Marocain, créant quelque 150 000 emplois directs, la France reste l’un des principaux acteurs étrangers au Maroc.

Ces accointances économiques vont bien au-delà de l’automobile ou de l’industrie classique. Ainsi, les entreprises Françaises à titre illustratif soutiennent depuis des années le développement de la région du SAHARA où la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique sont au cœur des discussions, alors que le Maroc subit de plein fouet un stress hydrique sévère.

L’ambition de Paris est claire : Renforcer la coopération sur des projets communs, notamment en matière de développement durable, de décarbonation et d’énergies renouvelables. En favorisant l’émergence de nouvelles industries et en soutenant le développement d’infrastructures écologiques, la France espère, en outre, contribuer à l’essor d’un modèle Marocain de développement durable qui pourrait inspirer d’autres nations africaines.

– Tertio, la France sait notoirement que sur l’échiquier mondial avec une concurrence furieuse et rogneuse entre les  USA et la Russie, la Chine galantise l’Afrique en délocalisant des Millions d’emplois manufacturés en Afrique, une offensive géopolitique menée à la fois par les entreprises publiques et privées, les décideurs politiques et les diplomates, lui permettant de s’ancrer sur la rive Sud Méditerranéenne pour approvisionner l’Europe. De ce fait, la France cible le Maroc, car il est l’itinéraire géostratégique vers les créneaux Chinois,

– Quarto, Emmanuel Macron et son team, ainsi que le milieu des affaires Français saisit adéquatement sait que le terrain entre l’Europe, à travers la France et l’Afrique via le Maroc est toujours en friche ; un raccordement en jachère qui accouplera  l’Afrique du Nord à l’Afrique Subsaharienne en pleine ébullition économique à travers des secteurs tel que le transport, la logistique, l’énergie, ainsi que le développement des provinces du Sud du Maroc qui sont entrain d’être enrichies et fortifiées de zones industrielles, de zones franches, de technopoles et de clusters industriels. La France sait immanquablement que l’axe Rabat-Paris est le pivot fructueux  et juteux des relations entre le Nord, le Sud de la Méditerranée et le reste de l’Afrique.

La France sait notoirement que l’Afrique, de part en part du Maroc, est le continent de l’avenir, disposant de fortes marges de croissance durable. C’est le continent qui dispose d’une richesse d’atouts multidimensionnels qu’il convient de revaloriser au profit du développement durable.

A ce titre, la France, en complémentarité avec le Maroc et ses partenaires de la rive Sud, est plus que jamais interpellée à peser dans la région Méditerranéenne, notamment à travers l’Union pour la Méditerranée UPM qui, faut-il rappeler, est une organisation intergouvernementale fondée le 13 juillet 2008, lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée qui est destinée à renforcer les acquis du Partenariat euro-méditerranéen (Euromed) mis en place en 1995 sous le nom de Processus de Barcelone regroupant 43 pays sur la base d’une co-présidence  paritaire entre les rives sud et nord de la mer Méditerranée.   

– Quinto, Paris sait que le Maroc renferme d’énormes gisements économiques et de potentialités, humaines et naturelles, pouvant être un disjoncteur et un relais de croissance économique pour la France et l’Europe. Une telle séquence géostratégique exigerait, de la part de Paris, une coopération plus responsable, et ce en fédérant le rôle de Rabat en tant qu’instigateur inexorable dans le reformatage de la Politique Européenne de voisinage.

A cet égard, la stabilité et la sécurité de l’Europe, de même que sa dynamique économique et productive, ne passent-ils pas irréfutablement par la stabilité et le développement du sud de la Méditerranée et de l’Afrique ?  Le progrès économique du Maroc n’est-il pas accouplé et cordé à celui de la France et inversement ? Des proses qui ont été d’ailleurs utilisés par le chef de l’Elysée Emmanuel Macron dans son discours devant le Parlement du Maroc?

Sous cette optique géopolitique, Paris appréhende qu’il est impératif d’une refondation des conditions économiques et sociales à même d’engendrer de nouveaux modèles économique, plus endogènes, plus durables et plus inclusifs qui seront plus avantageux au Maroc à la France et à le Mare-Nostrum .

