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Pour une dynamisation du Commerce Extérieur du label Maroc : Apport analytique

by Mustapha Maghriti

Le Commerce Extérieur désigne l’ensemble des échanges commerciaux de biens et de services entre des pays différents. Il est composé des importations (achats de biens ou services marchands à l’étranger) et des exportations (ventes de biens ou services marchands à l’étranger). Ces échanges permettent aux pays de se procurer des produits qu’ils ne produisent pas localement ou en quantités insuffisantes, et de vendre leurs propres produits à l’étranger. Et parmi les objectifs de la politique économique, de chaque Gouvernement, un équilibre de la balance commerciale ou le nec plus ultra un excédent commercial via une maitrise des importations et une dynamisation des exportations à travers une compétitivité des produits locaux.

Aussi, le Commerce Extérieur, qui occupe une place stratégique dans le processus de développement, reflète la compétitivité du tissu productif national et illustre la capacité du pays à attirer les investissements étrangers et renforce son positionnement dans les chaînes de valeur mondiales.

Exporter plus, exporter mieux, n’est-ce pas là la préoccupation de tous, pouvoirs publics, entreprises,  associations, fédérations, organismes multilatéraux, l’Organisation Mondiale du Commerce  OMC, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement CNUCED, Centre Islamique de Développement du Commerce (CIDC)…….etc.

C’est dans ce contexte que le Maroc se dote d’une nouvelle feuille de route ambitieuse pour dynamiser son commerce extérieur sur la période 2025–2027 où le chef de l’exécutif Aziz Akhannouch a présidé, Mercredi 28 Mai 2025 à Casablanca, la cérémonie de lancement officiel de la Feuille de route du secteur du Commerce Extérieur pour la période 2025–2027 ; une « Road Map » s’articulant autour de 3 objectifs stratégiques qui sont la création de quelque 76.000 postes d’emploi nouveaux, l’élargissement de la base des exportations à travers la création, chaque année, de 400 nouvelles sociétés d’export et la réalisation de 84 Milliards de dirhams (MMDH) supplémentaires dans le secteur de l’export.

Certes, le Maroc a réalisé des avancées notables en matière des exportations Marocaines qui ont grimpées de 185 Milliards de dirhams en 2012 à 455 Milliards en 2024, tirées pour l’essentiel par le secteur automobile avec 157,6 Milliards de DH, en hausse de 6,3%en 2024 notamment avec la construction automobile et le câblage, le phosphate et dérivés  86,75 Milliards de DH (+13,1%) et l’aéronautique  26,44 milliards de DH (+ 14,9%). Cependant, moult challenges structurels persistent. Les exportateurs demeurent vigoureusement polarisées tant sur le plan géographique où plus 75 % sont cantonnées sur le contient Européen, que sur le plan sectoriel où 92 % des produits exportés sont concentrées sur six filières.

En outre, 85 % de l’offre exportable provient de l’axe Tanger-Casa, ce qui révèle une distorsion territoriale que la nouvelle feuille de route du commerce extérieur doit de reconsidérer.

En sus, le taux de couverture des importations par les exportations au Maroc demeure très limité (59,8% en 2024). Dit autrement sur 100 dhs des importations, 40,2 dhs sont financées par les recettes d’exportation, ce qui signifie que les exportations compensent médiocrement les importations et qu’elles continuent à éroder les recettes en devises.

En outre, ce taux de couverture montre que les importations augmentent plus rapidement que les exportations, ce qui s’est traduit par une aggravation du déficit commercial de l’ordre de 108 Milliards de dirhams  à fin Avril 2025, contre 88 Milliards de dirhams par rapport à 2024, marquant ainsi une aggravation de 22,8%.

A ce titre, nous avançons que le creusement du déficit commercial en soi ne doit pas porter une connotation péjorative sur la santé économique d’un pays ; il n’est pas forcément une mauvaise nouvelle : Le déficit commercial des USA, première puissance mondiale, n’est-il pas la meilleure pièce à conviction ? Un tel hiatus commercial n’ascensionne-t-il pas à 140,5 Milliards de dollars en Mars 2025, selon les statistiques publiées par le Département Américain du Commerce ?

