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Caucus Africain ou l’impérieuse nécessité d’une intégration régionale Africaine au regard d’une mondialisation à fleur de peau

by Mustapha Maghriti

À l’heure où les chaînes de valeur mondiale, les réseaux de la logistique, de transports sont parasités et mouvementés à travers la planète et ébranlés par la guerre en Ukraine et où l’épée de Damoclès d’une ample famine alimentaire mondiale attise l’affolement et l’égarement de nombreux pays, le continent Africain ne peut plus compter sur le reste du monde ; il ne peut compter que sur lui même. A cet égard, la coopération et l’intégration régionale intra-africaine s’impose plus que jamais.

Actuellement, et avec le recul plusieurs décennies, les expériences historiques du commerce mondial montrent que la formation de blocs régionaux obéit à une logique géopolitique plutôt qu’un dessein de s’exclure du jeu de la mondialisation.

Aussi, le régionalisme de ces deux dernières décennies est plutôt un régionalisme avec des blocs régionaux centrés chacun sur un pays leader pour tirer profit des externalités positives et des possibilités de rattrapage où, il est possible de s’intégrer en profondeur, d’harmoniser les politiques commerciales et d’établir des standards communs.

Dans ce contexte, l’intégration régionale Africaine permettra de réduire la dépendance vis-à-vis des Etats omniprésents et hégémoniques qui décrètent leurs lois et régentent le jeu de la mondialisation.

En sus, l’intégration régionale Africaine constitue une réplique aux défaillances du multilatéralisme et à l’impasse du cycle de Doha de 2001, cycle dont l’une des ambitions est d’améliorer l’accès des pays en développement aux marchés des pays riches, notamment en ce qui concerne les produits agricoles.

Ainsi l’ambition de l’intégration régionale est d’aller plus loin sur les dossiers qui sont au point mort pour paraphraser le prix Nobel Lawrence Robert Klein.

Pour le continent noir, la suppression des obstacles au commerce transfrontalier et la création de sites de production régionaux capables de produire des biens essentiels relève d’une urgence prioritaire pour l’Afrique.

Alors que le libre jeu des échanges de la métaphore de la main invisible d’Adam Smith n’est qu’une phraséologie, alors que s’estompent les alignements de partage égalitariste de l’idéologie d’antan n’est qu’une chimère, que les promesses d’un nouvel ordre international faites par Washington au lendemain de la première guerre du Golfe ne sont qu’une rêvasserie, une géopolitique mondiale multipolaire émerge dans le méli-mélo.

L’intégration régionale Africaine offre une marge de manœuvre élargie aux pays africains qui disposent, déjà, de la plus grande union douanière du monde : la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ; Zone de libre échange qui a ouvert une nouvelle ère pour le commerce panafricain.

La Zlecaf est une aubaine aux pays du continent Africain d’aller encore plus loin dans l’intégration régionale Africaine. D’ailleurs, la célérité dans les avancées des négociations et des ratifications et l’accord récent sur les règles d’origine est un subterfuge des pannes de la mondialisation et permettra d’accélérer l’intégration des économies Africaines entre elles et dans les chaînes de valeur mondiales.

Dans cette atmosphère d’une globalisation à fleur de peau, les économies Africaines pourront, ainsi, saisir cette opportunité, non seulement, au regard d’une perturbation des chaines d’approvisionnement, développer les canaux de transport, mais aussi évaser l’accès aux « Information superhighway«  ou aux autoroutes de l’information pour reprendre l’expression de l’ancien , vice-président des  USA  de Bill Clinton , Al Gore (systèmes de communication numériques et le réseau de télécommunications Internet  etc.) et profiter des opportunités offertes par la révolution numérique qui se déchaîne sur l’Afrique.

Cette intégration régionale Africaine s’impose d’autant plus que la 1ère réunion ministérielle des Etats Africains Atlantiques dont les travaux s’articulent autour de trois thématiques, à savoir, «Dialogue Politique, de Sécurité et de Sûreté», «Économie Bleue et Connectivité» et «Environnement et Énergie», qui s’est tenue récemment à Rabat à l’invitation du Maroc, constitue une occurrence indéniable pour appréhender et projeter une vision Africaine commune sur cet espace éminent, de promouvoir une identité atlantique Africaine et de faire-valoir en chorale Africaine les intérêts stratégiques du Continent.

