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Le Succès d’une Oeuvre Royale de l’Entreprenariat Juvénile TPE-PME : Quelles sont les conditions de réussite ?

by Mustapha Maghriti

Au regard de l’épée de Damoclès du chômage qui touche plus de 26% chez les jeunes de 15-36 ans selon les dernières statistiques du département Lahlimi HCP, l’entreprenariat Juvénile semble représenter le remède le plus adéquat et le plus pérenne à une telle tare économique et sociale. En effet, la cloche Royale lancée en faveur du nouveau Programme Intégré d’appui aux des TPE/PME par le Souverain Marocain est venue à point nommée à travers tout un menu alléchant : 6 Milliards de dirhams entre l’État et les banques étalée sur trois années pour cortéger l’entrepreneuriat et huiler les mécanismes des relations entre la sphère bancaire et les demandeurs de crédit à travers un déblocage d’un portefeuille financier d’aide de 2 Milliards de dirhams de la part du Fonds Hassan II octroyé sous forme de crédits gratuits, relèvement du taux de la garantie de la Caisse Centrale de Garantie CCG à 80% et l’instauration d’un mécanisme de refinancement illimité de la part de Bank Al-Maghrib au taux préférentiel de 1,25%.

Un programme de financement intégré qui a mis la jouvence Marocaine au cœur de ses orientations stratégiques, une œuvre Royale qui ne peut réussir sans prendre en considération quelques conditions incontournables :

– Primo, Tirer des enseignements du crédit jeunes promoteurs en évitant de reproduire les erreurs du passé par l’accompagnement des jeunes promoteurs :

Les enseignements de l’échec du crédit jeunes promoteurs ne nous démontrent-ils pas que faute de rigueur, de belles créativités échouent ? Rétrospectivement, les solutions proposées par le pays depuis le début des années 90 pour lancer l’entreprenariat chez les jeunes connu sous le nom du Crédit Jeunes Promoteurs lancé le 20 février 1991 (Dahir n° 1-90-190 du 5 chaâbane 1411), ont buté au moins sur trois déficiences: le fardeau procédural, le dessèchement du financement, la non concordance des projets et la préparation immature des jeunes créateurs entrepreneurs.

 

Conséquence : Le bilan des crédits jeunes promoteurs a été très décevant ; presque un projet sur trois a été voué à l’échec, un volume de contentieux alarmant, des impayés et des retards de déblocage des fonds de l’Etat. Les mesures d’accompagnement prévues par la loi firent défaut.

En matière de management des projets, faut-il souligner que l’aspect financement n’est qu’un des volets de la réussite du programme intégré des TPE/PME, les mesures de soutien sont incontournables. De là, découle d’autres conditions inéluctables.

– Secundo, la réussite du programme TPE/PME ne peut se faire sans l’assistance de la CGEM, des chambres de commerce et professionnelles, le secteur bancaire et l’OFPPT.

Dans cette optique et pour mémoire, l’OFPPT a tenté de lancer des projets ambitieux comme les stages d’insertion en collaboration avec la CGEM qui restèrent sans suite.
Le Hic majeur vient de l’absence de cohérence et de synergie entre les différentes instances impliquées dans l’octroi du crédit. D’une part, les banques ont leurs contraintes et ne peuvent faire de l’aumône et la miséricorde, le CNJA se contentait de sa sphère consultative et n’avait pas de pouvoir décisionnel, les entreprises elles-mêmes cherchèrent plus à survivre qu’à former des jeunes.

Aussi, les couches sociales ciblées n’ont bénéficié ni de l’information nécessaire, ni de la formation suffisante pour s’engager et mener à bien leur projet.

 

En matière d’entreprenariat, la priorité doit résider dans la motivation, la qualité et la faisabilité du projet. Les institutions publiques dédiées, les banques, la CGEM, les conseillers privés, les ONG, les Autorités, l’Université et le réseau de la formation professionnelle doivent de concert s’investir en repérant les talents prometteurs et les projets à fort potentiel.

A ce titre, toute mesure n’est susceptible de produire des effets spécifiques sur l’emploi des jeunes diplômés que si elle est appuyée et soutenue par d’autres mesures préconisées dans le cadre d’une cohérence à portée plus générale. Dit autrement, l’insertion des diplômés implique une série d’actions synergiques propices au système d’éducation et de formation d’une part, et au système productif d’autre part, c’est à dire à l’environnement social et économique de l’emploi.

C’est à ce niveau vital que le pointeur du nouveau programme de financement TPE-PME, lancé par le Sultan Marocain devrait être recadré.

