Home Non classé Le Roi Mohammed VI à la conquête de l’Inde : Vers un raccordement entre l’Afrique et l’Asie

Le Roi Mohammed VI à la conquête de l’Inde : Vers un raccordement entre l’Afrique et l’Asie

by Mustapha Maghriti

Feu Hassan II n’a-t-il pas inscrit dans les anales de l’histoire son indélbile métaphore « Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe ». Le Roi Mohammed VI met au large beaucoup plus large sa vision et pense que le Maroc peut, tout aussi, respirer par ses feuilles en Asie à travers sa participation au troisième Forum Inde-Afrique 2015.
Rétrospectivement, dès les années 1950, le partenariat indo-marocain a été placé sous les auspices de Mohammed V et de Jawaharlal Nehru, chevilles ouvrières du mouvement des non-alignés. Le grand-père du souverain Marocain Mohammed VI, se rapprocha de certains leaders et convia ces dirigeants africains à s’unir contre la puissance coloniale. Depuis Jawaharlal Nehru, qui était proche de Mohammed V, l’Inde considère l’Afrique comme un voisin proche et les grands groupes locaux s’y sont installés très tôt, dès les années 1960 pour le fameux conglomérat géant Tata. 

Plus d’un demi-siècle après, le Roi Mohammed VI ressuscite et exhume l’histoire à travers sa participation au Forum Inde-Afrique après sa première visite en tant que prince héritier en Inde en 1983, à la tête de la délégation du Maroc à la conférence des non-alignés, et aussi celui de ma première visite officielle en tant jeune Roi en 2001.

Dans cette 3ème édition du Forum Inde-Afrique , le Souverain Marocain prêcha un discours historique à maints égards : 

– Primo, il sort l’Afrique de la dimension passéiste pour la placer sur la voie Royale de l’avenir. 

– Secundo, c’est un éloge porteur d’une nouvelle vision de partenariat afro-indien Win/Win. 

– Tertio, c’est une apothéose révélatrice d’une nouvelle approche multidimensionnelle de développement qui veut métamorphoser l’Afrique, habituellement passive en acteur dynamique de la globalisation économique. 

En sus de la portée politique du dithyrambe royal, c’est la place assignée au développement économique et plus singulièrement au co-développement : Tata Chemicals est d’ailleurs en joint-venture avec l’OCP dans IMACID qui produit de l’acide phosphorique à Jorf Lasfar. L’Inde est un des plus gros clients de l’OCP: Premier importateur d’acide phosphorique (avec plus de 40% des exportations), deuxième importateur de phosphate brut.

Aussi, Les entreprises indiennes s’intéressent tout particulièrement aux secteurs textile, pharmaceutique, sidérurgique et phosphatier, autant de domaines où les Marocains ont développé une certaine maîtrise aussi bien en amont qu’en aval. C’est à cet effet que le patronat marocain, représenté par sa présidente Miriem Bensalah Chaqroun, a scellé un partenariat avec la fédération indienne des chambres de commerce et d‘industrie dans l’ambition de remplumer les relations économiques et financières ente le Maroc et le géant Indien. L’objectif escompté est de foisonner l’échange des missions commerciales, et à se communiquer mutuellement toutes les informations susceptibles de féconder le climat des affaires entre les deux pays en vue de promouvoir en osmose et réciprocité, dans une logique de gagnant-gagnant. 

En sus, Le Maroc peut leur offrir cette possibilité et, ce faisant, en tirera profit pour diversifier ses débouchés et ses partenaires : Le président de la Chambre indienne de l’Industrie et du Commerce Saurabh Sanyal qui a reconnu que les entrepreneurs de son pays ne réussissent pas pénétrer le continent africain et que leurs homologues marocains peuvent les y aider. Les Indiens profiteront de l’implantation des Marocains sur leur continent et les Marocains bénéficieront de la puissance économique, financière et technologique du géant asiatique, avec son 1,2 milliard d’habitants et un PIB brut de 1 171 Mds de $, soit 2,15 % du PIB mondial, ce qui en fait la 12ème puissance économique. 

A cet égard, on ne manque pas de souligner la vision optimiste du Roi Mohammed VI sur le continent noir : Là où les occidentaux ne voient que la moitié vide du verre qui est le risque, le Souverain Marocain voit au contraire la partie pleine du verre qui est l’opportunité économique. Cet optimisme Béa sur l’Afrique et cet engagement économique aura pour corollaire d’enclencher une dynamique macro-économique vertueuse porteuse de stimulation de la croissance économique. 

Via cette odyssée royale, le Souverain Marocain inhume la conception restrictive et figée de la coopération internationale étayée pour l’essentiel sur les relations diplomatiques changeant au gré des aléas politiques. A cet égard, le Souverain n’a-t-il pas dit que  » Il est donc impératif que cette coopération s’affranchisse de l’héritage du passé, et qu’elle soit dédiée au service des intérêts stratégiques de nos pays. La coopération sud–sud que nous appelons de nos vœux n’est pas un simple slogan ou un luxe politique superfétatoire. C’est plutôt une nécessité impérieuse, imposée par l’acuité et l’ampleur des défis qui se posent à nos pays. De fait, il est impossible de compter sur les formes traditionnelles de coopération, qui sont désormais incapables de répondre aux besoins croissants de nos peuples » 

A l’image de ce partenariat et dans son dithyrambe royal, le Roi ambitionne de dilater la coopération entre les deux pays, notamment dans la recherche scientifique, technologique et de la formation des cadres. A ce titre, le génie du Souverain Marocain sait que l’investissement dans le capital humain est l’un des meilleurs moyens de barrer la voie aux tendances de radicalisation extrémiste en Afrique et tarit les sources dans lesquelles s’abreuve l’islamisme radical. Sur ce registre, Feu Hassan II, en Mai 1961, au palais du Ryad, n’a-t-il pas dit à l’ambassadeur des USA à l’époque, son excellence Philip Bonsal que  » L’avenir du monde dépend de la stabilité en Afrique ». 

Si le Souverain a tenu à participer en personne à ce forum c’est bel et bien pour matriculer et immatriculer,  » urbi et orbi « , les potentialités que recèle l’Afrique et prouver que New Delhi avait fait le judicieux choix dans sa quête d’un partenaire fiable, crédible et responsable en Afrique en tablant sur son développement, en pariant sur l’aspiration démocratique du peuple Africain et en misant sur le succès d’une vision qui transcende le conjoncturel et le mercantile pour s’intéresser au structurel, au fondamental avec comme trame de fond l’Homme Africain. 

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