Lundi 12 octobre 2015, Angus Deaton s’est vu décerner, le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel.Faut-il rappeller que le Prix Nobel en Sciences Economiques a été crée 1968 par la Banque Centrale de la Suède (en mémoire à Alfred Nobel, un chimiste, industriel, fabricant d’armes suédois et inventeur de la dynamite où dans son testament, rédigé en 1895, il laisse sa fortune de 32 millions de Couronnes Suédoises (environ 3,5 millions d’Euro) comme héritage pour créer le prix Nobel.
L’élément chimique nobélium a été nommé ainsi en son honneur.

Les travaux de cet économiste américano-britannique portent sur l’inégalité des revenus et la consommation.Agé de 69 ans, professeur à la prestigieuse université de Princeton, Angus Deaton a été révéré pour son analyse de la consommation, de la pauvreté et du bien-être.
Du côté de la consommation : Angus Deaton a édifié son modèle sur trois piliers principaux :

– Comment les consommateurs répartissent leurs dépenses- Combien dans une société est consommé et épargné – Comment mesurer le bien-être individuel.
Ces interpellations économiques l’ont poussé à une analyse minutieuse de la relation entre le revenu et la quantité de calories consommées, et l’importance de la discrimination entre les sexes au sein de la famille.

Du côté de la pauvreté, dans son livre « The Great Escape: Health, and the Origins of Inequality » Angus Deaton s’interroga sur les pistes économiques d’aider les populations disgraciées à sortir de l’anathème de la pauvreté. Il « moucharde » les limites des programmes internationaux d’aide au développement menés au cours des dernières décennies par les pays occidentaux. Selon l’auteur, de telles initiatives ont souvent de minuscules impacts, voire parfois des effets pervers. La mainmise de gouvernements, souvent corrompus, sur l’argent versé dans le cadre de ces programmes a nui au développement économique local, offusquant la création et le maintien d’infrastructures économiques et sociales de qualité.Une fois ce constat posé, Angus Deaton recommande d’autres pistes prometteuses : Il suggère la mise en œuvre de mesures pour exhorter les entreprises pharmaceutiques à investir dans des médicaments destinés à soigner des maladies comme le paludisme, qui dévastent les populations des pays les plus démunis. En sus, Il conseille de fluidifer quoique temporairement les flux migratoires en provenance de ces pays, en permettant aux jeunes d’obtenir des bourses pour étudier à l’étranger.Il développa, par ailleurs, des analyses plus pointues du niveau et de l’évolution de la pauvreté dans les pays en voie de développement à partir du suivi de données de consommation au lieu de ne compter que sur des statistiques agrégées de PIB par habitant ne reproduisent pas forcément une image fidèle du bien-être de la population.

Le primé de l’Académie Royale Suédoise a également ajouté que le problème de la pauvreté est encore aujourd’hui une grande tare de le mondialisation. Pour rappel, l’augmentation des inégalités dans le monde est devenue progressivement un réel problème de société : Une étude publiée il y a quelques mois par l’ONG Oxfam affirmait que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches dépasserait en 2016 celui des 99% restants. Cette hausse des dénivellations sociales était également au cœur du Capital au XXIe siècle écrit par l’économiste Thomas Piketty. L’ancien prix Nobel, Joseph E. Stiglitz, a également publié il y a quelques semaines, le livre La grande fracture, dans lequel il étudie la montée des sociétés inégalitaires. Le jury a expliqué vouloir gratifier un économiste qui plus que quiconque a amélioré la compréhension des choix individuels de consommation. En reliant ces choix à de nombreux résultats globaux, sa recherche a contribué à métamorphoser les domaines de la microéconomie, de la macroéconomie, et du développement de l’économie.Faut-il évoquer que Angus Deaton est l’héritier d’une longue tradition britannique d’économistes empiristes comme Richard Stone, lauréat du prix en 1984.

Angus Deaton recevra son prix le 10 décembre 2015, jour de l’anniversaire de la mort d’Alfred Nobel, et percevra la somme de huit millions de couronnes (environ 860.000 euros). Il sera le deuxième économiste à recevoir la récompense pour des travaux sur le développement après la nomination de Theodore Schultz en 1979.