Home Non classé Quelle Stratégie de Gouvernance Nationale de lutte contre le Covid-19 au Maroc ? Quelles sont les grandes priorités ?

Quelle Stratégie de Gouvernance Nationale de lutte contre le Covid-19 au Maroc ? Quelles sont les grandes priorités ?

by Mustapha Maghriti
D’emblée et en guise de prologue, la crise du Covid-19 ne constitue-t-elle pas le plus important challenge que les politiques publiques ont eu à « manager » depuis l’indépendance dans notre patrie ? Historiquement et rétrospectivement, aucune crise économique, politique ou sanitaire n’a eu les corollaires dirimants et ravageurs que nous sommes en train de traverser aujourd’hui.

 

Le défi posé par cette pandémie du Corona est d’autant plus d’actualité que le Maroc vit une phase difficile et complexe : Si le Maroc a connu d’importantes avancées sur la voie de la mise en place d’une nouvelle expérience démocratique connue sous l’Exception Marocaine et réussissant le Printemps Arabe, les transitions économiques et sociales achoppent devant de grandes embarras et notre pays peine à définir un nouveau modèle de développement économique et à mettre en place un nouveau contrat social. Ces difficultés sont venues grever sur les effets déprédateurs de cette pandémie du Covid-19.

 

Les répliques des institutions officielles n’ont pas tardé à se mettre en place : Sans balbutiement, les stratégies et la réactivité des autorités de l’exécutif Marocain n’a pas tardé à rétorquer en embrassant les dimensions économiques, sociales et sanitaires de la crise.

 

De notre point de vue, ces réponses doivent continuer à s’inscrire dans une stratégie globale en cherchant à extirper la pandémie et prémunir les citoyens Marocains et les acteurs économiques. A cet égard, au moins, trois priorités nous semblent incontournables :
1- La première des urgences dans la lutte contre le Covid-19 concerne l’arrêt de la transmission du virus. La réponse et la réactivité de notre pays a été rapide indépendamment de l’évolution de la pandémie et des expériences des autres pays (chose qu’il faut saluer). C’est ainsi qu’on est passé d’une stratégie de confinement limité à l’état d’urgence sanitaire décrété le 20 Mars jusqu’au lundi 20 avril 2020 et qui vient d’être prororgé d’un Mois, soit jusqu’au 20 Mai 2020 suite au conseil du Gouvernement du 18 Avril 2020.
Or, les autorités publiques éprouvent encore de grandes difficultés à faire respecter le confinement (plus de 25.000 arrestations pour non-respect des mesures de l’état d’urgence sanitaire selon la DGSN et la présidence du Minstère Public) pour plusieurs raisons qui ne sont pas toutes liées à un manque de conscience de la part des citoyens. Il faut aussi mentionner toute cette population exclue du modèle de développement, qui vit au jour le jour et qui ne peut survivre à un confinement aussi strict.

 

Ces mesures sont incontournables au vu de la progression de la pandémie et des mutations inquiétantes du virus dans le monde et qui rendent sa maîtrise encore plus difficile.
Ces mesures ont été rapidement renforcées par une mesure importante à savoir le port des masques à partir du 7 Avril 2020. A cet égard, Pour garantir ces masques en quantités suffisantes et dans le cadre de la mise en œuvre des instructions Royales, les autorités ont mobilisé un ensemble d’industriels nationaux pour les produire, de même que leur prix de vente a été fixé à 80 centimes l’unité et ce, avec le soutien du Fonds spécial Covid-19.

 

Tous nos efforts doivent converger vers la réalisation de ces deux objectifs majeurs pour favoriser une maîtrise rapide de la progression du virus. Sur ce registre, les mesures proactives sous hautes instructions Royales ont permis d’éviter le pire et de mettre la pandémie sous contôle au Maroc avait déclaré le Ministre de la Santé dimanche 19 Avril 2020. Ce sont ces mesures qui doivent être renforcées et valorisées ; elles sont des conditions sine qua non pour envisager un début de déconfinement.

 

2- La seconde priorité, c’est soutenir : Dans cette conjoncture mélancolique, l’Etat Keynésien est revenu sur le marbre de l’actualité, l’Etat qui est l’expression de la volonté du vivre en commun doit déployer des efforts laborieux dans la protection et la sécurité des citoyens et des acteurs économiques. A ce titre, toute une batterie de mesures ont été prises par le Gouvernement Marocain. Banque Al-Maghreb n’est pas en reste ; elle a également mis en place des mesures éminentes et « philanthropiques » qui couvrent les acteurs économiques en épaulant les entreprises à faire face à une caverneuse crise de liquidité et ce en différant moult échéances fiscales ou sociales.

