
Ce lundi 18 Novembre 2024 s’est ouvert au Musée d’Art Moderne à Rio de Janeiro au Brésil le sommet du G20 placé sous le thème « Construire un monde juste et une planète durable » dans un contexte international fumeux, entre conflits en Ukraine/Russie et au Proche-Orient, exacerbées par des tensions diplomatiques croissantes, risquent de compliquer toute forme de consensus sur des sujets sensibles comme la sécurité mondiale et les droits humains, ainsi que le multilatéralisme, déjà en porte à faux, intimide de se démolir de plus belle avec la résurgence de Donald.Trump à la Maison Blanche après sa victoire contre la démocrate Kamala Harris.
Trois séances plénières aborderont chacune des priorités fixées par le Président du Brésil, Lula da Silva: la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités ; la durabilité, le changement climatique et la transition juste ; et enfin la réforme de la gouvernance mondiale.
Dans cet environnement tumultueux, en tant que président du Brésil, Lula da Silva ( qui a sorti des millions de Brésiliens de l’extrême pauvreté lors de ses deux premiers mandats 2003-2010 notamment grâce à la Bolsa Familia, une allocation versée aux familles les plus modestes à condition que les enfants soient scolarisés,le Brésil veut laisser son empreinte lors de cette réunion où son Président Luiz Inacio Lula da Silva officialisa Lundi le prélude d’une Alliance Mondiale contre la Faim, combattant également la pauvreté, avec 82 pays signataires et 64 organisations internationales à travers ses proses « J’appelle ceux qui sont présents autour de cette table à mettre fin à ce fléau qui est une honte pour l’humanité ! C’est pourquoi nous plaçons le lancement d’une alliance mondiale pour combattre la faim et la pauvreté comme objectif central de la présidence brésilienne du G20. Ce sera notre principal héritage. Il ne s’agit pas seulement de justice. C’est une condition indispensable pour construire une société plus égalitaire et un monde en paix. »
Lors de son discours, Lula da Silva a aussi rappelé que 733 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, soit 9 % de la population mondiale. Le chef d’État a appelé à « éradiquer cette plaie qui fait honte à l’humanité ». Le projet est ambitieux : atteindre un demi-million de personnes d’ici à 2030, en donnant une dimension internationale au combat contre la faim et les inégalités.
Aussi, l’alliance met notamment l’accent sur une meilleure qualité des cantines scolaires, pour lutter contre la pauvreté infantile et favoriser l’aide à la nutrition dans la petite enfance. Rien qu’avec les programmes visant à augmenter le nombre de repas gratuits dans les établissements scolaires de pays pauvres, l’objectif est d’atteindre 150 Millions d’enfants d’ici 2030.

