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Vers un Conseil National des Statistiques au Maroc : Jeter le bébé avec l’eau du bain

by Mustapha Maghriti

Le 27 Mai dernier, le Conseil du Team Benkirane s’est réuni pour discuter d’un projet de loi portant création du Conseil National des Statistiques (CNS) et ce dans le dessein de réformer le régime statistique national.Le Motif sous-jacent invoqué est l’incapacité des institutions de statistiques actuelles à suivre les évolutions internationales pour l’élaboration de statistiques exactes.Pour ce faire, une commission interministérielle a été constituée pour élaborer ce projet de loi qui permettra de développer la méthodologie des études statistiques selon les normes internationales et qui sera doté d’une indépendance en matière de recherches scientifiques et veillera au respect des différentes composantes et méthodes à même d’obtenir des statistiques fiables. Aussi, l’institution prévue par le projet de loi aura pour tâche de superviser les différentes opérations de statistiques qui se font au niveau national et de supputer leur qualité.Dans le viseur du Gouvernement Ahmed Lahlimi, ancien Ministre USFPéiste, aujourd’hui patron du Haut-commissariat au Plan HCP (www.hcp.ma) qui, de par sa boule de cristal et ses prévisions économiques, semble chiffonner et dépiter le Gouvernement en disconvenant ses prophéties statistiques, notamment en terme de taux de dynamique économique : Qui ne se rappelle pas de la fameuse querelle qui avait opposé le Gouvernement Benkirane au HCP au sujet du taux de croissance de l’économie marocaine durant l’année 2014 ? Dans ses conjectures, le HCP avait affirmé que le taux de croissance pour l’année 2014 ne dépassera guère les 2,5% au moment où le Gouvernement Benkirane via la loi des finances 2014 avait tablé sur un taux de 4,2%, soit le double qui nous semble un gap est de taille. Et comme disait le dramaturge et poète français du XVII siècle Pierre Corneille « Le temps est un maître, il règle bien des choses » , la réalité économique a fini par trancher pour donner raison à la boule de cristal de Lahlimi et tort au Gouvernement du PJD dès lors que le taux de croissance réalisé n’a pas dépassé les 2,2%, soit la moitié de ce qui a été prévu par le Gouvernement barbu. L’édification du Conseil National des Statistiques (CNS) n’est autre qu’un écran de fumée qui dissimule une rixe qui opposait le Team Benkirane aux prédictions du département de Lahlimi, il n’est autre qu’un conseil que se veut tisser le Gouvernement pour plier la réalité économique têtue aux caprices de Benkirane. Nous avons appris en macroéconomie que ce sont les modèles économiques qui se plient à la réalité économique et non pas le contraire. Nous aurons ainsi un Conseil National des Statistiques en sus de :
– Primo, le HCP d’Ahmed Lahlimi qui a pris le relai du défunt Ministère des Prévisions Économiques et du Plan que pilotait l’Istiqlalien Abdelhamid Aouad. A titre de rappel, le HCP est le principal producteur de l’information statistique, démographique, économique et social. Erigé en septembre 2003, en administration de mission, le HCP jouit d’une indépendance institutionnelle et intellectuelle dans l’établissement de ses programmes et la conduite de ses travaux d’enquêtes et d’études.
– Secundo, le Fameux Institut National des Statistiques et d’Économie Appliquées INSEA (www.insea.ma) que conduit le statisticien Abdesselam Fazouane pur produit de l’INSEA. 

– Tertio, la fameuse Direction des Études et des Prévisions Financières DEPF  www.finances.gov.ma/depf/SitePages/depf.htm que chapeaute Mohamed Chafiki depuis 2004, ancien chef de cabinet de l’ancien argentier du Royaume Fathallah Oualalou et professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté de Droit Rabat-Agdal.

A eux seuls, ces 3 départements attestent fort bien que le Maroc est bel et bien pourvu en institutions statistiques et qu’il ne faut pas chercher à réinventer la roue. Les raisons du grand hiatus qui existe souvent entre prévisions et résultats économiques sont à fourrager en dehors de la sphère des institutions statistiques : Elles résident entre autres dans les contraintes que subissent les politiques économiques, contraintes distillées par les effets pervers de la mondialisation de l’économie : les stratégies des firmes multinationales peuvent perturber les politiques industrielles et d’emploi des pouvoirs publics à l’instar des délocalisations, la politique monétaire peut être contrée par les mouvements internationaux des capitaux, La contrainte liée à l’endettement public peut aussi réduire les marges de manœuvre budgétaire de l’État.Aussi, l’interstice qui se creuse entre pronostics et réalisations peut être imputé à la soutenabilité de la dette, à l’effet d’éviction, à l’effet boule de neige, aux « fuites » dans une économie ouverte et extravertie comme l’économie Marocaine ou dans l’incompatibilité des objectifs de la politique économique connu communément par le fameux triangle d’incompatibilité de Mundell.In fine, créer un tel conseil national de statistique : c’est jeter le bébé avec l’eau du bain !!!

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