
Coïncidant avec 23 chandelles de règne du Souverain Marocain, quel sentier donner à la croissance économique ? Telle est l’apostrophe qui pullule et foisonne aussi bien dans la sphère de la presse écrite que dans les canaux de communication audiovisuels (Chaînes télévisées, radios).
Certes, il faut rendre à César ce qui est à César : La nouvelle mouture des réformes de nouvelles niches de la croissance (Automobile, Aéronautique, Offshoring, Energies renouvelables etc.) impulsées par le Souverain Marocain a sécrété une croissance économique de 7,9% en 2021, qui a entraîné une hausse tangible des recettes fiscales en contribuant à réduire le déficit budgétaire à 5,9% du PIB en vertu du rapport de Bank Al-Maghrib, relatif à la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2021 présenté par le Wali de l’Institut d’émission Abdellatif Jouahri au Souverain Marocain le 30 Juillet 2022.
Ce vecteur crucial du losange de la politique économique, en l’occurrence, la croissance économique en 2022 a fait l’objet d’un débat très « Hot » : Le Gouvernement Akhnouch soutient le scénario de 1,5% : L’argentière du Royaume et des Finances, Nadia Fettah, a indiqué que l’économie Marocaine devrait réaliser une croissance d’environ 1,5%, au regard de l’évolution qu’ont connue les principaux indicateurs de la conjoncture économique.
Le Wali de l’Institution d’émission du Royaume Abdellatif Jouahri, quant à lui, moins généreux, a présagé sur un taux de dynamique économique qui ne dépassera guère les 1% en raison du recul de la production céréalière au cours de cette année, puis s’accélérer à 4% en 2023.
La boule de cristal du Haut Commissariat au Plan HCP de Lahlimi prophétise un taux de de croissance de 1,3% prévu en 2022 pour rebondir à 3,7% en 2023.
Pour la Banque Mondiale, la croissance économique devrait ralentir à 1,3 % en 2022, sous l’effet de la baisse de la production agricole contre 7,9% en 2021. La Banque Africaine pour le Développement BAD, quant à elle prévoit une croissance économique de 1,8 % en 2022 et de 3,3% en 2023.
Sur le même registre, le Team et Think-Thnak du Centre Marocain de Conjoncture (CMC) a augura et tabla bel et bien, avant la prise des commandes par l’actuel Gouvernement, sur le trend de 1,8% en 2022.

Rétrospectivement, dans les années 60 et 70, le Maroc avait l’une des meilleures croissances au monde et se plaçait 2ème dans le monde Arabe après l’Arabie Saoudite, aujourd’hui, il recule dans le classement des pays arabes.
Cependant, cette dynamique économique reste pour l’essentiel erratique, instable et ramollie. De ce fait, ce « Stop and Go » de la croissance nous interpelle à transcender ce controversé chiffré. Notre propos est de se sublimer de ce débat numérique, de se distancer des chiffres, de s’abstraire des statistiques pour reméditer les entraves à la croissance et ouvrir un débat méthodologique, sans prétendre aucunement à l’exhaustivité, sur les sentiers de la dynamique économique du Maroc :
■ Faut-il s’immoler sur toute une avalanche d’amendements et refontes économiques pour sécréter une dynamique économique ?
■ N’est-il pas important et urgent d’abandonner les formules simples et la quête toujours déçue de » pratiques optimales » au profit d’une analyse économique approfondie de ce qui, au Maroc, fait obstinément hic à la croissance ?
■ N’est-il pas primordial de discerner les véritables réformes indispensables à la croissance de celles qui sont simplement et superficiellement souhaitables pour des questions d’efficacité ?
Cette « duplication du losange » de la croissance économique, toujours erratique, instable et ramollie, quelque soit la le sigle et la couleur du Gouvernement, reste tributaire, à notre sens, de tout un alphabet et oméga d’entraves ; elle demeure aliéné et inféodé à des :
♦A : Analphabétisme qui touche une grande fange sociale en nous verrouillant dans le panier des pays catégories faible à moyen selon le classement du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD,
♦B : Bureaucratie dédaléenne qui demeure dissuasive à l’investissement et du business au Maroc,
♦C : Corruption qui est citée comme l’une des pierres d’achoppement à la fluidité et à la célérité des affaires au Maroc, un dossier prioritaire au vu du discours du Trône du Souverain du 30 Juillet, auquel l’actuel exécutif doit s’atteler,
♦D : Dette publique où l’endettement intérieur a dépassé la barre du 30% du PIB. Le Trésor serait déjà endetté à hauteur de 76,1% du PIB à fin mars 2022. L’endettement intérieur devrait se situer à 58,6% du PIB en Mars 2022 contre 58,0% à fin 2021.
