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Carnivores !!!

by Mustapha Maghriti

Le titre de la chronique « Carnivores » risque dévier l’imaginaire des cinéphiles vers le thriller franco-belge  interprété par les actrices Leïla Bekhti, Zita Hanrot, Bastien Bouillon et réalisé par Jérémie et Yannick Renier. Détrompez-vous, il s’agit plutôt de l’empressement outrancier de moult Marocains devant les bouchers à la veille de l’AID ALADHA. En effet, à quelques jours du rituel du sacrifice, la précipitation et la stupéfaction devant les charcuteries : Les prix de la viande atteignent des sommités, la tension et la queue devant les boucheries ne cessa de croître. À Casablanca par exemple, les boucheries enregistrent jusqu’à 40 clients par jour, du jamais vu en temps normal. Résultat : un déséquilibre net entre l’offre et la demande.

Beaucoup pointent du doigt ceux qui, selon eux, ont sciemment provoqué cette hausse, dénonçant une spéculation inavouable de la part des bouchers engendrant des tarifs atteignant jusqu’à 150 Dhs le kilogramme, un niveau très peu observé ces dernières années.

Cette subite amplification des prix s’explique par plusieurs facteurs.

-Primo, une demande exceptionnelle de la part des consommateurs Marocains, qui redoublent les achats en prévision des festivités de l’AID  ALADHA,

-Ensuite, une capacité logistique limitée des abattoirs, où les quotas d’abattage quotidiens freinèrent l’ajustement de l’offre, une offre rigide d’autant plus que les volumes importés, notamment en provenance d’Espagne, se révélèrent insuffisants.

A cet égard, dans les marchés et souks du Royaume, la viande rouge atteint des niveaux de prix rarement observés. Le kilogramme de viande d’agneau dépasse facétieusement les 150 DH.

La viande bovine, de son côté, gravit jusqu’à 120 DH/kg. Et ce n’est pas tout : les abats, très prisés durant l’AID ALADHA, connaissent aussi un envolement spectaculaire. Le foie, la panse « douara », ou encore les tripes s’arrachent à des prix qui fluctuent entre 500 et 600 DH et même 700Dhs dans certaines boucheries.

Au-delà des chiffres, c’est le comportement d’achat des consommateurs qui interpelle. Beaucoup de familles achètent en trop, parfois 5 à plus de 10 kilos de viande d’un seul coup, de peur d’en manquer  afin de préserver l’esprit de fête en cuisinant les plats traditionnels de l’AID ALADHA.

Faut-il évoquer, dans cette chronique, qu’une telle concupiscence des Marocains pour la viande n’était pas même dans les années où Feu Hassan II décida de suspendre le sacrifice de l’AID ALADHA en 1963 avec la guerre des Sables, premier conflit armé du Maroc indépendant avec l’Algérie où il fallait les chétives ressources financières à l’effort de guerre, ou l’annulation de l’AID en 1981 avec la sécheresse accompagnée de mouvements de grève et de protestations sociales ou 1996 marquée par un long cycle de sécheresse où il fallait préserver le cheptel et le pouvoir d’achat des Marocains.   

Au regard de comportement de gloutonnerie, de nombreuses voix se sont élever pour dénoncer une situation jugée indisciplinée. Pour eux, la décision Royale appelant cette année à renoncer au sacrifice de l’AID ALADHA visait avant tout à soulager les Marocains, en particulier les plus vulnérables, déjà durement affectés par l’envolée des prix des moutons l’an dernier.

En effet, Cette année, conformément aux instructions Royales, le Maroc a officiellement annulé l’AID ALADHA qui est le 4éme depuis l’indépendance, le sacrifice rituel islamique du bétail ou la fête du mouton, en raison des 7 années consécutives de sécheresse qui affectent les saisons agricoles dans le pays qui ont entraîné une baisse de 38% du cheptel (par rapport au dernier recensement de 2016.

Le Ministre des Affaires Islamiques, a transmis au peuple Marocain le message télévisé de l’annulation de la fête religieuse, précisant qu’il s’agissait d’une décision prise en application des orientations du Roi Mohammed VI. 

Cette décision, motivée par des défis climatiques et économiques, vise à préserver le cheptel national en crise et à limiter l’inflation liée à la flambée des prix des viandes rouges. 

De ce fait, les autorités ont mis en place des mesures pour endiguer toute tentative de contournement de la décision Royale, notamment en déployant des services de sécurité pour contrôler la vente et le transport de moutons. Aussi, les établissements hôteliers ont également adapté leurs offres pour tenir compte de l’absence de sacrifice, en proposant des forfaits, des packages spéciaux et des activités pour les familles. 

À titre illustratif, à Casablanca et dans sa périphérie, les campagnes de contrôle se sont intensifiées. Les autorités locales, en coordination avec les services de sécurité et la Gendarmerie Royale, ont mis en place des barrages routiers aux principales entrées de la ville afin de bloquer l’acheminement de moutons vers les marchés hebdomadaires ou les lieux de vente improvisés.

Avec cette avidité et une telle fringale, même la viande blanche n’est pas épargnée : La tension sur les viandes rouges a logiquement entraîné un effet de substitution via un report massif vers la viande blanche. Résultat : une hausse rapide et marquée des prix du poulet. Le kilogramme a bondi de 17 à 22 DH en l’espace de trois jours seulement. Le poulet rouge atteint les 16 DH/kg, tandis que le beldi, plus rare, se négocie entre 75 et 80 DH/kg.

Cette augmentation est le fruit d’un double phénomène :

-D’une part, une demande croissante des familles à la recherche d’alternatives abordables à la viande rouge.

-D’autre part, une série de facteurs structurels qui pèsent sur l’ensemble de la filière avicole : flambée des prix des aliments pour bétail, hausse des coûts d’élevage, et les perturbations climatiques affectant l’ensemble des chaînes d’approvisionnement.

Au-delà de ces considérations économiques et sociales, l’apostrophe spirituelle qui nous interpelle, les Marocains ont-ils occulté la véritable essence du sacrifice de l’AID ALADHA?

Au-delà du rite du sacrifice d’un animal, l’AID ALADHA ne véhicule-t-il pas des valeurs spirituelles profondes telles que l’obéissance Divine dans la foi Musulmane ? 

Des Marocains n’ont-ils pas oublié que l’AID ALADHA est une occasion et une opportunité spirituelle de se rapprocher de Dieu, de renouveler leur foi et de renforcer leur engagement envers les valeurs de l’islam.

En somme, l’AID ALADHA est une fête riche en symbolisme spirituel, invitant les Musulmans à réfléchir sur leur foi, leur engagement envers Dieu. Et n’oublions pas, en guise de conclusion,  que le Prophète SIDNA MOHAMMED que le SALUT et le SALAM soit sur LUI a accompli non seulement un sacrifice personnel, mais aussi un sacrifice au nom des membres de sa communauté et sa Oumma qui ne pouvaient pas se le permettre, ceux de qui n’avaient pas les moyens d’en faire.

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