Le Forum économique mondial, qui réunit chaque année le milieu du affaires , responsables politiques, organisations internationales, intellectuels, et journalistes afin de débattre des paris et des défis de la mondialisation, a ouvert le bal Lundi 15 Janvier 2024 dans la station alpine DAVOS avec plus de 2.800 participants, dont au moins 60 chefs d’État et de gouvernement, ont répondu présents.
Faut-il rappeler Le WEF a été fondé en 1971 par Klaus Schwab, un économiste et professeur suisse-allemand, dans le but d’encourager la coopération mondiale sur des questions politiques, sociales et économiques. La première réunion du WEF, il y a cinq décennies, s’est tenue à Davos, qui est depuis lors le centre de son rassemblement annuel, le nom de la station étant même devenu l’abréviation courante de l’événement.
Les thématiques et les participants aux sessions approfondies de ces 5 jours de débats, de discours et de réflexions ont été annoncés par le Forum économique mondial de DAVOS, qui ambitionne cette année un agenda hyper chargé.
En effet, il est patent que 2024 a amorcé avec toutes les conjectures pour se rappeler comme une année de challenges importants, de risques éventuellement assommants pour la démocratie internationale, le développement, et de changements géopolitiques irrémissibles.
D’ailleurs, plusieurs experts ont déjà qualifié le scénario de base de ce 54éme Forum de Davos de plus amphigourique à ce jour à travers les fulminations géopolitiques qui se sont accentuées dans le monde entier ces dernières années, avec la guerre de la Russie en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, ainsi que l’impact sur la navigation en mer Rouge récemment.
La Chine est devenue, quant à elle, un acteur incontournable sur l’échiquier des relations internationales. Sa confrontation avec les États-Unis est une variable cruciale de l’ordre géopolitique contemporain avec, d’une part sa rivalité avec les États-Unis en matière de domination technologique et d’autre part une pression militaire pour affirmer ses revendications de souveraineté de réunification » de Taïwan.
L’élection Taïwanaise du 13 Janvier 2024 ouvre une année jalonnée par plusieurs scrutins dont le résultat aura une lourde incidence sur les équilibres mondiaux. L’arrivée au pouvoir d’un nouveau président à Taïwan, dans un contexte marqué par d’importantes pressions diplomatiques, économiques et militaires chinoises et une relation Sino-Américaine tendue dont Taipei peut être une victime collatérale, s’accompagne d’importants défis concernant l’identité taïwanaise, l’économie, mais aussi les équilibres dans la région.
Rebâtir la confiance dans l’avenir et au sein des sociétés, c’est le slogan de l’édition 2024 de Davos où des dizaines d’orateurs du monde entier et de différents horizons débattront durant 5 jours à Davos. Et pour cela, les discussions vont être articulées autour de 4 thèmes centraux :
-Assurer la sécurité et la coopération dans un monde fragmenté ;
-Créer de la croissance et des emplois pour une nouvelle ère ;
-L’intelligence artificielle comme moteur de l’économie et de la société ;
-Une stratégie à long terme pour le climat, la nature et l’énergie.
Ces quatre défis cruciaux soulèvent de nombreuses apostrophes sur l’avenir de la géopolitique mondiale : Comment pouvons-nous régenter fructueusement les crises sécuritaires, telles que la situation actuelle au Moyen-Orient ? Comment les gouvernements, les entreprises peuvent-ils cohabiter autour d’un nouveau cadre économique afin d’éviter une décennie de faible croissance et de replacer le citoyen lambda au centre d’un sentier plus florissant ? Comment pouvons-nous manier sans effets pervers l’intelligence artificielle au profit de tous ? Comment développer une approche systémique à long terme pour parvenir aux objectifs d’un monde sans carbone et respectueux de la biosphère d’ici 2050, tout en approvisionnant la communauté internationale à un accès sûr et inclusif à l’énergie, à la nourriture et à l’eau ?
Le choix de cette thématique et de ses sujets sous-jacents est expressif et éloquent de l’état actuel du monde et de la vulnérabilité de la géopolitique mondiale. En effet, la succession de crises, surtout financières et économiques, depuis le début des années 2000, suivie d’événements tragiques majeurs planétaires, comme la crise sanitaire Covid19, le tout sur une trame de catastrophe climatiques manifeste, ont fini par transfigurer viscéralement la perception du monde, les modes de vie, parallèlement à des sentiments de doute, d’incertitude et de peur du futur.