–  Au regard d’une géopolitique mondiale jalonnée par une compétition farouche entre les économies , la France sait indéniablement que la Russie qui, isolée sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en Février 2022, adule le contient noir à travers une coopération accrue dans les domaines de l’énergie, de l’aide au développement et de l’approvisionnement alimentaire (l’Afrique dépend de la Russie pour 30% de ses approvisionnements en céréales, elle dépend actuellement des importations pour 63 % de ses besoins en blé, 80 % de ces exportations de blé sont destinées à l’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie). Le dernier sommet Russie-Afrique qui s’est déroulé à Saint-Saint-Pétersbourg en Juillet 2023) n’a-t-il pas mis en relief l’importance grandissante de l’Afrique pour la politique étrangère Russe ?

En outre, en cherchant  à échapper à l’isolement international consécutif à son invasion de l’Ukraine, Moscou veut diversifier ses marchés à l’international, notamment en Afrique. Aussi, le Kremlin essaie de contrebalancer une hégémonie Américaine en créant un ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable, s’opposant fermement à toute forme de confrontation internationale sur le continent Africain.

Une telle vertu géopolitique impliquerait, de la part de l’Elysée une coopération plus engagée en concordance avec les priorités de l’agenda du Maroc, tout en coalisant le rôle de Rabat en tant que pionnier et éclaireur inéluctable dans la refondation de la politique de l’Union européenne (UE) visant à améliorer ses relations avec les pays riverains à l’est et au sud.

Paris pense, en terme dialectique : La stabilité et la sécurité de l’Europe, de même que sa dynamique économique et productive, passent indéniablement par la stabilité et le développement du sud de la Méditerranée et de l’Afrique ; que le progrès économique du Maroc est liée à celle de la France et inversement ; des allégations citées par Emmanuel Macron lors de sa parénèse devant le Parlement du Maroc

Sous cet angle, Paris pense qu’il est impérieux de refonder les conditions économiques et sociales à même de créer de nouvelles synergies économiques pérennes et  inclusives qui seront altruistes et plus fructueux au Maroc à la France et à toute la ceinture Sud-Méditerranéenne.

Aussi, la grande apostrophe de la promotion des valeurs cultuelles pour prémunir les jeunes de toute forme d’outrance et d’extrémisme ne doit-elle pas figurer dans l’agenda de la France? Des propos d’ailleurs cités par Emmanuel Macron dans son discours devant la première chambre au Maroc. Paris l’a bien pressentie, en se dotant d’une vision agencée sur des orientations aspirant à la consolidation de la coopération régionale en Méditerranée, bâtie sur la création d’opportunités économiques en faveur des jeunes.

– Sexto, Paris, qui se trouve acculée à l’épée de Damoclès de l’immigration illégale, sait inévitablement que le Maroc est l’allié stratégique pouvant étancher ce fléau. Dans un contexte où la stabilité régionale est constamment mise à l’épreuve par des réseaux criminels et terroristes transnationaux, le Maroc est le seul associé fédéré sur lequel Paris et l’Europe peut s’accouder pour amplifier son omniprésence en mer Méditerranéenne dans le dessein de dissuader les quémandeurs à « l’Eldorado Européen « .

D’ailleurs, Le Président Emmanuel Macron a appelé Mardi, dans un discours devant les 2 Chambres à une « coopération naturelle et fluide » avec le Maroc contre l’immigration illégale  et à davantage encore de résultats en la matière.

Aussi, Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur Français a expliqué être convenu avec son homologue Abdelouafi Laftit, Ministre de l’Intérieur du Maroc, de suivre directement cette question à son niveau avec des points d’étape réguliers sur la surveillance des frontières.

Aussi, l’investissement dans le capital humain est l’un des meilleurs moyens de barrer la voie aux tendances de radicalisation extrémiste en Afrique et tarit les sources dans lesquelles s’abreuve l’islamisme radical.

Sur ce registre, Feu Hassan II, en mai 1961, au palais du Ryad, n’a-t-il pas dit à l’ambassadeur des USA à l’époque, son excellence Philip Bonsal que « L’avenir du monde dépend de la stabilité en Afrique ».

Paris tout comme l’Europe sait que sans planification et sans coordination avec le Maroc en  rive Sud du Méditerranée, ce mécanisme rénové dans sa nouvelle mouture du « Pacte Européen sur la Migration et l’Asile », comme ceux qui l’ont précédé, serait un coup d’épée dans l’eau. Ne s’agit-il pas d’un même destin pour les deux rives ?

