Durant la dernière décennie, l’attractivité des investissements directs extérieurs (IDE) est devenue le leitmotiv des dissertations économiques : Tout un pullulement d’écrits lui y est consacré et dédié. Elle est devenue la tarte à la crème du paysage écrit et audiovisuel mondial : Toute une profusion d’articles foisonne et abonde, dans les journaux et les revues économiques internationales, pour cette fervente thématique. Et c’est le mouton de panurge des gouvernements : Tous les Etats y courent après.
– Une première apostrophe nous interpelle : Pourquoi une telle sollicitude pour ces promoteurs étrangers ? Pourquoi une telle bienveillance pour ces multinationales ? Pourquoi ce « welcome » pour ces investisseurs étrangers alors que, paradoxalement, durant les années 60 et 70, elles étaient mal désirées, elles étaient considérées comme les néocolonialistes qui extorquaient et pillaient les richesses des pays du tiers monde, terme en vogue à l’époque. La réponse réside dans le fait que ces mannes financières extérieures sont perçues, aujourd’hui, comme la panacée universelle à même de cicatriser et guérir tous les maux économiques et sociaux dont pâtissent et tarent les sociétés : Chômage, exclusion sociale, tarissement des ressources intérieures, hiatus technologique, fracture numérique, déficit du compte de la balance des paiements…………..etc.
Du coup, une corrida et une course sans trêve, une rivalité féroce et une concurrence rude s’est développée entre les Etats, par le biais des politiques d’attractivité, pour appâter les entreprises étrangères. Au regard de cette surenchère entre les Gouvernements, pour envoûter les promoteurs étrangers et acculé aux problèmes économiques et sociaux, le Maroc joue le Don Juan et le charmeur pour fasciner et séduire les entreprises étrangères à travers toute une panoplie d’appâts alléchants dont on évoque l’amélioration de l’environnement juridique des affaires ( nouvelle législation en matière de droit des sociétés, de la concurrence, du code de commerce et de la protection de la propriété intellectuelle) , politique de privatisation dans certains secteurs stratégiques (les télécommunications, l’assainissement et la distribution de l’eau et de l’électricité, etc.), la mise en place d’une gestion déconcentrée de l’investissement conformément à la Lettre Royale adressée au Premier Ministre le 9 janvier 2002 instituant les Centres Régionaux de l’Investissement (CRI), la création de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements AMDI, l’adoption d’un cadre fiscal captif en matière d’investissement avec notamment la refonte encours de la Charte de l’investissement …………..etc.

– Une seconde interpellation nous apostrophe: Les promoteurs étrangers mordent-ils à l’hameçon des appâts évoqués ci haut ? Dit autrement, les mesures donjuanesques ont-elles secrété un Maroc de prédilection pour les entreprises étrangères et s’adjuge-t-il, en corollaire, d’un flux d’investissement d’envergure ? La réponse est que si on fait litière des prouesses exceptionnelles des mannes financières des licences GSM, de la privatisation de Maroc-télecom, de la régie des tabacs …….. etc qui ont euphorisé les montants des IDE, le Maroc demeure encore non alléchant pour les investissements extérieurs, en atteste l’éloquence des chiffres.
En effet et à l’appui de nos allégations, les derniers rapports portant l’autographe de la Conférence des Nations Unis pour le Commerce et le Développement (CNUCED) exhibe que le Maroc ne draine que la part minuscule de 0,1% du total des flux des investissements extérieurs dirigés vers l’Afrique, 0,01% par rapport au total mondial.
– Une troisième interrogation nous hèle : Pourquoi cette médiocrité de l’IDE au Maroc ? Quels sont les écueils sur lesquels les entreprises étrangères achoppent ? Quelles sont les tares et les entraves sur lesquelles piétinent les promoteurs étrangers ? Quels sont les gisements d’attractivité que le Maroc doit piocher et creuser pour figurer sur le short-List des investisseurs étrangers ? Certes, le Maroc a déployé des efforts louables et laborieux en initiant ces dernières années un certain nombre de réformes dans des chantiers touchant le climat de l’investissement extérieur (Fond Hassan II, l’échafaudage des CRI, Commission des investissements, plan d’accélération industrielle…………..etc.). Toutefois, les dividendes en termes de flux des IDE restent en deçà des espérances escomptées. Plusieurs travaux émanant de l’Administration (Département du commerce et de l’industrie), des organisations internationales (Ernest&Young, FIAS…etc.), de l’université ont cherché à apporter des éléments de réponse à cette quadrature de cercle, en l’occurrence la faible attractivité de l’IDE au Maroc et sa promotion.
Une quatrième interpellation nous appelle : Est-ce que les éléments de réponse apportés sur les pierres d’achoppement des investissements extérieurs et leur promotion résident uniquement dans les sphères jusqu’à présent défrichées ? La réponse est que, dans ce contexte de métamorphoses sempiternelles de l’environnement économique, le nec plus ultra, nous semble-t-il, serait de scruter d’autres horizons relatifs à la médiocrité des flux des IDE tout en apportant des évaluations périodiques aux impératifs de l’attractivité.

– Une dernière apostrophe se pose : Pourquoi ces évaluations au jour le jour des exigences de l’attraction des IDE ? La réponse réside dans le fait est qu’au regard de la globalisation économique (qui est un phénomène dynamique remettant sans cesse en cause les acquis), gérer l’attractivité d’une nation, faire que s’expriment ses avantages compétitifs, concurrentiels et construits, agir structurellement sur les générateurs de l’attractivité est un travail de bénédictin et une affaire de longue haleine. La quête de l’attractivité, dans ce contexte de mondialisation, s’apparente de plus en plus au mythe de Sisyphe. Ceci pour dire qu’il n’y a jamais de situation statique, figée et acquise dans l’attractivité des investissements extérieurs. Le terrain des obstacles et des générateurs de l’attractivité reste en friche.