
C’est un secret de polichinelle que le standard de vie de la population mondiale s’est dégringolé en raison des effets économiques, financiers et sociaux pervers de la pandémie du Covid19. Rendu public mardi le 8 Septembre 2022 intitulé » Temps incertains, vies bouleversées : Façonner notre avenir dans un monde en mutation », le dernier rapport mondial sur le Développement Humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) corrobore ce que l’humanité ressentait depuis plus de deux chandelles en termes de pauvreté et vulnérabilité économique et sociale.
Faut-il souligner que l’Indice de Développement Humain (IDH) a été créé en réplique aux carences du PIB par habitant, qui ne sonde que la production économique et ne renseigne pas sur le bien-être individuel ou collectif.
Selon les auteurs du rapport du PNUD, pour la première fois depuis trente-deux ans, l’Indice de Développement Humain a mordu la poussière et ce pour deux années successives pour plus de 90 % des pays de la planète et plus de 40% ont vu leur score chuter au cours de ces deux années. Désormais, le développement humain est retombé à ses niveaux de 2016, biffant ainsi une grande partie des prouesses en matière de réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Selon les rapporteurs du PNUD, les raisons de cette dégringolade tiennent aux effets pervers du Covid19: L’immense misère dans le monde a escaladé de 20 % au cours des deux premières années de la pandémie du Covid19.
En effet, entre 2020 et 2022, 110 à 150 Millions de démunis supplémentaires se sont additionnés aux 689 Millions de ceux qui s’efforcent de survivre avec moins de 1,90 Dollar par jour, énumérées en 2018. Aussi, le rebondissement de l’économie mondiale Post-Covid a été fragmentaire et inégale, et moult pays d’Afrique subsaharienne, d’Amérique latine, et d’Asie du Sud ne sont toujours pas remis des séquelles du tumulte économique. En sus, la crise alimentaire résultant du changement climatique, la guerre en Ukraine et l’inflation ont eu des conséquences tragiques sur le pouvoir d’achat des ménages et la pauvreté partout dans le monde.
En outre, l’amplitude des métamorphoses géopolitiques et la pérennité de conflits dans d’autres parties du monde génère de nouvelles souffrances et afflictions humaines dans un contexte géopolitique onduleux et un système multilatéral cadavérique. Les hausses inédites du mercure, les incendies et les tempêtes battent tous les records et sonnent le glas des systèmes planétaires de plus en plus détraqués.
Au regard de ces cataclysmes d’une immensité inédite, aux corollaires durables, dont le sentiment et la perception des enjeux ont progressé, ce sont l’incertitude et l’inquiétude face à l’avenir qui prédominent : La pandémie de la COVID-19 a chamboulé de fond en comble notre conception collective de l’incertitude, car il n’y a pas de mésaventures analogues à la crise CORONAVIRUS au cours du dernier siècle. L’humanité a été sapée par les épidémies de grippe, économiquement le lundi noir, financièrement le jeudi noir de 1929 et la crise financière de 2008.

Le monde a vécu des menaces et des catastrophes qui ont eu des retombés géopolitiques mondiales, régionales ou nationales : Tchernobyl dans les années 80, l’invasion du Koweït par l’Irak durant les années 90, les attentats du 11 septembre 2001, les ouragans et les Tsunamis. Cependant la pandémie de la COVID-19 demeure unique : c’est une crise assurément planétaire avec des contrecoups plus profonds et plus complexes que toute autre crise que les décideurs actuels ont pu observer et/ou subir avec une incertitude totale.
Avant même la pandémie, plus de six personnes sur sept dans le monde ne se sentaient pas en sécurité, en dépit des années d’amélioration des indicateurs habituels de mesure du bien-être. C’est notamment au sein des pays nantis que la hausse de ce sentiment d’insécurité a été la plus marquée.
A l’heure où le raccordement et l’interconnexion de l’économie mondiale et la globalité des enjeux sont plus manifestes que jamais, les auteurs du PNUD expliquent notamment l’incapacité collective à s’attaquer à l’origine des problèmes auxquels nous sommes confrontés par la montée de la polarisation politique, de la frustration à l’égard des dirigeants et de la suspicion où moins de 30 % des personnes à travers le monde pensent que l’on peut faire confiance aux autres.
Face à nos sociétés aux aléas d’un monde plus incertain, ce rapport alarmant ne nous invite-t-il pas à un partage plus large des risques et suggère de déployer de nouvelles assurances collectives, en investissant dans la protection sociale, et en donnant aux individus les moyens de leur émancipation grâce à l’accès à la santé ou à l’éducation ?
Alors que les conditions de la reprise économique et de la transition énergétique restent des options qui pointent à l’horizon, le rapport du PNUD véhicule un message clair, sans détour et sans équivoque : C’est un appel à l’action, sans ambiguïté pour reprendre le contrôle de nos vies, nous ne pouvons poursuivre comme seul objectif la création de nouvelles richesses tout en négligeant le développement humain.
Pour sortir de l’impasse et mettre fin aux incertitudes mondiales, c’est d’un sursaut de solidarité internationale dont nous avons besoin, car » Nous sommes collectivement paralysés face à ces changements. Dans un monde défini par l’incertitude, nous avons besoin d’un sens renouvelé de la solidarité mondiale pour relever nos défis communs et interconnectés » pour paraphraser Achim Steiner, Administrateur du PNUD.

Et Pour traverser l’incertitude, » Nous devons redoubler d’efforts en matière de développement humain sans nous contenter d’améliorer la richesse ou la santé des personnes …..Celles-ci sont bien sûr importantes. Mais nous devons également protéger la planète et fournir aux individus les outils dont ils ont besoin pour se sentir plus en sécurité, reprendre le contrôle de leur vie et conserver l’espoir dans l’avenir. » déclare Pedro Conceição, auteur principal du rapport PNUD.