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Harcèlement & Proposition Indécente

by Mustapha Maghriti

« Harcèlement », le titre semble dévier l’imaginaire des cinéphiles vers le film sulfureux et fétiche « Harcèlement » de Barry Levinson, adaptation du roman homonyme de Michael Crichton , sorti dans le grand écran le 8 Février 1995, incarné magistralement par Michael Douglas et Demi Moore  où Tom Sanders (incarné par Michael Douglas) repousse les avances trop cavalières de sa nouvelle patronne. Aussi, « Proposition Indécente » le titre semble égarer le mental des cinéphiles vers le film culte « Proposition Indécente » d’Adrian Lyne, sorti dans l’écran géant le 12 Mai 1993, interprété solennellement par le duo Robert Redford et Demi Moore…….

Détrompez-vous, Il n’en est rien, il s’agit des deux grands scandales qui ont enflammé la toile et ont  ébranlé  le secteur  de l’enseignement supérieur  Marocain  connu  médiatiquement sous le nom « Sexe contre bonnes notes » : Il y a quelques mois , c’était la Faculté des sciences de l’éducation de Rabat, l’Université Moulay Ismaïl de Meknès et l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan, hier c’était l’université de Settat dans laquelle plusieurs professeurs universitaires de Droit et d’Economie sont impliqués dans des avances indécentes contre validation de notes. Aujourd’hui, c’est l’ENCG d’Oujda qui est accusée par de nombreux témoignages d’étudiantes de ladite école de commerce de harcèlement sexuel en échange de faveurs pour l’obtention ou la validation de leur année d’étude. 

Les ripostes ne se sont pas fait attendre et force est de constater que la direction de cet établissement de l’Oriental, ainsi que son université de tutelle dénoncèrent l’acuité des faits reprochés et le soutien aux victimes présumées et de facto la direction de l’ENCG a été acculée à démissionner sous ordre du Ministre de tutelle.

En sus, ces avances obscènes ont été fortement colportées, provoquant la contrariété des internautes, mais aussi de députés au Parlement, et de militants d’ONG des droits des femmes, dont la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF)

Note chronique n’est pas de dénoncer tel ou tel professeur, ou d’investiguer sur les différentes enquête diligentées à l’Oriental, sur le professeur incriminé, le directeur général, la directrice adjointe ou le secrétaire général de ces établissements universitaires.

Notre missive transcende ces actes cynique pour alléguer combien de femmes éventuellement silencieuses sous plusieurs contraintes ont-elles été victimes du corps professoral avant que les gouttes d’eau ne font déborder le vase pour que des témoignages et aveux finissent par faire surface ? Combien de manœuvres ordurières  analogues se déroulent au jour le jour dans des établissements d’éducation, supérieure ou universitaire, publique ou privée, mais aussi dans le monde professionnel ? Combien de femmes, de sœurs, de filles, de mères, allons-nous sacrifier en nous rendant coupables de couvrir leurs silences de bourreaux, alors même que partout dans le monde les voix s’élèvent contre la prédation des femmes ?

A l’évidence, s’il n’est pas possible d’identifier des professeurs pervers qui profitent du poids d’une société macho où la voix de la Femme est consciencieusement discréditée, nous devons au moins ne pas leur faciliter la tâche : Avec l’ère du covid-19 où le distanciel prédomine dans de l’enseignement, Il est saugrenu que Messenger et les DM Instagram soient des plateformes d’échange alors même que les uns et les autres y partagent sur leur profil des informations personnelles. Avec ces comportements, le loup est de bon gré invité dans la bergerie et les atteintes sont collatérales.

Face à ces intrigues immondes et immorales, le staff de l’Université Mohammed 1er, dont dépend l’ENCG d’Oujda a proposé aux étudiantes qui subissent des outrages sexuels un numéro vert et une adresse e-mail où les étudiantes peuvent dénoncer des comportements qui porteraient atteinte à leur dignité.

