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Quels challenges de l’économie Marocaine en 2017 ?

by Mustapha Maghriti

Nous sommes déjà à l’orée du Mois de Janvier 2017, quel bilan de l’année 2016 peut-on faire de la situation économique, financière et sociale de l’économie Marocaine ? 
L’année 2016 a été économiquement acariâtre et tumultueuse. La croissance économique est restée atone gravitant dans l’orbite du chiffre rachitique de 1,1% en 2016 contre 4,5% en 2015. L’ investissement était flemmard et en net ralentissement depuis 2010 selon les dires même du patron du Haut commissariat au plan HCP. Aussi, cette année a été jalonnée surtout par la montée de grandes distorsions macroéconomiques qui sont à l’origine d’une augmentation de l’endettement et du déficit commercial. 
En effet, en tenant compte de la dette intérieure garantie, qui s’est établie à 21,2 Milliards de DH, la dette publique du Maroc caracole à quelque 828,3 Milliards de DH, soit environ 81,8% du PIB pour 2016, après 59,4% en 2010 marquant un accroissement de plus de 22 points du pourcentage du PIB.
Concernant le poste des échanges commerciaux, le déficit de la balance commerciale renoua avec la hausse, puisque, selon les derniers chiffres de l’Office de Change, il s’est creusé de 25,3 Milliards de DH, s’établissant ainsi à 184 Milliards de DH avec une dégringolade du taux de couverture des importations par les exportations qui a chuté de 58,7% à 55%.

Nous affrontons ainsi une situation économique escarpée et à laquelle il faut trouver des répliques économiques rationnelles urgentes. Notre pays a entamé une transition politique majeure avec la nouvelle constitution de 2011 qui en fait un exemple dans le monde arabe connu sous le nom de l’exception Marocaine. Nous avons franchi des étapes importantes sur cette voie de démocratie. Toutefois, la transition économique est toujours en panne. Cette entretoise se situe à un double niveau : macroéconomique avec une forte vétusté des grands équilibres et structurelle avec la difficulté de passer à un nouveau mode de développement. Cet état économique explique la situation sociale épineuse marquée par un niveau de chômage assez élevé et des situations sociales difficiles, singulièrement dans les régions désenclavées. 
En outre, il convient de noter trois développements importants durant l’année 2016 :
– Le premier concerne l’adoption du nouveau plan d’investissement qui était en discussion depuis de longues années. Cette réforme, qui a été présidée par le Souverain Marocain le 4 Juillet 2016 au palais Royal de Casablanca, s’articule autour du recalibrage de la charte de l’investissement, la redéfinition de son contenu, l’adoption de nouvelles mesures de soutien et d’incitation à l’investissement. 

Les textes d’application doit être finalisés pour préciser les conditions d’application. A ce niveau, il convient de souligner qu’il reste encore du travail à accomplir, notamment du point de vue institutionnel avec un foisonnement d’institutions de promotion de l’investissement dont l’action n’est toujours pas coordonnée, notamment avec l’Agence Marocaine de développement des investissements AMDI, Maroc-export et l’Office des Foires et Expositions de Casablanca O.F.E.C. A cet égard, le nouveau plan d’investissement vise la restructuration des organes de promotion de l’investissement à travers une agence unique qui fusionnera l’AMDI, l’OFEC et Maroc Export et qui mettront en commun leurs moyens humains et financiers pour servir le Maroc en matière de promotion des investissements et d’encouragement de l’offre exportable. Dans ces institutions, nous pensons qu’il faut réfléchir à engager des acteurs économiques émanant du secteur privé afin de les rapprocher des préoccupations des entreprises.
– L’autre nouvel événement qui a scruté l’année écoulée est la réussite de la grande Conférence de la COP22 qui s’est déroulée dans la cité ocre Marrakech. Cette conférence a montré la mobilisation de toute la communauté internationale en faveur de notre pays. Il s’agit d’ores et déjà de nous assurer de la concrétisation de ces promesses en de vrais projets d’investissement. A ces deux développements, il faut ajouter la nette stabilité du Maroc au regard des troubles et remous politiques que connait l’arène mondiale et régionale et qui devrait exhorter les investissements et permettre au secteur touristique de booster davantage ses activités. L’année 2016, somme toute, a été mitigée : D’un côté, des difficultés à faire redémarrer la machine économique et, de l’autre, des promesses importantes en notre faveur. C’est à nous de capitaliser ces promesses pour les concrétiser en projets porteur d’investissement, de croissance et d’emploi.