♦E : Economie rentière, véritable monstre qui dévore tout arbitrage économique entre les ressources disponibles et entrave les mécanismes de transparence, de méritocratie, et de facto plombe la logique du marché.
♦F : Facture pétrolière où le Maroc assouvit ses besoins énergétiques à plus de 95%, considérée principal bouc émissaire de l’érosion du déficit commercial,
♦G : Gouvernance qui laisse encore à désirer où tout un département ministériel a été échafaudé dans l’actuel Gouvernement Akhnouch afin d’instaurer des règles de transparence, de traçabilité des actions et de maximiser les synergies entre les différents intervenants publics et privés dans ces dossiers. Ce portefeuille ministériel doit être comme un tronc commun et une priorité dans le suivi et la gestion du travail du Gouvernement,
♦H : Harmonisation des politiques sectorielles qui fait encore défaut. A cet égard et pour pallier à cette incohérence, le Souverain Marocain, à l’occasion du discours du trône 2012 a réitéré son appel au gouvernement pour qu’il assure les conditions de convergence entre les différentes stratégies sectorielles, et qu’il se dote d’outils de veille et d’instruments de suivi et d’évaluation pour assurer leur cohérence et mesurer leur efficacité et l’efficience de l’utilisation des fonds qui leur sont affectés,

♦I : Informel où cette soupape de sécurité sociale engloutit plus de 43% du revenu national brut RNB et 40% de la valeur ajoutée globale, qui ligote l’investissement productif national et étranger, Intégration timide en amont et en aval du système productif ce qui hypothèque la politique commerciale du Maroc en raison de sa synergie symbiotique avec la politique industrielle,
♦J : Justice où les investisseurs poussent des cris d’orfraie à cause d’une vision timorée de l’indépendance et l’impartialité du système judicaire. A ce titre, le chevaleresque discours du trône du 30 Juillet 2012 exhibe l’intérêt que porte le Souverain Marocain à ce grand chantier vital au climat des affaires économiques au Maroc, en le hissant au rang et au trachée artère du dispositif de la nouvelle mouture de la constitution de 2011,
♦M : Main d’œuvre peu qualifiée qui plombe l’attractivité de l’investissement et ce dans une ère ayant pour Jalons des :
▪ Métamorphoses des déterminants de l’investissement où ceux-ci sont fondés sur économie cognitive ayant pour socle la dextérité et la qualification de la main d’œuvre que sur l’anachronique paradigme ricardien d’une main d’œuvre bon marché et à faible salaire
▪ Contraintes inébranlable de Just In Time afin de répondre aux calibres du marché extérieur intransigeant en qualité de produit et de délais de livraison.
♦N : Niveau de vie qui se creuse, plus singulièrement, dans le monde rural secrétant un hiatus abyssal et un dualisme entre le monde urbain et le monde rural.
♦ O : Offre exportable inélastique. A cet égard, le Teram Akhnouch doit réorienter les efforts vers la promotion de différents domaines industriels et des nouvelles technologies par l’aménagement de pôles et d’espaces économiques intégrés propres à même d’affûter et aiguiser la compétitivité des entreprises Marocaines ce qui est de nature à créer un engrenage vertueux entre la politique industrielle et commerciale,
♦P : Privatisation qui demeure feu de paille et sans long feu, dopant les Investissements Extérieurs et Pluie où règne prévoir, c’est pleuvoir,
♦S : Solde de la balance commerciale qui a atteint presque 15,5% du PIB, avec cependant une quasi-stagnation du taux de couverture à 62,3%. Sur ce registre, la balance des paiements ne reflète-t-il pas l’état de santé d’une économie ?
Le bilan mitigé relatif à la dynamique économique et la courbe sinusoïdale, pendulaire et cyclique de la croissance économique au Maroc nous apostrophe sur tout un grand nombre de gisements méthodologiques et des « bissectrices » pragmatiques d’action pour le présent et le futur.
Il en est ainsi de la synergie des politiques vers le système productif Marocain en portant une attention singulière à l’innovation, Recherche&Développement, au know how, et aux PME et PMI véritable mine d’or et gisements de richesse et de création d’emplois ; l’expérience de la Malysie n’est-elle pas édifiante à cet égard ?
A cet titre, il importe de signaler que le niveau d’innovation dans l’économie Marocaine approché et appréhendé, aussi bien par la part des biens de haute technologie dans les échanges extérieurs que par le niveau des dépenses en Recherche et Développement dans le PIB, atteste, de concert, de la minuscule utilisation du progrès technologique et de son faible corollaire sur la croissance économique.