A notre sens, le danger du déficit commercial est tributaire plutôt de la structure du Commerce Extérieur d’une économie donnée. A titre illustratif, selon que le déficit soit déclenché par une chute des exportations ou par une hausse des importations de biens d’investissement, il peut-être considéré comme une mauvaise ou une bonne nouvelle.
En réalité, notre réaction à la  » Keynésienne  » de considérer les importations comme une fuite du système économique et de la richesse d’un Etat, n’est pas toujours justifiée, surtout lorsque l’on considère la nature et l’ossature du commerce mondial dans le contexte de la géopolitique mondiale. En effet, avec la globalisation et le fractionnement du processus de production, c’est de plus en plus rare de trouver une économie pouvant produire tout seul un bien de l’amont à l’aval puisque, pour exporter, les producteurs sont obligés d’importer les autres inputs pour l’output en question. Ainsi, davantage d’importations peuvent être nécessaires pour nourrir plus d’investissement, de production et d’exportations nationales. C’est ce raisonnement, au demeurant pertinent, qui semble justifier la position qui considère que l’aggravation du déficit commercial pourrait être le miroir d’une dynamique d’investissement et d’exportation. Cette spéculation peut-elle s’appliquer au cas Marocain ? 

Concrètement, dans le cas de l’économie Marocaine et en vertu des dernières statistiques de l’Office de Change, quand on appréhende que les produits finis d’équipement ont enregistré la hausse plus marquée avec +13,3% ou +7,27 MMDH, on pourrait être tenté d’y imaginer un signe de dynamisme économique. Toutefois, la réalité est beaucoup plus complexe dans le cas Marocain. En effet, la crue des importations des demi-produits est étirée notamment par les usines de construction Automobile et Aéronautique.

C’est dans ce sens que la feuille de route vise à améliorer le taux de couverture des importations par les exportations et ce en renforçant les exportations nationales par la percée des marchés extérieurs et en orientant nos politiques commerciales vers la préservation de la soutenabilité financière et commerciale.

En sus, une autre carence aussi et non des moindres est l’insuffisance de notre compétitivité étayée, sur la baisse des coûts salariaux à des fins de stratégie d’exportation. A nos sens, la compétitivité internationale ne peut se cloîtrer au coût du travail. En effet, eu égard aux différentes réévaluations du SMIG au Maroc, cet avantage comparatif du bas salaire ne cesse de s’effriter au point que le travailleur Marocain est devenu plus onéreux comparativement à d’autres pays tels que la Corée du Sud, le Taïwan, la Malaisie ou encore la Turquie.

Il nous semble que compter pour l’essentiel sur les bas salaires pour percer les marchés étrangers revient à croire qu’il existe une bataille industrielle et commerciale greffée sur le seul critérium du bas salaire. Dans un tel cas, comment expliquer alors que les pays développés, où le coût du travail est plus élevé sont compétitifs sur les marchés internationaux que les pays moins développés à l’instar de l’économie allemande, irlandaise ou suisse ? 
Faire valoir exclusivement le bas salaire ne peut que condamner le tissu économique marocain à se figer dans un stade précaire de développement industriel et technologique, ce qui ne favorise pas sa dynamique économique, ainsi que la percée des débouchés internationaux. 

La dynamisation du Commerce Extérieur passe immanquablement par l’amélioration de la compétitivité. Une telle compétitivité n’est pas un long fleuve tranquille, le chemin reste long pour aller vers une meilleure compétitivité industrielle et commerciale, gage d’une croissance soutenue et inclusive. L’aiguisement de la productivité du travail, permettra non seulement de resserrer notre compétitivité prix, mais aussi, et surtout, de converger vers une compétitivité basée sur la qualité, le know-how et l’innovation.

L’ancrage du taux d’intégration pour les nouvelles industries installées au Maroc devrait être un Must pour galvaniser des spillovers conséquents sur le reste des secteurs rivés directement ou indirectement aux investissements étrangers. Pour se faire, le tissu productif Marocain a besoin d’un climat des affaires plus fertile et propice aussi bien pour les investisseurs étrangers que locaux pour cultiver et débroussailler une meilleure division international du travail et une large spécialisation mondiale.

Aussi, la consolidation de notre Commerce Extérieur processionne par une plus grande diversification de notre offre exportable qui passe intarissablement par l’amélioration de notre compétitivité, laquelle exige une hausse de notre productivité.

