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Une économie internationale plus juste, plus égalitaire et plus humaine est-elle possible ?

by Mustapha Maghriti

Dans son roman de 530 pages » la 3éme guerre » politiquement et économiquement documenté sur les nuisances et les dégâts du néolibéralisme et sur l’histoire des mouvements sociaux et les altermondialistes, paru aux Éditions Hélène Jacob en Septembre 2014, Stéphanie Aten, romancière et scénariste française , met en scène, dans cette dystopie, deux principaux goulags qui se vouent une lutte sans pitié : d’une part les despotismes néolibérales, incarnant les Firmes Multinationales FMN et les prépotences financières employant une armée de mercenaires, d’autre part les fougues et les exaltations altermondialistes armées par leurs réseaux numériques et de leur détermination à faire remanier le monde. C’est un bras de fer et un rapport de force crucial pour le monde et son « lamarckisme » : Les Elites contre leurs populations.
Le titre a été minutieusement choisi par l’auteure pour trois raisons : 

– Primo, parce que certes, nous sommes bel et bien en guerre : chaque année, le capitalisme outrancier immole plus d’individus que la seconde guerre mondiale en six ans, et engendre des dégâts environnementaux dorénavant funestes où nous sommes aux prises avec une mentalité, une version de civilisation et une dialectique qui fait opposer la vie à la mort, la construction à la destruction, la pérennité à la dégénérescence. 

– Secundo, l’auteure a évité d’utiliser l’épithète « mondiale » qui, selon elle, est galvaudée et superflu et parce que cela risquait de donner au livre une connotation qui n’était pas la sienne : guerre nucléaire, faits d’armes, jugement dernier…..etc. 

– Tertio, le combat livré est bien celui de l’organisation citoyenne baptisée « 3 », chiffre dont le figuratif est très fort dans quasiment toutes les religions et les cultures. Il met tout le monde d’accord et n’aspire qu’à deux choses : L’union et l’équilibre. 

Ce roman cible les personnes déjà mobilisées et informées (altermondialistes, associatifs, militants …) et touche aussi le grand public en dépit de son empreinte très politique : 

– Les premiers maîtrisent déjà une grande partie des informations qui s’y trouvent, en revanche, ils ont besoin d’être nourris et exhortés, car cette tauromachie est extrêmement énergivore, et peut, à certains égards, paraître désespérante. Ce récit balise des pistes de solutions et suggère une ramification globale des forces en présence. Il apporte sa petite pierre à l’édifice altermondialiste pour le raffermir toujours davantage. 

– Quant au grand public, lymphatique pour le moment, il est visé lui aussi : vulgariser l’information, l’intégrer à une fiction, permet d’entraîner le lecteur dans une réflexion personnelle indolore et non rébarbative. 

Plus apostrophes nous taraudent l’esprit après avoir lu ce roman : Est-ce le revirement de l’agent secret, mercenaire de l’armée privée internationale, le PAREM ? Est-ce la prouesse des altermondialistes sur les serpentaires de la finance internationale et du capitalisme ? Est-ce la mission jouée par Internet dans cette conquête ? 

Le plus effarant, nous semble t-il, est dans la mise en scène de ces altermondialistes qui révèlent collectivement et durablement leur capacité d’altruisme, d’empathie, de solidarité, de compassion, de clémence ; et pour lesquels ces qualités sont la condition sine qua non pour combattre efficacement les siphonneux et métamorphoser le monde. Les personnages d’exception qui dirigent le mouvement altermondialiste, portent l’humanisme à son apoastre, abandonnant leurs penchants matériels, pour devenir d’authentiques humains. 

Du Bangladesh au Brésil, de Genève à Jérusalem, la romancière Stéphanie Aten, nous livre une fiction qui parle de notre présent et de nous en tant qu’être humain. Rédigé avec l’appui d’un ex-agent gouvernemental, fortement documenté, « La 3ème guerre » vacille entre roman d’espionnage et drame historique, et porte le souffle épique de notre Présent où l’auteure utilisa la fiction pour générer des émotions, qui entraînent elles-mêmes une réflexion. 

A mi-chemin entre la fiction et l’enquête, le roman vise à faire prendre conscience aux lecteurs qu’un autre monde plus juste, plus égalitaire et plus humain, plus philanthrope est possible, où les valeurs humanistes, sociales et écologiques trônent sur le capitalisme dominant. 

La force de l’auteure réside dans le fait d’avoir montré comment peuvent s’articuler les choix de vie personnels et les engagements politiques, en postulant que la synergie des deux vecteurs est une condition d’efficacité. En substance, l’auteure met en exergue le caractère exceptionnel d’une telle cohérence, et dessine ainsi une critique discrète mais éloquente, de l’anémie des mouvements sociaux, trop souvent minés par les combats d’égo ou les conflits de pouvoir personnel. 

« La 3éme guerre » n’est que le premier volet d’une trilogie. Chacun des trois récits sera porté par des héros différents, qui n’auront pas de connexité entre eux mais avec un dénominateur commun : le changement, La révolution, la remise en question de l’ordre établi. 

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