Qu’en est-t-il , dans cette chronique, des perspectives d’avenir pour l’année 2017 ? 
L’année 2017 doit être celle du redressement économique : Le tissu économique et social Marocain ne peut continuer avec une situation économique taciturne, une croissance économique cacochyme et un fort obscurcissement des grands équilibres économiques. L’investissement doit aussi sortir de l’attentisme. A notre avis, nous devons cibler la flèche autour de trois points de mire : 
-La première, essentielle et incontournable, est celle du rétablissement de nos comptes publics et de nos grands équilibres macroéconomiques. Ceci passe par une politique industrielle performante et une politique commerciale offensive qui permettra de renflouer le poste des recettes en devises pour désamorcer la crise de la dette et de réserves de changes surtout que le Maroc ambitionne de bifurquer vers un régime de change flottant.
-Le deuxième défi inéluctable concerne le retour de l’investissement et la sortie des investisseurs de leur finasserie. Cette reprise est fondamentale dans la mesure où elle relancera la croissance et l’emploi. C’est à l’Etat et aux investissements publics de rompre cet attentisme et de baliser le terrain en termes d’investissements productifs qui serviront de signaux aux acteurs économiques et d’accélérer la sortie du tunnel. A ce titre, il est à signaler que le Maroc entama l’année 2017 sans loi de finances ; L’Etat fonctionna sur la base des décrets de dépenses et de recettes pris au cours du Conseil de gouvernement du 15 décembre 2016. C’est dire que l’année commenca sous le signe de la continuité, dans une large mesure, avec la politique du gouvernement sortant en matière économique. A cet égard, un Budget Général de l’Etat BGE ne permet-il pas de porter un regard sur la pertinence des choix et arbitrages présentés par le gouvernement en matière budgétaire et fiscale à court terme. N’offre-t-il pas aussi et surtout un moment privilégié pour s’interroger sur la cohérence de ces choix avec la stratégie de développement suivie sur le moyen et le long termes ?

– Le troisième enjeu est d’ordre structurel et concerne le développement d’une véritable stratégie de développement industriel. Nous croyons qu’un angle d’attaque serait de structurer une nouvelle stratégie de transformation structurelle autour des secteurs porteurs qui se développent dans notre pays comme les composants automobiles, l’industrie aéronautique sans pour autant occulter les secteurs classiques, à l’instar de l’agroalimentaire ou le textile. A ce niveau, l’une des priorités est de connecter les pôles de prodcuction aux pôles de commercialisation et d’exportation et de permettre la mise en œuvre réussie des différentes stratégies sectorielles.
– Le quatrième challenge pour lequel nous devons œuvrer est un changement d’attitude de notre administration à l’égard du secteur privé. Il est impératif que la mécanique administrative se mette réellement au service du secteur privé et de son développement. Sur ce sujet, dans son discours du 14 Octobre 2016, le Souverain Marocain n’a-t-il pas mis les pleines phares sur les diverses entraves auxquelles butent les acteurs économiques nonobstant la création des centres régionaux d’investissement CRI et l’utilisation du guichet unique pour fluidifier les procédures et accélérer le processus décisionnel relatif à l’acte d’investir ? L’efficacité administrative est un critère à l’aune duquel se mesure le progrès des nations, le Maroc ne sera en mesure de rejoindre le peloton de tête dans les classements mondiaux que s’il remplit les critères de l’efficience administrative, véritable locomotive de développement et de promotion de l’investissement. 

En substance, l’année 2017 doit être celle du redressement économique, et de faire du rétablissement des grands équilibres macroéconomiques, de la relance de l’investissement et de la croissance et de la transformation structurelle de notre économie ses grandes précellences. Nous pensons que notre pays a le potentiel de devenir un pôle d’émergence économique dans la région MENA comme beaucoup d’autres pays de petite taille comme Singapour. Pour cela, nous devons disposer d’une vision et d’un projet économique et social clair, capable de mobiliser et militariser les forces économiques et sociales de notre pays. 

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