Par ailleurs, le renforcement du Commerce Extérieur refile à travers des rencontres sectorielles avec les fédérations et les professionnels et des tournées régionales, ainsi qu’une étude rigoureuse visant à identifier les opportunités spécifiques pour chaque marché et chaque produit à même d’offrir aux exportateurs un cadre clair pour choisir les outils adaptés à la diversification de leur offre, à l’optimisation de la qualité, et à l’accès à de nouveaux débouchés. A cet égard, l’un des outils clés présentés à l’occasion de la cérémonie  de lancement officiel de la  nouvelle feuille de pour dynamiser son commerce extérieur sur la période 2025–2027 est la plateforme numérique « One Shop Store Export », pensée pour centraliser les démarches administratives et améliorer l’accès aux dispositifs de soutien à l’export.

Par ailleurs, le raffermissement passe par plusieurs chantiers, dont le renforcement de la diplomatie commerciale, la réalisation d’études de marché approfondies, des actions promotionnelles, une offre de formation adaptée, des dispositifs de suivi et d’accompagnement des projets exportateurs, ainsi que l’assurance à l’exportation pour les entreprises exportatrices Marocaines.

C’est dans ce sens et en marge du lancement de la feuille de route du commerce extérieur sur la période 2025–2027, une convention de partenariat a été signée pour la mise en place d’un dispositif national d’assurance-crédit à l’export entre, le Ministère de l’Industrie et du Commerce – Maroc, le Secrétariat d’État chargé du Commerce Extérieur, le Ministère délégué auprès de la Ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) et l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations  AMDIE. Ce dispositif constitue une avancée majeure pour permettre aux entreprises Marocaines de conquérir de nouveaux marchés, notamment en Afrique. Il vise à :

– Renforcer la protection des entreprises exportatrices contre les aléas liés au commerce international, en couvrant à la fois les risques commerciaux et politiques ;
– Sécuriser leurs engagements contractuels à l’export, notamment sur des marchés nouveaux ou peu couverts;

– Encourager la diversification géographique des exportations, en facilitant l’accès à 15 marchés africains prioritaires dans une première phase pilote.
Ce mécanisme, adossé à une garantie de l’État, repose sur une collaboration étroite de l’ensemble des parties prenantes et sur l’implication directe des assureurs-crédit et du réassureur national.

En guise de conclusion, face aux bouleversements géostratégiques qui fragilisent le commerce mondial, le Gouvernement, le département chargé du Commerce Extérieur et les organismes sous tutelle doivent insister sur la nécessité de donner aux exportateurs Marocains les moyens de réussir, en consolidant leur présence sur les marchés internationaux pour tirer pleinement profit des immenses potentialités dont dispose l’économie mondiale et ce pour faire du Commerce Extérieur un moteur de croissance durable, de création d’emplois, une intégration renforcée dans les chaînes de valeur mondiales et un rayonnement du Maroc à l’international.

Les projets d’investissements productifs en cours ou de gestation, les infrastructures déjà  planifiées ou en cours de réalisation DAKHLA

Le seul aléa en définitive, en définitive que les responsables, à tous les niveaux, essaient de maîtriser c’est celui de l’évolution des données macro-économiques mondiales qu’il s’agisse de l’évolution de la demande ou des comportements économiques. L’importance de cet aléa, au regard des mutations profondes de l’économie mondiale, crée une asymétrie singulièrement contraignante entre les délais souvent longs des processus d’ajustement et les variations erratiques de la conjoncture internationale. La quête de la compétitivité et la dynamisation du Commerce Extérieur, s’apparente de plus en plus au mythe de Sisyphe.

En somme notre réflexion est qu’au regard de la globalisation (qui est un phénomène dynamique  remettant sans cesse en cause les acquis), « gérer la compétitivité d’une nation, faire que s’expriment ses avantages compétitifs, concurrentiels et construits, agir structurellement sur les générateurs de la compétitivité est une affaire de longue haleine.

Ceci pour dire qu’il n’y a jamais de situation acquise dans le Commerce International ; qu’il faut toujours se remettre en cause et ne pas craindre les évaluations périodiques permettant de moduler, au jour le jour si cela est nécessaire, les impératifs de l’ajustement. Il n’y a pas non plus de petits détails, de grandes mesures ou de mesures à négliger. Tout participe à la compétitivité et la consolidation du Commerce Extérieur.

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