
Les approches de développement économique, en singulier la Nouvelle Economie Géographique NEG, initiée par Paul Krugman en 1991, nous enseignent que les phénomènes de concentration spatiale des activités économiques profitent à une région au préjudice d’autres espaces économiques engendrant des disparités interrégionales. Ces disproportions socio-spatiales ont conduit à redonner une actualité à la problématique des dynamiques territoriales plaidant en faveur d’un développement différencié et d’une spécialisation des espaces en attestent, en sus, les travaux académiques des pôles de croissance initiées par François Perroux en 1969 ou A.Hirschman en 1974 qui reposent sur la polarisation territoriale des activités. Ces recherches soulignent également les particularités des systèmes locaux, dont les succès engendrent des processus de développement fondamentalement territorial équilibré combinant les dimensions économiques, sociales et environnementales et favorisant la cohésion, l’innovation et l’équité pour tous les citoyens.
C’est dans ce contexte et sous cette optique de la problématique des dénivellations spatiales du tissu économique Marocain que le Souverain Marocain, dans son discours du trône du 29 Juillet 2025, a recentré l’attention sur les inégalités sociales et territoriales persistantes au Maroc où aucun niveau de développement économique et infrastructurel ne saurait contenter le King Marocain s’il ne concourt pas effectivement à l’amélioration des conditions de vie des citoyens Marocains, de quelque frange sociale et de quelque région qu’ils appartiennent et ce en dépit du maintien d’un taux de croissance conséquent et régulier au regard des aléas climatiques et les crises de la géopolitique internationale, ainsi que l’essor des secteurs stratégiques comme l’automobile, l’aéronautique ou encore les énergies renouvelables, en témoigne le Président du Rwanda Paul Kagame, un des pays qui réalisent l’un des taux de croissance économique les plus soutenu en Afrique quant il a déclaré que « Le Maroc est un modèle de développement Africain. Nous avons beaucoup à apprendre de la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ».
Sous cet angle, le King a appelé majestueusement à un changement de paradigme pour préluder un irréfragable rebond dans la « Upgrading » globale des immensités territoriales et de passer d’une démarche sociale générique et conventionnelle à un développement territorial intégré, ancré dans les spécificités locales Marocaines, car, il y a encore des zones rurales enclavées qui sont dans la précarité et l’exclusion sociale ne correspondant pas à la vision Royale de ce que devrait être le Maroc du 21éme siècle.
D’ailleurs, les derniers chiffres livrés par le département de Chakib Benmoussa le Haut-commissariat au plan HCP sont plus qu’éloquents et tangibles : les inégalités du niveau de vie s’accentuent et se sont creusées entre 2014 et 2022, passant de 39,5% à 40,5%, après avoir enregistré une diminution à 38,5% en 2019.
A cet égard, le Souverain Marocain a orienté l’exécutif AKHNOUCH vers les commandes Royales de la structuration des plates-formes territoriales de nouvelle génération, assemblées autour de l’emploi local, les services sociaux de base, la gestion durable de l’eau, et la mise à niveau des territoires en couplage avec les grands projets structurants.

En outre, a-t-on appris en problèmes structurels de développement PSD que si la croissance apparait comme une condition nécessaire au recul des inégalités, elle reste néanmoins insuffisante pour y parvenir. Le partage des fruits de la croissance n’est jamais automatiquement égalitaire : Le recul des inégalités ne se produit authentiquement que s’il constitue un objectif social et politique durable. Par ailleurs, il est intéressant de noter que, selon une étude publiée par l’Organisation de Coopération et de Développement OCDE, l’accroissement des inégalités peut avoir un impact négatif sur la croissance. L’excavation généralisée des inégalités de revenu depuis plusieurs décennies a conduit des chercheurs à s’inquiéter de leurs répercussions potentielles pour nos sociétés et nos économies. Ces récentes recherches de l’OCDE révèlent que toute amplification de ces inégalités fait chuter la croissance économique. L’une des raisons en est que les plus défavorisés se trouvent moins à même d’investir pour s’instruire. Il apparaît donc que la réduction des inégalités, en plus de rendre nos sociétés plus justes, permet également de rendre nos économies plus stables et plus fortes.
Ainsi, faire bénéficier de la croissance à toute la population constitue un enjeu politique majeur. Et c’est dans ce sens que le Souverain Marocain apostrophe l’actuel Gouvernement à une approche transversale, inclusive à même d’assurer un replâtrage de la justice spatiale, ce qui cadre avec les investigations économiques de l’économiste Américaine Weitzman M.L. dans son livre « L’économie du partage » édité le 5 Février 1986.
Croissance et développement sont deux concepts économiques qui interagissent constamment en dialectique. Le King sait pertinemment que le développement humain est une fin dont la croissance et ses fruits économique sont le moyen. Cette sagacité Royale implique notamment la valorisation des atouts locaux, le renforcement des services publics, la promotion de l’économie circulaire et des mobilités durables, la participation citoyenne, et une gouvernance locale décentralisée.
D’autres parts, les spéculations et les thèses de démocratie sociale nous apprennent que la justice sociale est intrinsèquement liée au développement humain sans discrimination et à l’affirmation de l’être humain, visant à une société où l’on supprime les misères les plus profondes et où l’on satisfait les besoins urgents, ce que l’économiste Français François Perroux appelle la couverture des coûts de l’homme.
C’est dans cet esprit que le Souverain Marocain déplore que certaines zones du Maroc, surtout en milieu rural, pâtissent encore des formes de pauvreté et de précarité du fait du manque d’infrastructures et d’équipements de base qui ne reflète en rien la vision Royale de ce que devrait être le Maroc d’aujourd’hui et ne donne pas non plus la pleine mesure des efforts que le Souverain déploie pour renforcer le développement social et ce nonobstant le recul du niveau de la pauvreté multidimensionnelle qui a fléchi de 11,9 % en 2014 à 6,8% en 2024 et malgré le nouveau classement du Maroc dans la catégorie des pays à « développement humain élevé » en vertu du dernier rapport du développement humain du PNUD.