Les exportations marocaines des produits à haute technologie représentent plus de 11% des exportations de biens manufacturés, soit un niveau très bas par rapport à celui atteint par la Corée de Sud et la Malaisie.

En sus, notre système social n’est pas arrivé à sortir du tunnel et de l’hiatus des inégalités des revenus, à colmater les distorsions sociales et à développer une véritable politique du partage du surplus économique et ce en dépit des dépenses sociales allouées à ce secteur (plus de 55%) : A l’appui de notre assertion et en vertu du rapport de la boîte des pronostics du Haut Commissariat au Plan HCP : 2/3 du surplus économique échoit au facteur capital et seulement le 1/3 aux salariés.
L’urgent sera de porter suture sociale et de bannir le fossé qui creuse des inégalités sociales entre la classe la plus nantie de la classe démunie pour booster une croissance tirée par la demande intérieure dans un climat international tumultueux et fébrile de crise économique mondiale marquée par le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a accentué les perturbations du commerce mondial et la flambée des prix et a engendré une détérioration des perspectives économiques et une intensification des incertitudes qui les entourent.
L’autre must est d’orienter les Commandes « Akhnouchiennes » vers la capacité d’absorption : La qualité du facteur travail joue un rôle inéluctable dans le courroie de transmission de la croissance et des spillovers.
Le déficit de productivité qu’enregistre l’industrie est lié au manque de qualification et de formation de la main d’oeuvre: L’effectif employé demeure analphabète, le niveau du primaire est de 2% au Chili et de 1,7% en Turquie pour lesquels le taux d’ouvriers ayant le niveau du collège ou du lycée est respectivement de 83% et 78%.
Cette situation ne permet pas à la force de travail d’améliorer son aptitude à utiliser et optimiser les technologies disponibles.
Devant cet état de fait, comment peut-on appréhender la croissance économique alors que des ressources humaines restent inemployées, sous utilisées et exclues du processus intrinsèquement lié à la croissance ?
La contribution du capital humain dans le processus de production est importante et la qualité du facteur travail joue un rôle majeur dans les mécanismes de croissance. Les investissements éducatifs et technologiques constituent des facteurs de progrès économique et social. Faut-il ressusciter et exhumer le célèbre aphorisme économique longtemps enterré dans le cercueil de la littérature économique du mercantiliste Jean Bodin « Il n’est de richesses que d’Homme ».
La réalisation d’un objectif de croissance pérenne nécessite, en plus, d’un taux d’investissement, une augmentation de la productivité du travail.
L’amollissement du capital humain au Maroc participe à la baisse de la productivité du travail et à l’insuffisante utilisation des capacités productives. L’élévation de la productivité des investissements à travers l’amélioration des connaissances et des compétences humaines sont déterminants de la croissance économique.
Avouons-le : L’activité économique, au Maroc, se situe à un niveau inférieur à son potentiel de croissance. Elle ne peut pas bénéficier d’externalités positives suffisantes à même d’atteindre le sentier de croissance endogène, ce qui maintient l’économie à un niveau faible et rend la croissance volatile et vulnérable aux chocs interne et externe
En sus, l’Initiative Nationale de Développement Humain INDH, certes laborieuse, n’est pas encore parvenue à s’abstraire d’une vision de fragmentation et de saupoudrage des ressources financières pour aiguiller les Commandes Royales vers la voie d’une action sociale régionalisée en osmose avec les agendas de tutelle à caractère social.
Si des efforts louables sont entrepris depuis son lancement en Mai 2005, force est de constater que la démarche reste purement techniciste, unidimensionnelle, ainsi que ponctuelle et ne procède pas à une concertation avec les populations concernées quant à leurs besoins et leur bien-être.
Le legs et l’héritage de la pesanteur d’une administration centrale et centraliste leste la réussite d’une croissance qui va vers le développement communal, local et territorial.

Reconnaissons-le dans ce propos : L’INDH, certes méritoire, créatrice d’activités et génératrices de revenus, ne peut être un succédané à une véritable politique de croissance et des revenus dans la durée. La dynamique économique du Maroc doit passer inéluctablement par un accroissement massif de la richesse du pays, c’est dire par un enrichissement de sa population afin d’augmenter la consommation et conduire à la croissance.
Sur ce registre, pour Amartya Kumar Sen, l’un des intellectuels économistes indiens les plus connus et les plus respectés, prix Nobel 1998, spécialiste en développement, le seul moyen d’y parvenir est d’encourager la croissance économique en rendant au marché son rôle central par le renforcement des libertés individuelles de choisir et d’entreprendre.