Par ailleurs, les discussions incluent une refonte des institutions multilatérales comme l’ONU, la Banque mondiale ou encore le FMI. Ces organisations, souvent perçues comme obsolètes, doivent mieux refléter les réalités contemporaines et inclure davantage les voix des pays en développement. Ainsi, ce débat crucial vise à rendre la gouvernance mondiale plus représentative et équitable, répondant aux attentes d’un monde en pleine mutation.
Mardi, le sommet abordera des enjeux essentiels comme le développement durable et la transition énergétique. En parallèle, le président brésilien a défendu la taxation des ultra-riches pour financer ces initiatives globales.
De plus, ces propositions s’inscrivent dans un contexte mondial marqué par les crises climatiques, particulièrement ressenties au Brésil, entre inondations, sécheresses et feux de forêt.
Au-delà des tensions liées aux enjeux climatiques, les grands conflits de l’heure ont émotionné le sommet. Dès la première séance plénière, le Président Américain, Joe Biden, appela les pays du G20 à soutenir la « souveraineté » de l’Ukraine contre l’invasion russe où son rival Russe, Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les derniers sommets, est le grand absent à Rio, où il est représenté par son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
L’apostrophe de Joe Biden prit une réverbération particulière à un moment stratégique : les Etats-Unis ont donné dimanche l’aval à Kiev d’utiliser leurs missiles de longue portée pour frapper en profondeur le territoire russe. Le président français, Emmanuel Macron, a jugé lundi « tout à fait bonne » la décision de Washington.
Sans condamner Moscou, le G20 a réprouvé la menace ou l’usage de la force pour chercher des gains territoriaux en saluant toutes les initiatives pertinentes et constructives en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine.
De sa part, la Chine a été représentée par son Président chinois, Xi Jinping, qui a fait figure d’homme fort du G20, a klaxonné que le monde entre actuellement dans une nouvelle période de turbulences et de changement, lors d’une entrevue avec le Premier Ministre british, Keir Starmer.
L’Amérique Latine, le Président Argentin, le libertarien d’extrême droite Javier Milei, allié de Donald Trump, qui entretient des relations exécrables avec Lula, s’est démarqué durant le sommet en a rejetant plusieurs points de l’accord pour lutter contre la pauvreté, notamment la clause d’une plus grande intervention de l’Etat .
Cependant, les G20 (où ses membres 19 pays, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine représentent 85 % du PIB mondial et 80 % des émissions de gaz à effet de serre) les plus avancés étaient surtout attendus sur le climat, alors que la COP29 de Bakou n’a pas permis, en plus d’une semaine, de dessiner les contours d’un accord entre pays riches et pays émergents sur qui doit financer l’adaptation au changement climatique. D’ailleurs, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, les avait exhortés dimanche à assumer leur « leadership » et à faire « des compromis » pour débloquer les négociations.

Autant en emporte le vent, le résultat est loin d’être probant à la hauteur des attentes : Les leaders du G20 n’ont pas repris dans leur déclaration finale l’engagement à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques », qui, faut-il le rappeler, avait été arraché lors de la dernière COP28 en Emirats Arabes Unis EAU.
Et s’ils reconnaissent « le besoin d’augmenter la finance climatique » et de la porter à « des milliers de Milliards de dollars, provenant de toutes les sources », ils ne précisent pas qui mettra la main à la poche. Or c’est sur cet aspect notamment que les négociations piétinent à la conférence sur le climat qui se tient en Azerbaïdjan.
Et curieusement, les dirigeants renvoient la balle à Bakou, et paradoxalement les personnalités qui prennent les décisions sont en fait à Rio », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Mick Sheldrick, cofondateur de l’ONG Global Citizen. « Ils ne se sont pas montrés à la hauteur de l’enjeu », a-t-il ajouté, regrettant qu’il n’y ait pas « même une référence à ce qui a été obtenu à la COP28 » l’an dernier à Dubaï.
En somme, le G20 se déroule dans environnement jalonné par les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis, le manque de moyens financiers des pays industrialisés pour aider les pays du Sud constituent autant de handicaps qui risquent de réussir la présidence brésilienne à assurer un réel succès.
En Décembre, l’Afrique du Sud prendra la présidence du G20, poursuivant un programme riche en promesses pour le Sud global.
In fine, le G20 est appelé à saisir le moment charnière et à explorer de nouveaux horizons pour continuer de perfectionner la gouvernance mondiale pour bâtir une économie mondiale coopérative. Le G20 doit cesser sa vision paternaliste aux pays du Sud à travers une vision de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité, voir le développement des autres comme une opportunité, non un défi, et considérer les autres comme des partenaires, non des rivaux en renforçant le partenariat économique mondial, intensifier la coordination des politiques macroéconomiques en matière budgétaire, financière, monétaire et de réforme structurelle, développer des forces productives de nouvelle qualité et améliorer la productivité globale des facteurs, pour ouvrir de plus vastes perspectives à l’économie mondiale.

Le G20 doit observer les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies et défendre l’ordre international fondé sur le droit international. En sus, Il est important de valoriser les compétences du G20 pour bâtir un plus grand consensus international notamment dans les domaines économique, financier, commercial, numérique et écologique, améliorer la gouvernance mondiale et promouvoir un monde multipolaire égal et ordonné et une mondialisation économique bénéfique pour tous et inclusive.