D’autres part, des mouvements féministes ont aussi lancé différents hashtag (#MetooUniv) ou « #Hta_ana_baraka_harcèlement_université pour dénoncer le harcèlement sexuel et à recueillir les propos des victimes ou des témoins dans le milieu universitaire.

S’agit-elle de la solution et de la panacée pour éradiquer ce phénomène ? Certainement non, c’est un mal social où l’on agisse sur les symptômes au lieu des causes.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous pensons qu’il faut agir sur 2 volets :

– Le premier volet : Le corps professoral doit intérioriser et se mettre en face du miroir la mission noble qui lui incombe devant sa conscience, sa déontologie, sa famille, sa religion, les émoluments qu’ils touchent et sa patrie.  

Les professeurs débauchés et jouisseurs, qui usent de ces instruments audibles et ignobles, doivent faire tourner 8 fois dans leur esprit et avoir conscience que ces propositions indécentes remettent en cause le système d’évaluation universiataire, la culture de la méritocratie, sa crédibilité, sa transparence, sa légitimité et met les pleines phares sur la nature et l’essence même du métier noble, suréminent, et surhumain de l’enseignant.

Aussi, les logiques de corporatisme distillent un sentiment d’appartenance et de solidarité dans le corps professoral entendue comme corporation plus comme profession sublime et vénérable, constituent une entrave rédhibitoire à la culture de droit et du mérite au sein de l’entité universitaire.

– Le second volet : Le sexe contre bonnes notes ne constitue qu’une partie émergée de l’Iceberg : Ce phénomène ne passe-t-il pas sous silence et sous le joug d’une culture phallocrate et mieux encore inculquée de misogynie à l’égard des femmes et crée un climat d’impunité et reloge la Femme dans une situation d’être humain offensé et dessaisi dans ses droits fondamentaux sans que justice soit rendue.

Et rappelons-nous haut et fort dans cette chronique : Il serait fallacieux et erroné de croire que cette pratique pervertie soit taxée uniquement sur le Maroc, ou des pays en développement. Elle existe bel et bien dans les pays développées et sur d’autres cieux considérés comme les pays de lumière à l’instar du rebondissement de l’affaire du fameux journaliste et présentateur de 20H ( antenne 1 et TF1) Patrick Poivre d’Arvor connu  sous le nom PPDA où 25 femmes, dont sept à visage découvert, prirent la parole dans le journal Libération pour raconter des faits de viol, d’agression sexuelle ou de harcèlement sexuel qu’elles disent avoir subis de la part de Patrick Poivre d’Arvor, sur une période allant de 1993 à 2008 ou l’affaire du célèbre écologiste, ancien animateur d’Ushuaia et ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot qui est mis en cause pour des faits de violences sexuelles et de harcèlement par plusieurs femmes dans un épisode d’ »Envoyé spécial » de France 2.

Etudiantes et Femmes, avouez-le !!!!  Les étudiantes ou les femmes Marocaines qui subissent ces violences n’arrivent pas à briser le carcan et fardeau social qui pèse sur elles en raison des pressions culturelles, sociales et familiales.

A cet égard, n’est-il pas opportun que  l’étudiante ou la Femme Marocaine brise cette furtivité, fracture cette discrétion, disloque ce  silence, détruit ce tabou et d’en parler ostensiblement, ouvertement et à visage découvert en les dénonçant.

–  En amont : Briser ce silence et dénoncer les actes pervers constitue une condition sine qua non pour guérir ces maux sociaux dont pâtissent les étudiantes Marocaines.

– En aval : les agissements de violences sexuelles doivent impérativement et juridiquement être punis.

En guise de conclusion, l’étudiante ou la Femme Marocaine doit, impérieusement faire le distinguo entre HARAM et HCHOUMA, car, in fine, dans le subconscient de la Femme ou l’étudiante Marocaine la  » HCHOUMA  » est le principal hic à tout changement et le pire ennemi des réformes sociales pour une société Marocaine libre, émancipée, démocratique et juste.

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