– Tertio, la mise en place des critères d’écrémage et d’éclectisme rigoureux, transparents, objectifs et impartiaux : Comme dit la maxime française  » Qui ne risque rien, n’a rien », il va sans dire qu’un taux d’échec judicieux est incontournable. De ce fait, les projets innovants et ambitieux, sont même sous-tendus par des taux de risque élevés, c’est pourquoi, le risque d’échec ne doit dissuader ni le bailleur de fond, ni le détenteur de projet.

Il en résulte, une mise en place d’un mode de sélection des acquéreurs des projets qui doit être étayé sur des critères rationnels, transparents écarté de tout esprit de favoritisme et de népotisme.

–  Quarto, une mobilisation optimale des ordonnateurs, des décideurs et des donneurs d’ordre :

Le rôle du climat de l’investissement, le milieu des affaires et du business est interpellé à s’assembler et à se mobiliser en faveur de cet appel Royal de bonnes augures. A cet égard, une véritable synergie des donneurs d’ordres doit se mettre en place en vue de lever toutes les entraves à la réussite de cette initiative. Le réseau bancaire doit offrir des produits et services adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs ainsi que l’accueil, la gestion, le suivi et la promotion nécessaire des détenteurs de projets. Avouons le, le vrai sujet n’est pas l’argent ou le décaissement du crédit, mais l’assistance des jeunes entrepreneurs. Ainsi, l’accompagnement sera décisif dans la viabilité du programme et sera un des facteurs déterminants dans la compétition entre banques et révélera, par ricochet, qui , parmi les banques Marocaines, sont les mieux armées pour la clientèle entreprise.

Sous cet angle, les Centres Régionaux de l’Investissement CRI selon leur nouvelle mouture auront à jouer un rôle crucial pour faire aboutir cette mission. Cela permettra de libérer les énergies de la jouvence Marocaine et transformera leur ambition entrepreneuriale en donnant une impulsion et dynamique forte à notre projet de développement national. Ce plan Royal intervient à point nommé puisqu’il s’inscrit pleinement dans un contexte de mûrissement stratégique qui nécessite d’agir sur des questions structurantes et à fort impact économique et sociale.

– Quinto, le Suivi post-financement en aval à travers les stratégies de distribution et de l’accès aux marchés :

Les TPE sont très peu expérimentés et ne connaissent pas les grandes dédales et labyrinthes des canaux de distribution. De ce fait, l’accès aux débouchées est un maillon incontournable qui permettra de reproduire et pérenniser le système des TPE et montrerait la bonne foi du pouvoir économique. En 2019, l’argentier du Royaume a élaboré un arrêté ministériel qui ouvrira aux coopératives et aux entrepreneurs l’accès aux marchés publics. On ne peut que révérer cette initiative porteuse d’espoir  pour le jeune milieu des affaires.

–  Ultimo, favoriser l’émergence d’une classe moyenne agricole :

Pour y parvenir, le Maroc mise sur un plan intégré d’accompagnement, basé sur des crédits à taux de crédits historiquement bas, plafonnés à 1,75% pour les bénéficiaires en zone rurale, et à 2% en milieu urbain, c’est une première dans le pays où l’oisiveté  touche plus de 26% chez les jeunes de 15-36 ans. Ceci passe aussi par les réductions des inégalités, la promotion  de l’emploi rural, l’accompagnement de l’entreprenariat individuel et de la petite et moyenne entreprise agricole Baptisé « Al Moustatmir Al Qaraoui », la coordination des actions d’appui et d’accompagnement de l’entrepreneuriat au niveau des régions et l’inclusion financière des populations rurales qui sont autant de sentiers pour créer de la valeur, individuelle et collective, et par ce biais, élever le revenu national.

Les crédits consentis selon leur répartition sectorielle et territoriale devront faire l’objet d’un monitoring régulier. Idem, un intérêt régulier doit être accordé aux dossiers qui n’ont pas bénéficié d’un accord positif  pour cerner les mobiles derrière le refus des crédits et y apporter éventuellement les réponses appropriées en matière d’accompagnement.

 

L’émergence d’un tissu de TPE compétitives présupposeraient d’agir sur le cycle de développement, de croissance et de maturation de ce chaînon de la maille de notre système productif. Des actions vigoureuses et créatives seront impératives pour développer des niches à fort potentiel, renforcer les capacités d’anticipation et surtout assurer une insertion réussie dans les chaines de valeur locales pour tirer profit des effets d’entrainement et des « positive-spillover-effects » des grands pouvoirs économiques. Cela suppose d’inscrire notre stratégie de développement et d’émergences des TPE en étroite cohérence avec les autres stratégies sectorielles des grands groupes. Sachant que notre tissu productif est formé de 95% de TPE qui ont une forte contribution de création d’emploi, elles repêcheront, in fine, à la création durable de la richesse, la lutte contre la pauvreté, à l’amélioration du niveau de vie et partant à l’inclusion sociale et au bien être Marocain.

 

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