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L’avocat du diable, le titre semble dévier l’imaginaire des cinéphiles vers le film « L’avocat du diable » de Sidney Lumet Juin 1993, incarné par Rebecca De Mornay, Don Johnson, Stephen Lang ou celui de Taylor Hackford 1998 « L’Associé du diable » joué magistralement par Al Pacino, Keanu Reeves, Charlize Theron. Il n’en est rien, il s’agit d’une chronique que nous accordons au métier noble de l’Avocat, un métier dont l’entrée est loin de faire l’objet d’un fair-play pour tous les juristes du Maroc.
En effet, quand un lauréat Marocain des Facultés de Droit espère revêtir la toge d’avocat et intégrer le parquet, il doit, en amont de la chaine de valeur de cette filière juridique et judiciaire, dépocher le cachet de 100.000 DH pour y avoir accès, une somme qui n’est pas à la portée de tous les Marocains surtout au début des études juridiques afin de s’insérer dans la vie active et intégrer le métier du barreau.
A notre sens, c’est une procédure « darwinienne » qui implique, dans son essence, que le « Cric » social ne se manœuvre pas de façon équitable sur le marché de l’offre et la demande du travail, encore plus clair, cette somme de 10.000 dhs ne donne pas l’aubaine aux couches sociales les plus démunies de pénétrer la carrière du barreau.
Plusieurs interrogations nous interpellent :
Faut-il y voir une forme de discrimination ? Faut-il y voir une sorte de faveur et de favoritisme ? Nous ne pensons pas sûrement que c’est ainsi. Ou est-ce pour des mobiles purement pécuniaires de la part des entités compétentes?

Certainement, l’Ordre des avocats du Maroc a ses raisons que la raison ignore. Quelles qu’elles soient les raisons, nous pensons que la dimension sociale, les valeurs de l’équité et de l’égalité des chances doivent l’emporter et triompher.
Rétrospectivement et dans l’histoire du parquet et du barreau, combien nous avons vu des magistrats, combien nous avons vu des procureurs, combien nous avons vu des hommes et femmes issus du parquet avalisant d’éminentes fonctions de l’État : Primature, ministrables, ambassadeurs, et autres postes de commis de l’État et j’en passe…….
La plupart de ces émérites et chevronnés ne sont-ils pas venus et originaires de couches sociales populaires qui, d’antan, n’auraient pu acquiescer à cette auguste responsabilité s’il y avait eu une telle barricade à l’entrée moyennant des enveloppes fiduciaires.
La majorité des commis de l’Etat ne se sont-ils pas apprentis dans les parquets, tribunaux et magistrature du Maroc ?
De ce fait, pourquoi, à notre ère, assujettir, astreindre et acculer ce cachet de 10.000 dhs qui ne fait qu’évaporer le rêve de moult Marocains de porter la toge noire ? Et combien de souhaits et d’ambitions se sont foudroyés et démolis de par ce portefeuille ?
En guise de conclusion, nous invoquons un réexamen à reconsidérer cette somme combien généreux s’il fera l’objet d’une rémission à même à ressusciter le rêve d’une grande majorité des plus pauvres qui aspirent porter la robe noire. La séance est levée !!!!