Un feeling de clair-obscur et de pénombre. Voilà l’état d’esprit qui semble prédominer en ce début d’année 2024 parmi le panel des dirigeants d’entreprise interrogés par le cabinet de conseil et d’audit PwC menée pour la 27éme année consécutive et publiée Lundi à l’occasion du Forum économique de Davos, l’enquête Global CEO Survey atteste comment les patrons s’adaptent piano piano au foisonnement des crises mondiales.
A l’échelle mondiale, les sondés se montrent très écartelés sur ce que réserve 2024 : Ils sont 45 % à prophétiser une décélération de la croissance mondiale, 38 % une amélioration et 16 % une stagnation. Le consensus des dernières années a ainsi volé en éclats : début 2021 et début 2022 , les 3/4 des dirigeants se disaient optimistes pour la croissance mondiale, au moment où la planète semblait avoir surmonté le plus gros anathème de la crise sanitaire du Covid19. Il y a un an, ils étaient la même proportion à présager, cette fois, un relâchement de la croissance sur fond de guerre en Ukraine et de flambée des prix.
Cette année 2024, l’enquête traduit l’incertitude qui prévaut, alors que les crises se sont enchaînées, en cascade : pandémie de Covid19, rupture des chaînes d’approvisionnement, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation, hausse des taux… et brusque résurgence du conflit israélo-palestinien et les attaques en mer rouge près du détroit de Bab Al-Mandab considéré comme une « autoroute de la mer » reliant la Méditerranée à l’océan Indien , et donc l’Europe à l’Asie rendant vulnérable le commerce mondial par lequel transite 40 % des échanges commerciaux.
D’ailleurs, L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est moins optimiste pour le commerce mondial cette année, a indiqué ce Mercredi à Davos sa secrétaire générale Ngozi Okonjo-Iweala, faisant notamment part de « l’aggravation des tensions géopolitiques, les disruptions qu’on voit en mer Rouge, sur le canal de Suez, le canal de Panama »
En sus, un rapport du Forum économique mondial de Davos publié la semaine dernière mettait également en évidence l’agitation et l’inquiétude croissante des dirigeants liée à l’intelligence artificielle IA. L’étude plaçait la désinformation à l’IA en toute première place des risques pour la planète pour les deux prochaines années.
Avec l’envolée et la célérité des nouvelles technologies de l’information, des réseaux sociaux et de l’Intelligence Artificielle IA, la désinformation se déverse très rapidement et contribue à attiser encore les conflits et la défiance entre les groupes sociaux.
Ce risque de désinformation est le plus rébarbatif identifié à court terme par le rapport, qui rappelle que la cohésion d’une société étançonne en grande partie sur la capacité de celle-ci à garantir une information translucide, libre et fiable, permettant de fluidifier notamment les processus démocratiques et électoraux. Or, dans les prochains mois, ce sont plus de 4 Milliards de personnes dans le monde qui seront appelées aux urnes pour des élections qui pourraient être foncièrement ébranlées par les Fake News et la désinformation. Les élections Européennes, en 2024, mais aussi l’élection présidentielle à l’Oncle Sam, les législatives Indiennes, ou les élections générales au Mexique, pourraient ainsi être travesties. Une gageure de déstabilisation politique qui tombe au pire moment, à l’heure où le planète doit prendre des décisions cruciformes et décisives au regard du branchement des crises économiques, sociales et environnementales.
Dans cette nouvelle mouture planétaire de course à la survie, la souveraineté industrielle, alimentaire et sanitaire, la gestion des ressources et la recherche de nouvelles, le recentrage des stratégies sur l’élément humain, le développement durable et responsable, la créativité et la capacité à réinventer les modèles seront autant de paramètres décisifs dans un contexte de changement climatique , de l’envolée de l’inflation , des risques de dettes publiques non honorées et de récession économique, et des bouleversements géopolitiques qui l’accompagnent, des aides humanitaires et de la reconstruction , autant de débats et de thèmes auxquels débattront les analystes et experts fin d’améliorer l’état du monde et de tenter de trouver des solutions impératives et impérieuses aux grands problèmes urgents de la géopolitique mondiale, rétablir la confiance, stimuler la coopération internationale, jeter les jalons et les balisages d’un avenir plus résilient, durable et inclusif et éviter l’épée de Damoclès d’un ordre multipolaire et fragmenté qui risque de se façonner au cours de la prochaine décennie.