
L’économie mondiale qui a déjà du mal à se relever de deux longues années de pandémie affronte un nouveau typhon économique, social et politique d’une planète encore en rémission du covid-19.
Isolément et abstraction faite des causes et des dessous stratégiques et géopolitiques de l’invasion russe, la crise de l’Ukraine vient confirmer encore une fois l’extrême vulnérabilité d’une économie planétaire devenue globalisée à outrance.
La crise de l’Ukraine fait tâche d’huile en impactant l’économie mondiale : Après la crise de gaz que connaît assurément l’Europe, elle est ressentie par l’économie Marocaine au vu de l’ampleur des échanges commerciaux avec Kiev (blé, céréales, fer, acier …).
“La guerre en Ukraine risque de briser l’élan de la reprise mondiale. Elle devrait amputer la croissance mondiale d’environ 1 point de pourcentage», circonstancie la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement CNUCED dans un nouveau rapport publié à Genève. Sous cette optique, les perspectives de l’économie mondiale s’s’enveniment vélocement, sous l’effet de l’embrasement des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais, de la turbulence financière, de la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales et de l’envolée des coûts commerciaux, notamment ceux du fret maritime, discerne la CNUCED. Ce sont là autant d’entrechoquement qui affligent les acquis du rebond après la pandémie de COVID-19 et assomment les sentiers du développement durable.
En sus, la guerre entre la Russie et l’Ukraine provoquerait une « augmentation mondiale de la malnutrition et de la famine », ce qui empirerait davantage la situation singulièrement alarmiste dans l’Afrique Subsaharienne et les pays les moins avancés ; pays où le taux de famine ont chaviré au cours des dernières années ; pays où éclosent de nombreuses alarmes et alertes, nommément au sujet des marchés de matières premières, des denrées alimentaires et des carburants.
Ces crises intenses sont imputables au fait que l’Ukraine et la Russie sont des protagonistes internationaux sur les débouchés agroalimentaires, représentant plus de la moitié du commerce mondial d’huile et de graines de tournesol et plus de 27% du blé.
Cette situation est critique pour les pays Africains : Plus de 25 pays Africains, dont de nombreux pays les moins avancés, importent plus 33% de leur blé émanant des deux pays en guerre. Pour 15 d’entre eux, la part importée est supérieure à la moitié.
Les pénuries alimentaires sont, donc, patentes et tangibles. Tous les pays y sont confrontés, y compris notre pays : le Maroc subira de plein fouet la crise entre la Russie et l’Ukraine, et que cela pourrait même coûter 2% du PIB selon une récente étude du think tank Policy Center for the New South

Si au niveau mondial, tous les pays sont concernés, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont particulièrement vulnérables à la hausse des prix alimentaires, selon le Programme Alimentaire Mondial PAM. L’Egypte est notamment parmi les pays les plus menacés de famine dans les mois à venir.
Ce pays est tributaire à 80% des céréales russes et ukrainiennes. Le Liban importe environ plus de 50% de son blé d’Ukraine, indique l’organisation. Pour la Tunisie, ce taux est de 42% et pour le Yémen de 22%.
Toujours selon le PAM, les prix des denrées alimentaires dans le monde entier sont déjà à un niveau record, et les acheteurs qui doivent faire le tour des marchés pour remplacer le blé ukrainien paieraient encore plus cher
La Russie a déjà réduit ses exportations de blé et de maïs, et le ministre ukrainien de l’Agriculture a déclaré le 22 mars 2022 que la récolte de ce printemps pourrait être inférieure de moitié aux prévisions d’avant-guerre. L’Ukraine a suspendu ses exportations de viande, de bétail, de sel, de sucre, de sarrasin, d’avoine, de millet et de seigle.
Cette bouffée des prix des denrées alimentaires et des carburants imputera les pays les plus vulnérables, en serrant l’étau sur les ménages les plus démunis qui affectent la part la plus importante de leurs dépenses à l’alimentation.
Bien avant le rapport de la CNUCED, la faim dans le monde a alerté l’agence des Nations Unies pour l’Agriculture et l’alimentation (FAO) dans un rapport récent sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde établi conjointement par avec le concours de quatre organismes de l’ONU (le Fonds international de développement agricole (FIDA),l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Selon les calculs de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement CNUCED, en moyenne, plus de 5% du panier d’importation des pays les plus pauvres, et 1% du panier pour les pays plus riches est composé de produits susceptibles de subir une hausse de prix en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Aussi, le risque de troubles civils, de pénuries alimentaires et de récessions induites par l’inflation ne peut être écarté, dénote les auteurs du rapport de la CNUCED, eu égard à la vulnérabilité de l’économie mondiale.
Plus que jamais, aujourd’hui, nous avons besoin d’une rupture avec les choix passés afin de mettre l’agriculture et l’alimentation au centre pour mettre fin à l’outrage de la faim et de l’insécurité alimentaire dans notre planète qui tue plus de personnes que le sida, la tuberculose et le paludisme.
Ces stratégies passent inlassablement par une réorientation des systèmes agricoles visant à privilégier le développement durable ; stratégies où les organismes humanitaires ont un rôle à jouer en œuvrant pour promouvoir une agriculture durable, pour instaurer des mesures visant à élargir l’accès à la nourriture pour tous, pour améliorer l’économie locale et contribuer à la sécurité alimentaire. Il faudrait toutefois qu’un cadre politique, de gouvernance mondiale crée un environnement favorable en encourageant la paix, la stabilité macroéconomique et en définissant les domaines prioritaires d’un programme de lutte contre la faim.
Avouons-le, en guise de conclusion, la faim dans le monde n’est pas une fatalité, les thèses malthusiennes et néo-malthusiennes sont fausses et battues en brèche, les ressources naturelles sont suffisantes depuis la création de la planète. Pour preuve, DIEU dans Sourate FUSSILAT verset 9 et 10 dit “Renierez-vous [l’existence] de celui qui a créé la terre en deux jours et LUI donnerez-vous des égaux ? Tel est le SEIGNEUR de l’univers, c’est LUI qui a fermement fixé des montagnes au-dessus d’elle, l’a bénie et lui assigna ses ressources alimentaires en quatre jours d’égale durée. [Telle est la réponse] à ceux qui t’interrogent.”

Le droit à l’alimentation pour tous est une revendication légitime où chacun a son rôle à jouer, des ONG aux pouvoirs politiques sans occulter chacun d’entre nous qui à sa façon, ses propres moyens, peut contribuer à cette lutte par un don, une offre de bénévolat, un effort pour préserver les potentialités de la nature. Le droit à l’alimentation est un droit de naissance pour tout être humain.
Nelson Mandela n’a-t-il pas argué que “La pauvreté n’est pas un accident comme l’esclavage et l’Apartheid, elle a été faite par l’Homme et elle peut être supprimé par des actions communes de l’humanité” ??