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Bank ALMAGHRIB entre le marteau d’une politique monétaire accommodante et le marteau de l’inflation

by Mustapha Maghriti

De charybde en scylla, après la pandémie du Covid-19 c’est l’autre pandémie de l’inflation qui vient de consumer le pouvoir d’achat des ménages et déboussolant les banques centrales abreuvés de l’évangile de Milton Friedman, le plus grand apôtre du monétarisme.

Partout dans le monde, l’étau inflationniste actuel a acculé moult banques centrales à manœuvrer de l’ajustement de leur taux directeur en évoquant le spectre d’une nouvelle crise financière similaire à celle de 2008.

A titre illustratif, en Europe comme aux États-Unis, les taux directeurs vont être relevés pour la première fois depuis dix ans. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé il y a quelques jours de relever les taux directeurs de 25 points de base (pdb) en juillet, puis en septembre, tandis que la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé une troisième hausse de ces taux, se situant désormais dans une fourchette comprise entre 1,50 et 1,75%. Au Maroc, après un écartèlement entre sa mission de stabilité des prix et les objectifs de la relance économique post-Covid-19, le Boss de l’institut d’émission Abdellatif Jouahri a tranché le nœud gordien en gardant inchangé le taux directeur restant fidèle à sa politique monétaire accommodante d’obédience Keynésienne afin de continuer à soutenir l’activité économique.

Ainsi, le taux directeur est maintenu inchangé à 1,5% et ce, alors que dans les grandes économies, les Banques centrales ont adopté une autre attitude, à savoir augmenter les taux directeurs pour faire face à l’inflation. Au regard de cette commotion, Abdellatif Jouahri, patron de BAM est donc resté alcyonien et serein, argumentant ainsi ce statu quo :

– Primo, l’artisan de la politique monétaire a intégré dans ses anticipations les corollaires des décisions prises dans le cadre de l’accord social du 30 avril 2022

– Secundo, le façonnier du levier monétaire à travers ce statut quo tient compte de la nature des contraintes inflationnistes, intrinsèquement d’origine externe, et pronostique d’un retour escompté de l’inflation à des niveaux modérés en 2023.     

Sommes-nous nos choix comme disait Jean-Paul Sartre ? Cette option de politique monétaire peut-elle se justifier en affrontant une conjoncture économique internationale morose et déprimée attisée davantage par la guerre Russo-ukrainienne ?

Peut-on supputer que les taux d’inflation retrouveront des niveaux dits « canoniques » où la Banque Centrale mise sur un taux d’inflation de 4,7% en 2022, qui devait retomber à 1,9% en 2023 et  sa composante sous-jacente augmenterait de 1,7% à 4,7%, puis décélèrerait à 2,6% selon la boule de cristal de Abdellatif Jouahri .  

Depuis, les tensions sur les prix des produits alimentaires et énergétiques se sont visiblement accentuées. Dans cette aura de renchérissement des matières premières, de goulets d’étranglement au niveau des chaînes de production et d’approvisionnement, ainsi que les tensions inflationnistes sur les marchés des pays développés, la Banque centrale reste quand même très optimiste en tablant sur 2% l’année.

Il nous semble épineux de croire à un optimisme béat que l’on retombera en 2023 à un niveau d’inflation structurellement moins élevé à ce que le Maroc a connu ces 20 dernières années où l’indice des prix à la consommation a évolué en deçà de la fourchette de 2,% sauf pour les années 2002, 2006 et 2008, respectivement de 2,8%, 3,3% et 3,9%, selon le département du Haut Commissariat au Plan HCP

La décision du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) de maintenir le statu quo est de bon sens alors que la tendance mondiale est à la hausse des taux.

Bank Al-Maghrib maintient son contrefort au rebond de l’activité économique : Le milieu des affaires économique est impacté par des paramètres à la fois endogènes et exogènes, où d’une part, l’envol des prix énergétiques et alimentaires alimentée par les tumultes géopolitiques en Europe et d’autre part, la timide campagne agricole au Maroc, à la pluviométrie et à la pesanteur de l’agriculture dans le PIB Marocain.

In fine, pour abriter la stabilité macroéconomique de l’État, il faut que les politiques monétaires et budgétaires agissent en synergie.

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