On s’en souvient bien avant il y a 10 ans, dans le discours du Trône du Jeudi 30 Juillet 2015, le Souverain Marocain toujours avide de dignité et de plénitude pour son peuple, quand il s’est confié au citoyen Marocain que « tout ce qui a été réalisé, nonobstant son importance, restera insuffisant pour notre pays tant qu’une frange de la société continue à souffrir des conditions pénibles de la vie, et tant qu’elle éprouve le sentiment d’être marginalisée, malgré tous les efforts déjà consentis….., je tiens, à ce que tous les citoyens puissent profiter des richesses de la nation. » et « Comme je t’en ai fait le serment, je continuerai à travailler jusqu’au dernier souffle pour arriver à ce dessein. Car Notre ambition pour rendre heureux Notre peuple est sans limites et » Tout ce que vous vivez m’intéresse : ce qui vous atteint m’affecte aussi, ce qui vous apporte bonheur me réjouit également. Ce qui vous tracasse figure toujours en tête de mes préoccupations ».
Moralement et dignement, le Sultan appelle à transcender les canevas classiques du développement social à une approche en termes de développement territorial intégré où le dessein du Souverain Marocain est que, sans discernement, ni marginalisation, et dans quelque région de notre patrie que ce soit, les fruits du progrès et du développement profitent à tous les citoyens.
Pour ce faire, le King a orienté le Team AKHNOUCH pour l’élaboration d’une nouvelle génération de programmes de développement territorial fondés sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée et le principe de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales.
Ces programmes doivent pouvoir compter sur la mutualisation des efforts de tous les acteurs et sur leur articulation autour de priorités clairement définies et de projets générateurs d’impacts réels, couvrant notamment la promotion de l’emploi, à travers la valorisation des potentialités économiques régionales et l’instauration d’un climat favorable à l’entrepreneuriat et à l’investissement local, le renforcement des services sociaux de base, plus particulièrement l’éducation et l’enseignement ainsi que les soins de santé, de manière à préserver la dignité des citoyens et à instaurer l’équité sociale et la justice spatiale.
Dans la clairvoyance Royale d’un Maroc digne, rechercher une croissance partagée, c’est rechercher une croissance qui, tout en augmentant le niveau de vie moyen des Marocains, est aussi synonyme de réduction des inégalités, à l’échelle nationale. Ensemble, ces deux impérieuses nécessités constituent les conditions qui garantissent la stabilité et la démocratie du Maroc.

En somme afin d’assurer aux générations actuelles et futures de meilleures conditions de vie décentes dans une géopolitique mondiale tumultueuse, le Souverain Marocain, conscient des déroutages et des dérivations chantées en chorale et à cor et à cri au monde par l’académisme et le dogmatisme d’obédience néolibérale durant les années 1980, escompte promouvoir un modèle économique étayé sur une croissance inclusive et surtout partagée, créatrice d’emplois, et assurément distributrice de richesses pour tous les citoyens Marocains. Le Pilote de notre Royaume refuse un Maroc à deux vitesses, et plaide et parlemente chevaleresquement un Royaume à une et une seule vitesse, une célérité qui carbure, navigue et décolle vers le ciel du développement, de démocratie d’un Maroc digne, méritoire et juste.