 

Notre chère Patrie a été intelligente en manipulant le levier monétaire ; les mesures budgétaires ont besoin d’un temps de conception ; une réponse par le budget exige un mécanisme de validation, un vote au parlement… L’éxecutif a donc commencé par la politique monétaire, car elle reste plus flexible dans les situations d’urgence. Elle concerne également un rapport direct entre banques et entreprises en traitant un problème réel et urgent : celui de la trésorerie.
Aussi, Bank Al Maghreb a pris un certain nombre d’initiatives en abaissant son taux directeur et en ouvrant la possibilité à un refinancement beaucoup plus large. Toutefois, il faut désormais inciter les banques à transmettre ces orientations à la sphère de l’économie réelle. Il faut de la veille et de la surveillance. En situation de crise, la banque centrale doit être beaucoup plus vigilante que par le passé.

 

Ces mesures altruistes ont également comporté les ménages avec des aides sociales pour les couches les plus défavorisées et les plus touchées Ramedistes et non Ramedistes où c’est la première fois qu’on utilise le transfert monétaire en tant que revenu d’assistance.
Toutefois, il est important de souligner deux points essentiels :

 

 

– La base de données, créée pour donner corps au RAMED souffre certes d’un certain nombre d’insuffisances, de déperditions, des fuites qui se matérialisent par effets secondaires négatifs : Des personnes qui bénéficient de transferts sans les mériter, et d’autres qui les méritent mais qui n’en bénéficient pas qui se comprend et se justifie par le choc de l’urgence où il a fallait très vite. Ce biais, les autorités en ont pris conscience et c’est pour cela qu’un autre soutien à l’adresse des non Ramedistes a été mise en place en attendant la mise en place du Registre social unique, qui est dans l’agenda politique.
Si ces mesures étaient nécessaires et importantes, elles ont été marquées par l’urgence et l’approche de court terme ne doit prédominer ( certes, le choc et l’urgence de cette question nous imposaient de réagir pour aller très vite dans la solidarité). Or aujourd’hui, il est clair que ce virus continuera à affliger notre Patrie pour des mois. Il est important de réfléchir sur les moyens de transformer ces formes de protection et d’aides pour les acteurs économiques et les citoyens et les rendre plus durables.

 

– La troisième priorité, c’est de relancer : Le Souverain Marocain et la patrie sont persuadés que nous parviendrons à maîtriser cette pandémie. De ce fait, Il faudra avoir une vision de moyen et long terme dès maintenant en commençant à prévoir et planifier l’après avec le Must de renouveler nos modes de vie et notre contrat social.

A ce titre, nous devons entamer notre réflexion dès aujourd’hui sur trois questions essentielles :

– La première concerne le regain impérieux de l’apostrophe sociale et la nécessité de redéfinir nos priorités sociales et sociétales. Sous cette optique, une nouvelle vision des secteurs de la santé, de l’éducation et des mécanismes de solidarité sociale doit être au cœur de nos urgences. Cette priorité doit commencer sur la base des besoins mis en évidence par la pandémie.

 

– La seconde question prioritaire concerne le modèle de développement économique et nos choix stratégiques, notamment dans le domaine industriel. Cette crise a remis à l’ordre du jour la notion de souveraineté et la nécessité de développer et de maîtriser un grand nombre de secteurs stratégiques dont l’industrie pharmaceutique. Il est important aujourd’hui de réfléchir sur les priorités de notre développement et les secteurs stratégiques que nous devons développer.

 

– La troisième question concerne les nouvelles technologies et la numérisation de nos procédures. En dépit des affirmations officielles et des efforts de certaines startups, nous continuons à enregistrer un retard dans le domaine des nouvelles technologies et de la numérisation.

 

En effet, la distribution des aides sociales au cours de cette pandémie et les queues aiguisés par les mesures barrières pour les paiements ont montré ce retard. Il est temps aujourd’hui d’élaborer une véritable stratégie pour rattraper le temps perdu et entrer véritablement dans le monde 4.0.

 

Endiguer, protéger, soutenir et relancer doivent être les grandes priorités et les grandes urgences d’une stratégie de gouvernance nationale de lutte contre le Covid-19. Avec les orientations Royales et la solidarité crops et âme entre les Marcoains, nous gagnerons cette bataille.

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