
C’est un truisme que l’humanité n’est plus agnostique à une planète qui brûle, une terre à sec avec les outrages qui oppriment la biosphère, l’agriculture et la santé humaine. Les immersions, les catastrophes naturelles, les cyclones en sont les meilleures illustrations.
Cataclysmes, déluge, calamités qui consistent en épisodes de vagues de chaleur à plus de cinquante degrés à l’ombre, des pluies diluviennes, inondations, feux de forêt, séismes sombrant sous les eaux des pays comme le Pakistan qui a connu une des plus pires submersions de l’histoire qui ont affecté 33 Millions de personnes, causé la mort de plus 1 700 personnes, détruit des centaines de Milliers de maisons, endommagé des milliers de kilomètres de routes et des centaines de ponts à travers le pays et des feux laminant en cendres des pays entiers comme la Californie aux USA : L’incendie « McKinney », le plus vaste de cette année qui a détruit plus de 20.638 hectares de la forêt nationale de Klamath ou les feux qui ont dévoré la France où plus de 20.000 hectares sont partis en fumée à la Gironde ou en Italie les pompiers italiens se battirent contre des incendies ; le feu le plus important en Toscane où 860 hectares ont été brûlés. Aussi, Des flammes aux conséquences parfois meurtrières ont sévi également au Portugal et en Espagne.
Même le changement climatique n’a pas épargné notre patrie où en Juillet 2022, plusieurs hectares de forêt sont devenus des flammes qui ont décimé des milliers d’hectares de couvert forestier dans les provinces de Larache, d’Ouezzane, Tétouan et de Chefchaouen …..
A ce titre, nul ne doute que la thématique récurrente de la chauffe climatique est dans tous les esprits parmi les participants à la 27éme session de la Conférence des Parties (COP 27) après un été marqué par des épisodes de chaleur extrême.
Sous cet angle, les Conférenciers de la fameuse COP, dont la 27ème édition s’est ouverte Lundi 7 Novembre 2022 à la station balnéaire Sharm el Sheikh en Égypte, ont eu la lourde responsabilité de faire le bilan des actions déjà actées et de tenter de trouver de nouveaux compromis à même de réduire l’impact sur la communauté internationale des changements climatiques.

S’il est indéniable que la grande apostrophe du Climat est désormais une onde de tempête de l’actualité mondiale, force est de constater que la capacité de mobilisation collective de tous les États du monde est fortement tributaire du contexte international : La crise économique aux corollaires financiers inédits qu’a provoqués la pandémie de la Covid-19, les dissensions et les représailles sur les échanges commerciaux, l’inflation qui détone et la guerre qui s’éternise en Ukraine, sont autant d’entorses conjoncturelles aux bonnes volontés liées à l’épineuse question du Climat.
S’y ajoutent les antinomies politiques existantes entre les pays ou les continents, les modèles de développement différents et la disjonction entre pays développés nantis aux économies suffisamment mûres pour prévoir une transition vers une écologie plus verte et philanthrope, et tous les autres pays démunis. Toutes les catastrophes naturelles qui se sont enchainées encore cette année, des feux ravageurs aux inondations, ne font toujours pas le poids au regard des autres réalités alarmantes précitées.
L’agenda de Charm el-Cheikh qui s’est déroulée dans le contexte Post- Covid 19 qui a duré deux semaines et qui a réuni près de 200 pays; conférence considérée comme la dernière chance pour sauver la planète, et qui s’est attaquée en priorité à la problématique de l’adaptation et le redoublement de la résilience de plus de 4 Milliards de personnes vivant dans les communautés les plus fragiles aux changements climatiques d’ici 2030 et qui se préoccupa aussi bien de savoir comment réduire les émissions de carbone que de faire face aux effets néfastes du changement climatique et présenter des plans concrets de limiter dans l’idéal à 1,5°C et pour réduire les gaz à effet de serre.
Alors que la plupart des pays de la planète peinent à réduire prodigieusement leur empreinte carbone, dans les pays du Sud, en général et en Afrique en particulier, continent qui représente moins de 4% du total mondial des émissions de carbone, le débat est différent :
Pour les pays Africains, la problématique n’est pas de savoir comment réduire les émissions de carbone, mais surtout comment financer les effets dévastateurs du changement climatique ce qui nécessite des mannes financières énormes que les pays Africains ne peuvent se permettre et ce, d’autant plus que les plus démunis d’entre eux (33 figurent parmi les 47 pays les moins avancés) s’embarrassent du fait qu’ils n’ont pas reçu aujourd’hui les fons promis par les pays développés.
A égard, une étude de l’ONU n’a-t-elle pas estimé, il y a quelques années, que l’Afrique subsaharienne aurait à elle seule besoin d’un financement d’environ 50 Milliards de dollars US par an pour l’acclimatement au changement climatique d’ici 2050.