Cependant, corrélativement à cette coopération régionale intra-africaine élargie, l’interconnexion mondiale oblige une réponse internationale animée par un inconditionnel de cohésion, d’adhérence et de responsabilité partagée engageant un partenariat encore plus inclusif  et plus innovant de la part des pays développées pour surpasser les contrecoups pervers de la crise de la pandémie et relancer les secteurs économiques phares et développer des chaines de valeur.

Certes, la communauté internationale, notamment les deux institutions de Brettons Woods, Fonds monétaire international et la Banque mondiale, se sont largement mobilisés pour venir assistance et soutien aux pays affligés en cascade par la pandémie Covid-19 et la crise Russo-ukrainienne à travers des mesures et des initiatives d’allégement du poids du service de la dette, de réduction leur déficit de financement et de préservation de leurs équilibres extérieurs.

Toutefois, ces mesures, bien que méritoires, restent parcimonieuses, eu égard à l’amplitude des challenges et des carences structurelles persistantes dans les modèles de croissance économique et les réseaux de protection sociale en Afrique auxquels les pays Africains sont acculés.

De nombreuses économies Africaines sont peu diversifiées et reposent en grande partie sur l’exportation de matières premières. Outre des filières agricoles largement subordonnées aux aléas climatiques, elles pâtissent d’une faible mise en valeur du potentiel démographique considérable dont elles disposent.

Afin de corriger ces défaillances, les efforts doivent s’intensifier pour élaborer des programmes intégrés de développement, selon des objectifs clairs et des instruments de financement innovants.

Ces dispositifs devront inscrire le citoyen Africain au cœur de leurs préoccupations et s’articuler essentiellement autour d’une mise en valeur des opportunités d’intégration économique entre les pays Africains

Ceci est d’autant plus d’actualité  que le Souverain Marocain a adressé une missive aux participants à la réunion du Groupe Africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des États africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Caucus africain), ouverte mardi dernier 5 juillet 2022 à Marrakech.

Dans cette épistole, Souverain Marocain a indiqué que le monde sortait à peine de l’emprise de la pandémie de Covid-19 que l’économie globale s’est trouvée prise dans une spirale de perturbations inédites des chaînes d’approvisionnement et soumise à des pressions inflationnistes croissantes et à une hausse record des cours de l’énergie, des produits alimentaires et des matières premières.

Cette crise affecte inégalement les pays Africains, ses effets variant selon les potentialités économiques et les besoins de chacun en matières premières, notamment énergétiques et alimentaires.

Le continent Africain apparaît, dans cette conjoncture difficile, comme l’une des régions les plus touchées, tant au regard des multiples périls qui menacent sa sécurité alimentaire et énergétique que de la baisse des taux de sa croissance économique.

Dans cet environnement de pénurie des financements concessionnels et de durcissement des conditions de leur attribution, l’augmentation des besoins en financement entraîne un renchérissement aigu du service de la dette qui plombe davantage la situation économique de nombreux pays Africains.

Et afin d’atténuer ces défaillances, les efforts doivent s’intensifier pour élaborer des programmes intégrés de développement, selon des objectifs clairs et des instruments de financement innovants, notant que ces dispositifs devront inscrire le citoyen Africain au cœur de leurs préoccupations et s’articuler essentiellement autour d’une mise en valeur des opportunités d’intégration économique entre les pays Africains.

Ils supposent en outre une implication active du continent dans la dynamique de transformation numérique et de transition énergétique à l’œuvre dans le monde.

La coopération commerciale et économique entre les pays Africains permettra aux États Africains de se doter des ressources suffisantes pour promouvoir la dynamique de développement durable et, in fine, assurer à leurs peuples respectifs les conditions d’une vie décente et paisible à l’instar du projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigéria qui devrait fortement contribuer à renforcer la sécurité énergétique de bon nombre de pays Africains.

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