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Le 8 Mars : Quelles Contraintes au business féminin au Maroc ?

by Mustapha Maghriti

Le 8 Mars, officialisée par les Nations Unies en 1977, Journée Internationale des Femmes. Il trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Traditionnellement les groupes et associations de militantes préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes. 
La Journée internationale des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité pour une quête d’une parité Homme/Femme. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion pour nous d’écrire une missive qui met en exergue les obstacles qui piétinent la réussite de l’entrepreneuriat féminin au Maroc. 
Placé en 13ème position au niveau du développement de l’entrepreneuriat féminin, le Maroc devance plusieurs pays émergents et s’impose comme pays dominant sur le plan du continent Africain. Or, malgré ce classement, l’entreprise féminine demeure chétive en témoigne la faiblesse du pourcentage d’entrepreneurs féminins au Maroc 5000 femmes entrepreneurs, soit 0,5% de l’emploi des femmes dans le secteur formel et environ 10% du nombre total des entreprises. Ces pourcentages occultent une dynamique entrepreneuriale féminine qui malheureusement reste cantonnée au secteur non structuré. Ces entreprises sont essentiellement des PME/PMI couvrant le secteur des services (37%), le commerce (31%) et l’industrie (21%) essentiellement le textile.

En filigrane de ce pourcentage infime se dessine plusieurs embûches freinant le développement et la promotion de la femme entrepreneure marocaine. Il s’agit :
– Primo, la carence du réseautage de soutien : Malgré l’existence au Maroc de plusieurs organismes de soutien et de promotion de l’entreprise féminine, on décèle que peu ou prou de femmes Marocaines adhèrent à ces groupements. Et pourtant, ces associations peuvent encourager et appuyer la création d’entreprises pour les femmes, les informer, les encadrer et les assister dans la gestion et la pérennisation de leurs entreprises, ainsi que de développer les compétences managerielles des femmes entrepreneurs en leur assurant des formations de Know-how et constituer, in fine, un réseau pesant à même de jouer un rôle de lobbying auprès des pouvoirs public et des instituions internationales à l’instar de la fameuse Association des Femmes Entrepreneures du Maroc (AFEM). Aussi, ces institutions s’avèrent un espace de rencontre, d’échange d’information, de formation et de solidarité visant l’amélioration du climat des affaires aux entreprises féminines Marocaines.
Cependant, la modique implication des femmes entrepreneures marocaines dans ce type de réseaux est due à leur méconnaissance de ces organismes et à leur manque de temps et d’intérêt.

Sur un autre registre, l’administration publique ainsi que les formalités nécessaires pour la création d’une nouvelle entreprise, constituent un autre écueil pour les femmes marocaines : La corruption, la lenteur des formalités administratives ainsi que les attitudes bureaucratiques sont toutes des pierres d’achoppement lourdes à supporter pour une jeune entrepreneure.
– Secundo, les pratiques socioculturelles s’avèrent, semble-t-il, des récifs ressentis par les femmes entrepreneures marocaines avec plus d’acuité à l’illustration de la discrimination sexiste ou l’harcèlement.
En sus, le manque de crédibilité et la réticence des différents partenaires (client, fournisseurs, etc.) sont aussi des barrières dont pâtissent les femmes marocaines au démarrage de leur projet. 
L’entourage familial semble également être un impédimenta culturel malgré que, légalement, la femme marocaine n’est plus astreinte à demander l’aval de son père ou/et à son mari, comme dans les cas de déplacements répétitifs à l’étranger ou en cas de rencontres avec des clients à des heures tardives. Ces pratiques sociales sont justifiées par les us et coutumes caractérisant la société Marocaine, qui imposent à la femme de s’incliner devant certaines règles de conduite au regard de sa famille et de la société Marocaine. Ardu et difficile dans une société macho et machiste tirer l’entreprise féminine marocaine vers l’avant en créant des emplois et en participant à la vie citoyenne du Maroc.

Si quelques dirigeantes de grandes entreprises apparaissent régulièrement dans la presse, où le caractère exceptionnel de leur présence est systématiquement souligné, si quelques actrices du milieu de la production culturelle ou artistique parviennent à se faire un nom, les milliers de femmes travaillant à leur compte, commerçantes, chefs de petites entreprises, associées de coopératives, vendeuses à la sauvette demeurent la variable inconnue du monde entrepreneurial marocain. Les contours de la figure féminine de l’entrepreneur au Maroc restent flous
– Tertio, le duel vie privée/vie professionnelle pose, à certains égards, des problèmes aux entrepreneures féminines : Les femmes issues d’un milieu pauvre ou très modeste déclarent qu’elles disposent de peu de moyens financiers pour engager une aide-ménagère qui s’occuperait à la fois des tâches ménagères ainsi que de leurs enfants. Toutefois, dans certains cas, ces femmes comptent sur leur entourage familial (parents et beaux parents) pour garder leurs enfants pendant qu’elles travaillent.

– Quarto, l’accès au Financement se révèle une cloison importante pour la femme entrepreneure marocaine pour obtenir des crédits bancaires. Ces contraintes peuvent se résumer en deux points : le coût exorbitant du crédit (taux de base, durée, etc.) imposé aux femmes entrepreneurs, ainsi que les garanties exigées. Elles fustigent que ces cautions exigées par les banques marocaines sont trop élevées et vitupérèrent que les banques ne prennent pas en considération d’autres critériums tels que l’expérience professionnelle, les diplômes et les compétences. Ainsi, dans la culture de la PME marocaine, l’essentiel du financement de l’entreprise féminine est constitué par l’autofinancement, l’épargne personnelle et l’aide familiale et que le recours au crédit bancaire reste très minuscule.
– Ultimo, le manque d’information sur les institutions publiques de soutien à la création d’entreprise demeure encore peu connu pour la femme entrepreneur marocaine à l’instar de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements AMDI ou les Centres Régionaux de l’Investissement CRI. Malheureusement, plusieurs femmes qui souhaitent entreprendre ignorent l’existence de ces structures. A cet égard, des campagnes d’information s’avèrent inéluctables pour faire rapprocher ces d’organismes des aux femmes entrepreneures marocaines. 

En dépit de ces obstacles, nous sommes optimiste quand au développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, preuve en est des Success stories au féminin existe, pièce à conviction en est une femme est nommée en Mai 2011, à la tête de la CGEM pour la première fois depuis l’Indépendance. Nourries de leurs ambitions, elles ont réussi dans de nombreux domaines, de l’industrie aux services. Elles ont osé franchir le pas, créer leurs entreprises et les diriger avec succès. Les pionnières ne donnent-elles pas l’exemple ?

La volonté des femmes et leur acharnement à réussir ce qu’elles entreprennent sont les meilleurs atouts pour aller de l’avant. Le dicton ancestral ne dit-il pas, en guise d’épilogue, « Ce que femme veut DIEU le veut. »

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