Et pour que la croissance soit durable et équitable, il faut que les pauvres y prennent une part très active et donc, qu’ils aient accès non seulement aux moyens de production nécessaires (la terre, l’eau, le crédit, les marchés) et à des emplois productifs, mais surtout aux services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation ce qui met sur le marbre de l’actualité toute la problématique de la croissance économique et du développement de l’économiste François Perroux.
Au Maroc, les déterminants de la problématique de la répartition du revenu, des disparités salariales, des inégalités sociales, demeurent peu débattus, sujets en instance d’analyses requises et vitales à toute politique économique.
Par ailleurs, le pari de l’avenir est d’émanciper et délier la croissance économique des caprices du Nice Weather, des vicissitudes climatiques et la pénétration des marchés extérieurs par une percée d’exportation des produits à haute teneur en matière grise et savoir-faire.
Sur ce registre, la part des exportations rapportée au PIB reste pour l’essentiel étayée sur des demi-produits, phosphate et des produits agricoles.
Sous cet angle, l’offre exportable se sclérose et se confine à exporter l’or incolore, l’eau en l’occurrence, véritable épée de Damoclès qui pèse sur le tissu économique et social au Maroc et le Ministre de l’Équipement et de l’Eau a sonné l’alarme et l’alerte sur la rareté de l’eau et pèsera d’un poids colossal sur toute la terre pour ce siècle.
Aussi, Il convient de « recontempler » la politique macroéconomique et de se libérer des contraintes monétaire et budgétaire afin de procéder à des arbitrages plus efficients et équitables. La crise économique et sanitaire du Covid-19 ses corollaires ont permis d’établir une nouvelle réflexion sur le rôle de l’Etat dans la régulation et la redistribution.
Les plans de soutien ont fait l’unanimité et prouvent que la relance de la croissance économique nécessite une autre orientation que la politique de rigueur.
Par ailleurs, faut-il, à notre sens, se suicider sur toute une armada de réformes économiques pour générer la croissance ? Ce qui nous exhorte à avancer que le nec plus ultra pour le Team AKHNOUCH est de détecter le minimum et le « SMIG » d’obstacles les plus contraignants de notre économie et de s’atteler à les lever : Car, nous semble-t-il, beaucoup de réformes conduites dans plusieurs secteurs peuvent créer des distorsions imprévues dans d’autres secteurs ; en se concentrant sur le domaine qui bride le plus la croissance, le Maroc aura plus d’aubaine de récolter les fruits de son effort, car pour paraphraser l’Economiste Turc Dani Rodrik, pléiade et spécialiste des problèmes de la croissance économique : « Beaucoup de réformes peuvent créer peu de résultats et peu de réformes peuvent créer beaucoup de résultats »
Si l’économiste du pays de l’oncle Sam et chef de file de l’économie de l’Offre (supply side) Arthur Betz Laffer disait, à l’occasion, de sa fameuse courbe Laffer « Trop d’impôt tue l’impôt », je dirai, dans ce propos, que « Trop de réformes tuent les réformes ».
D’où l’intérêt pour le Team AKHNOUCH d’une évaluation sérieuse, méthodique, méthodologique et sans concessions des lieux de raccordement et de connexion du système productif marocain au système économique mondial.
Le contexte mondial, souvent négligé ou occulté, les choix socio-économiques nationaux, doit gagner sa place et ses lettres noblesse ce qui nous incite à exhumer une des citations indélébiles du Feu SM Hassan II dans son Discours du 20 Août 1993 » Nous constatons (Feu SM Hassan II) parfois un manque d’analyse concernant la carte régionale et mondiale, pourtant nécessaires pour l’étude de la carte nationale ».
Ces niveaux d’observation méthodologique et d’analyse économique peuvent déterminer, à notre sens, la position future et les possibilités d’une meilleure dynamique économique du Maroc.

Cela est une question de volonté politique, couplée à des choix économiques et stratégiques pertinentes aussi sur la rigueur de l’analyse et la méthodologie qui prépare la décision et économise les tâtonnements « Walrasiens » inutiles.
Le Team AKHNOUCH relèvera-t-il ces Challenges en marquant des points d’inflexion vers un trend haussier de la géométrie économique ? Arrivera-t-il à faire translater la dynamique économique du feu de paille au long feu ? Du sinusoïdal à la Tangente de la croissance économique???? Le temps est révélateur et « Le faire est révélateur de l’être » disait Jean-Paul Sartre !!!!!