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Chronique des années de braise

by Mustapha Maghriti

C’est un secret de polichinelle que les événements apocalyptiques qui ont eu lieu dans le monde nous rappellent de manière hydragogue les désarrois environnementaux que connaît notre biosphère liées au changement climatique.

Selon un bulletin publié de l’Organisation Météorologique Mondiale OMM, les températures mondiales devraient battre des records les cinq prochaines années sous l’effet des gaz à effet de serre, qui retiennent la chaleur dans l’atmosphère.

Entre 2023 et 2027, il est probable à 66 % que la température moyenne annuelle à proximité de la surface du globe dépasse de 1,5 °C les valeurs préindustrielles pendant au moins une année. Il est probable à 98 % qu’au moins l’une des cinq prochaines années, ainsi que la période de cinq ans dans son ensemble soient les plus chaudes jamais enregistrées où les répercussions sur la santé, la sécurité alimentaire, l’environnement et la gestion de l’eau seront considérables.

Non seulement les experts de la météorologie avaient prédit la pénurie d’eau que connaitra la planète, mais les metteurs en scène du grand écran avaient aussi prédit les sécheresses et les pénuries d’eau qui iront saper le monde : Le film « Blind Sun » où le réalisateur décrit une station balnéaire frappée par une vague de chaleur. L’eau se fait rare et la violence est prête à exploser.

« Mad Max : Fury Road » est un film d’anticipation au futur post-apocalyptique, la pénurie d’eau donne lieu à une violente guerre de gangs dans lequel la Terre se retrouve victime d’une pénurie d’eau ou Juge Dredd dans ce thriller futuriste interprété par Sylvester Stallone toutes les conséquences du réchauffement climatique sont présentes. Ce film se déroule sur la planète Terre en 2139 où sécheresse, désertification massive et écosystème dévasté sont mis en scène. Scénario pas si improbable que ça puisqu’il rejoint le constat du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un organisme intergouvernemental chargé d’évaluer l’ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique)  selon lequel le réchauffement climatique augmenterait de 1,5 degré d’ici 2030.

« Hell », ce film également réalisé par Roland Emmerich, montre la surface de la Terre brûlée par les rayons du soleil. Les terres sont totalement asséchées et l’eau et la nourriture se fait de plus en plus rare. La population se divise alors en deux groupes : les prédateurs contre les proies.

La dernière décennie a vu un nombre exceptionnel de vagues de chaleur extrêmes qui ont eu des contrecoups alarmants sur la planète tel que la pénurie d’eau où les experts prédisent qu’en 2035, 40 % de la population mondiale vivra dans des zones de stress hydrique. Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 40 % de la population mondiale sera confrontée à des pénuries d’eau d’ici à 2050.

Selon le Global Water Institute, 700 Millions de personnes pourraient être déplacées à l’horizon 2030 du fait d’une pénurie d’eau et le nouveau rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale OMM sur l’eau dans le monde alerte que le manque d’eau touchera 5 Milliards d’êtres humains d’ici 2050.

Actuellement, 3,6 Milliards de personnes ont un accès insuffisant à l’eau au moins un mois par an.  Elles devraient être plus de 5 Milliards d’ici à 2050. Entre 2001 et 2018, l’ONU-Eau a alerté que 74 % de l’ensemble des catastrophes naturelles étaient liées à l’eau. Et lors de la COP 27 la dernière Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte, il a été instamment demandé aux Gouvernements d’intégrer davantage la question de l’eau dans leurs mesures d’adaptation. C’est la première fois que l’eau est mentionnée dans un document final de la COP, ce qui atteste de son importance cruciale.

La raréfaction de l’eau est une problématique d’ampleur qui touche le Maroc où l’année 2022 était la plus chaude enregistrée au Maroc depuis 40 ans, au delà du record établi en 2020, en dépassant d’1,63 degré la température moyenne pour la période 1981-2010 nota les auteurs du  du dernier rapport annuel sur le climat rendu public Mercredi dernier 10 Mai 2023 par la  Direction Générale de la Météorologie ; une année 2022 à sec alimentant une flambée des prix des denrées alimentaires et une inflation record.

Les barrages ne dépassement pas un taux de remplissage de 32% contre 34% l’année écoulée touchée par la pénurie d’eau, une disette qui affectera non seulement les Marocains, mais aussi le Cheptel.

Les trois bassins hydrauliques Oum Er-Rbia, Sebou, et Loukkous réputés être excédentaires connaissent ces dernières années une baisse spectaculaire du volume d’eau à cause de la sécheresse.  

A cet égard, le Souverain Marocain visionnaire avait présidé un conseil des Ministres consacré à la gestion du stress hydrique où une enveloppe de 143 Milliards de Dirhams a été dédiée à l’accélération de la construction de nouveaux barrages (20 nouveaux ouvrages sont programmés d’ici 2030) et des stations de dessalement jusqu’en 2027.

Nul n’ignore que l’eau est à l’origine de la vie sur terre, et sans elle notre planète serait sans âme. D’ailleurs, dans toutes les religions, dans tous les mythes et rituels, l’eau est synonyme de source de vie, essence de purification, guérisseuse comme en témoigne le verset 30 du Coran, Sourate les prophètes AL-ANBIYA وَجَعَلْنَا مِنَ ٱلْمَآءِ كُلَّ شَىْءٍ حَىٍّ ۖ أَفَلَا يُؤْمِنُونَ

La sécurité alimentaire au 21ème siècle sera intimement liée à la protection des ressources en eau, dans un contexte de changement climatique et de perte de biodiversité. Et comme le souligne le directeur de la FAO, Qu Dongyu « la dégradation des terres et la pénurie d’eau ne disparaîtront pas et l’ampleur du défi peut faire frémir, mais que ce soit en tant que cultivateur des terres ou consommateurs des aliments, chaque changement de comportement, aussi petit soit-il, nous approche d’une transformation éminemment souhaitable de nos systèmes agroalimentaires mondiaux ».

La pénurie d’eau revêt une importance croissante dans le monde, ce qui exige plus d’intégration et de coopération aux niveaux international, régional et local pour assurer une gestion durable, efficace et équitable d’une ressource qui est rare.

On sait tous que les 3/4 de la surface de la Terre est recouverte d’eau et lui doit son nom de « planète bleue ». Cependant seule l’eau douce constitue seulement 0,25 % de la ressource totale mondiale et elle est très inégalement répartie sur la planète.

L’eau est donc beaucoup plus rare qu’on ne le croit. In fine, n’est-il pas temps de revisiter le paradoxe de la valeur eau/ diamant d’Adam Smith ?

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