La France doit amener l’Europe à s’impliquer davantage dans le processus de co-développement qui, en garantissant la prospérité en Afrique, limitera les flux migratoires en convaincant les partenaires Européens que la stabilité de la rive sud et les prouesses économiques du Maghreb constitueraient la meilleure armature et le véritable rempart contre l’immigration clandestine. Pour ce faire, le nec plus ultra serait d’aider les pays du pourtour sud Méditerranéen pour accélérer rapidement l’émergence économique de leur tissu industriel, une émergence porteuse de croissance et d’emploi.

Le Maroc est irréprochablement dans cette posture : Le Royaume dispose d’un tissu économique qui permet d’en faire un Hub Euro-africain capable de contribuer à une meilleure redistribution des richesses et des hommes entre les deux rives, surtout, que le Maroc est réputé sur le plan  mondial, africain par sa tolérance grâce à un Islam du milieu et, de ce facto, il constitue un blindage contre les extrémismes de tout bord.

Avouons le dans cette chronique : La jeunesse Africaine n’est pas une souche particulière, la jeunesse Africaine n’est pas délétère par nature, elle ne s’expatrie pas par amour d’émigration à la quête de l’eldorado, elle ne succombe pas au terrorisme parce qu’elle y est une fatalité.

Nous croyons fermement que la jeunesse Africaine  a juste besoin d’emploi, d’opportunités économiques, de stabilité, d’investissements productifs porteurs de croissance, de revenus et d’emploi inclusifs à même d’assurer une insertion économique et sociale des jeunes . A défaut, elle hallucine que le pays de cocagne est en Europe.

A défaut, nous aurons tous à supporter les conséquences de la montée des démons de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme et l’immigration clandestine, qu’alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion, et auxquels aucun endroit au monde ne pourra échapper. Feu Hassan II, en Mai 1961, au palais du Ryad, n’a-t-il pas dit à l’ambassadeur des USA à l’époque, son excellence Philip Bonsal que « L’avenir du monde dépend de la stabilité en Afrique ».

C’est tout le sens que doit donner Paris et l’Europe à la vision Africaine, basée sur l’osmose d’une croissance partagée couplée à la promotion de la paix et de la sécurité porteuses de stabilité pour les deux rives car , il ne peut y avoir de développement économique et social sans sécurité et de paix et, mutuellement, il ne saurait y avoir de sécurité et de paix sans développement économique et social. L’Europe doit cesser de continuer à faire la politique de l’autruche !!

La promotion d’une approche sécuritaire régionale pour la pérennité de la paix et de la dynamique du développement n’appelle-elle pas à la prise en compte de toutes les dimensions stratégiques du Maroc, du bloc Sud-Méditerranéen et Africain?

Penser ainsi, le Maroc n’exige-t-il pas de concevoir cet espace régional non pas comme une région perclus, mais comme une interface dynamique, capable d’assurer la connexité des territoires qui l’entourent ?

Reconnaissant le, la France l’a bien appréhendée en faisant le pari de se réconcilier avec Rabat et l’ouverture sur son continent et ce en optimisant sa position géostratégique avec le Maroc. La visite de Macron en est la meilleure illustration, une telle démarche n’est pas seulement un geste diplomatique : C’est la confirmation que la France et le Maroc, ensemble, peuvent jouer un rôle de stabilisateur au sein d’une région complexe et d’une communauté internationale en mouvance.

La stabilité régionale, la transition énergétique, la lutte contre le terrorisme ne doivent pas être de simples slogans ; elles doivent être les fondations d’une alliance durable, fondée sur des intérêts stratégiques et des valeurs partagées.

Voilà pourquoi la France entend profiter de cette géostratégie avec le Maroc, tant ses ressources et son ancrage qu’il trame avec l’Afrique, à travers le Maroc, lui lotit un rôle géopolitique dans le cadre d’une approche fondée sur la complémentarité et la convergence des intérêts.

André Frossard n’a-t-il pas dit que “L’Europe cherche avec raison à se donner une politique et une monnaie commune, mais n’a-t-elle pas surtout besoin d’une âme” ? Cette âme et sœur ne peut être que l’Afrique à travers le pont qui est le Royaume Chérifien du Maroc.

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