Fin Novembre, c’est le black Friday connu par tout dans le monde par une Frénésie d’achat liée à des soldes et des rabais commerciaux ; il marque comme à l’accoutumé le coup d’envoi de la période des achats de fin d’année. Idem ce sont les soldes sur les marchés financiers internationaux matérialisés par des taux obligataires très bas, certains sont même négatifs, le Maroc, à travers le Trésor relevant du portefeuille de l’argentier du Royaume, très intelligent et très opportuniste a attendu pratiquement la fin de l’année pour boucler la première des deux emprunts sur le marché financier international par l’émission obligataire d’un Milliard d’Euros sur le marché des capitaux internationaux, sur 12 ans à 1,6%.
Le moment choisi de cet emprunt n’est pas tout fortuit, ce crédit à l’international se parant depuis plusieurs mois: Le Trésor a commencé par dépêcher des banques étrangères pour l’accompagner, notamment, l’anglaise Barclays, et les deux françaises Natixis et BNP Paribas.
Comme on sait, la tâche de ces banques conseil a été de servir de mandataires et d’intermédiaires de l’État marocain, auprès des investisseurs, de régenter l’émetteur sur la maturité, le taux de l’émission et la fenêtre de sortie sur le marché des capitaux tout en tenant compte de l’attitude des devises sur le marché international.
Puis il s’est ensuit le Road Show piloté et chapeauté par le Ministre de l’Économie et des Finances, et son team relevant de la Directrion du Trésor et des Finances Extérieures DTFE.
Ce périple européen a été effectuée à Paris, Zurich, Londres, Francfort, et Amsterdam-La Haye où les missionnaires ont rencontré une soixantaine de gestionnaires de fonds, d’investisseurs, d’assureurs et de représentants de fonds de pension.
Faut-il souligner que cette sortie du Trésor à l’international résulte d’une politique de gestion active de la dette publique puisqu’elle intervient après 5 ans de refinancement sur le marché domestique des capitaux. Et pour cause, le marché Marocain ayant été très liquide et les taux d’intérêt ayant beaucoup diminué, ce qui a permis de restructurer la dette domestique tout en abaissant sa charge.
Le moment choisi pour son comeback à l’international est imputable à l’intérêt de continuer à être côté sur les marchés de capitaux occidentaux. Ceci est d’autant plus opportun que le Maroc bénéficie du FMI une ligne de précaution et de liquidité, LPL, de 2,97 Milliards de Dollars sur deux ans, ce qui représente une assurance contre les risques extrinsèques et pour atténuer la fragilité budgétaire et extérieure, et lui faciliter ses sorties à l’international.
Cependant , la raison la plus judicieuse expliquant le choix du Trésor est l’attrait des niveaux de taux infiniment bas, voire négatifs, sur les marchés de capitaux internationaux. De ce fait, le Maroc a, pour sa part, profité de la conjoncture attractive des taux de la devise Euro et des taux d’intérêts relativement bas qui caractérisent actuellement le marché comparativement avec des pays comme la France et l’Allemagne s’endettant à des taux négatifs et que les investisseurs leur servent un intérêt pour placer leur argent dans leurs bons d’État garantis,
Et de fait, l’émission Marocaine a été très bien agrée et la bienvenue comme l’atteste le taux retenu, de 1,5% avec un spread ou prime de risque de 139,7, établi à partir d’un benchmark RIS qui cote 0,20%. Mais, l’obligation marocaine étant valorisée à 98,2 au lieu de 100, le taux de rémunération effectif de l’opération réhausse à 1,6%.
L’autre axe de cette intervention a été la prouesse commerciale qu’elle a obtenue puisque la demande pour l’émission marocaine a été de 5,3 milliards d’euros provennant de 285 investisseurs, affirmant le crédit et la confiance dont jouit le Maroc auprès des grandes institutions financières internationales.
Et puisque l’appétit vient en mangeant, une apostrophe nous interpelle, pourquoi le Trésor n’a-t-il pas levé plus d’un Milliard d’Euros en réplique à cet engouement ?
Le principal mobile tire sa raison dans le plafond imposé par la Loi de finances 2019, soit 27 Milliards de Dirhams d’endettement extérieur, soit l’équivalent de 2,5 Milliards d’Euros. Et une partie est absorbée avec la BAD, l’AFD et la Banque Mondiale, et l’emprunt arrivant à la fin de l’année 2019, le Trésor devait se cantonner et se contenter au Milliard d’euros offert.
Cet emprunt international d’un Milliard d’Euros qui gravite autour de 11 MMDhs au Trésor va être d’un apport important à financer une loi de finances 2020 jalonnée par une politique budgétaire plus exubérante, avec des des demandes sociales colossales.
Aussi, ce Milliard d’euros consolidera-il le niveau de la réserve en devises qui est de 230 Milliards de dirhams et même de la consolider de 5%, confortant les 5 Mois de couverture assurés par cette dernière. Le Trésor interviendra une nouvelle fois sur le marché international en 2020. Cette opération sera neutre puisqu’il doit rembourser 1 Milliard d’euros emprunté en 2010 puisqu’a-t-on appris en économie, il n’ y a jamais de cadeaux !!!!