A titre illustratif, l’Afrique du Sud, qui est fortement tributaire du charbon et qui est le 14 éme émetteur mondial de gaz à effet de serre, a clairement indiqué que son abandon du charbon est conditionnée aux financements des pays riches. De ce fait, le verre à moitié plein pourrait rester un verre à moitié vide, les pays développés n’ayant toujours pas tenu leur ancienne promesse de mobiliser 100 Milliards de dollars par an à destination des pays en développement.
Ainsi, au regard des dommages climatiques affligés à l’Afrique, les infimes financements et la carence de l’appui technologique qui lui sont dévolus, confirment, de la manière la plus manifeste, le coma du système international qui chante en chorale, à chaque sommet climatique, la sérénade du changement climatique et du COP de la dernière chance.
Pire encore, la 27ème conférence des parties (COP) organisée par l’ONU s’est déroulée dans un contexte géopolitique où les considérations environnementales ont reculé devant les considération économiques c’est-à-dire dans un contexte compliqué de crise énergétique, de crise de sécurité alimentaire, de stress hydrique et le défi de la sécurité de l’eau , de crise économique et d’endettement, avec un multilatéralisme à l’arrêt.
la COP27 a clairement échoué à accélérer significativement la lutte globale contre le dérèglement climatique, faute d’accord sur les énergies fossiles, même après une prolongation des débats de trente-sept heures.
Avouons-le, dans cette chronique, après l’échec du protocole de Kyoto de 1997, Marrakech, Bonn, Katowice, Madrid, Glasgow et aujourd’hui de Charm el-Cheikh. Ces communions, en grande pompe, sonnent plutôt comme une cascade de promesses renvoyées aux calendes grecques.
Pour preuve, la préservation du climat n’est pas entrée dans l’équation ; après la plus dure épreuve de la pandémie de Covid-19, le trend industriel est reparti à la hausse, pour atteindre en 2022 son niveau d’avant-crise. Aucun réel tournant n’a été opéré et somme toute, les plans de relance n’ont fléchi que 3% des investissements vers les énergies bas carbone selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).
Les quelques gages fournies dans cette chronique ne brossent qu’un tableau incomplet des contrecoups pervs des changements climatiques alors que l’humanité prend pour bouc émissaire la fatalité au lieu de prendre conscience qu’il faut changer sa façon d’habiter la terre et renoncer à ses mauvaises habitudes.
En guise d’épilogue, la communauté internationale doit cesser ses promesses de monts et merveilles et ses attitudes timorées en s’attelant vers la mise en œuvre de résolutions concrètes selon un agenda bien défini en prenant appui sur une volonté politique forte et frontale afin d’inverser le cours tumultueux de la planète et reprendre le contrôle du climat dans le monde.

A l’issue de la COP27, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies (ONU), a exprimé son regret que la conférence n’ait pas réussi à élaborer un plan de réduction drastique des émissions. Et réduction des des émissions une question à laquelle la COP27 n’a pas répondu». Après Charm El-Cheikh, c’est Dubaï qui accueillera, en novembre 2023, une COP28 qui pourrait encore ressembler à un cha-cha-cha : un pas en avant, un pas en arrière…
Le défunt Hugo Chavez, ex-président du Venezuela était si courageux en disant haut et fort à la COP15 qui s’est tenue à Copenhague en Décembre 2009 » Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé . »