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Géopolitique du terrorisme en Afrique : Odieuse et Insidieuse

by Mustapha Maghriti

Le problème du terrorisme revient sur le devant de la scène après la scène odieuse  de 160 morts (Parmi les victimes figurent une vingtaine d’enfants ) par des djihadistes dans le village de Solhan, province du Yagha (région du Sahel) dans le Nord-Est du Burkina Faso, un bilan fatal le plus meurtrier que le pays ait connu depuis le début des violences djihadistes, en 2015.

Ces offenses ont suscité de nombreuses réactions d’indignation, de colère et de solidarité. De sa part, le Maroc, via le chef de la diplomatie Nasser Bourita a condamné vivement ces attaques terroristes ignobles qui sont rejetées par toutes les religions et les valeurs humanistes universelles.

Aussi, ces attaques misanthropes ont réveillé la peur, parfois l’effroi au regard des actes de primitivisme où la violence aveugle, tuant sans loi, ni foi, a contribué à désubjectiver chaque victime réduite à une simple cible à atteindre. Il s’agirait de représailles contre des incriminations de combattants auprès de l’armée.

La terreur gagne l’espace social en Afrique alimentant des fantasmes de martyre et de tyrannie, faisant revivre à chacun l’angoisse de la mort. N’est-ce pas l’apoastre de la subversion,  du terrorisme, le jihadisme?

Inopportunément, ces terroristes sont des jeunes en perte de boussole et ils tuent d’autres jeunes. Ils cherchent, semble-t-il, à détruire une société africaine en quête de liberté, de démocratie, de culture et d’ouverture. Cette projection de la violence et de la haine sur l’autre va parfois jusqu’au retournement de cette violence contre soi ; le tueur finit par se tuer, comme s’il achevait ainsi, par sa propre mort, le cycle de cette violence destructrice sans limite, dans un mouvement d’auto-désengendrement.

Nous pensons que la guerre contre le terrorisme est incontournable, mais au préalable, nous pensons qu’il existe une autre guerre, toute aussi violente que les armes qui est celle du déracinement des idéologies de la haine et de la répulsion.

C’est dans le continent noir, et pas seulement dans la zone sahélienne, que les groupes se réclamant de Daech, sont aujourd’hui les plus éveillés et les plus actifs, parsemant la terreur, la phobie et le terrorisme, sans toutefois contrôler des territoires comme ils l’ont fait au Moyen Orient. 

C’est un travail de longue haleine qui concerne notre continent. Inopportunément, dans l’Afrique, ce sont les projets de schizoïdie et d’introversion, qui l’emportent. Pour preuve, cette étendue géographique est sensationnelle, et tient autant sinon plus à la vulnérabilité des structures étatiques locales et à la misère, qu’au pouvoir d’attraction du djihad global.

Quelle géopolitique du terrorisme en Afrique ? Les groupes Jihadistes et fanatiques sont actifs dans plusieurs contrées du continent Africain : 

–  Primo, sur les terres d’islam d’Afrique de l’Ouest, qui connurent autrefois de véritables “guerres saintes”, au 19ème siècle contre les armées coloniales,

– Secundo, en Somalie, dans la corne de l’Afrique, où les “Chebabs” islamistes sévissent depuis des années, dans une guerre sempiternelle,

– Tertio, dans l’Est de la République démocratique du Congo, irréfragable  talon d’Achille  de l’Afrique où la guerre fait partie du quotidien depuis si longtemps où le djihadisme est venu  s’accoler à bien d’autres sources locales de conflit ;

– Quarto, dans le nord du Mozambique, sur la côte de l’Océan indien, où l’islam est ancré depuis des siècles, et où, depuis trois ans, sévit un groupe lui aussi affilié à l’État islamique.

Pour autant, ces labels djihadistes agissent comme des “franchises”, c’est-à-dire sans centralité, sans concentration et sans commandement unique ; même s’il est probable que les groupes agissent de concert en apprenant l’un de l’autre.

En Afrique, les terroristes savent tirer parti des fragilités des États, qu’il s’agisse d’un État “insolvable” comme la Somalie ou “perclus” comme au Nigéria. Au Mozambique, les djihadistes agissent dans une zone en passe de devenir l’Eldorado du gaz naturel où les petits paysans sont des proies faciles pour ces groupes violents.

Dans ce contexte miné, la réponse au terrorisme ne peut être figée à la seule dimension sécuritaire ; même au Sahel où la contre-offensive militaire est la plus exploitée. Ce sont des décennies de problèmes livrés à eux même qui attisent cette subversion meurtrière de la violence armée et la radicalisation.

L’aberration serait de mettre ces désenchantements anarchistes et ces messages écrits avec des plaies, du sang, des larmes, des souffrances, sur le passif d’une religion ou d’une culture, ce que, inopportunément, plusieurs discours laissent entendre en particulier l’Islam.

La communauté internationale a un mandat laborieux à conclure. Avant les fusils et les armes, il y a des idéologies à neutraliser, avant les flingues, il y a des cultes à désamorcer.

Il est plus facile d’écraser des armées que de venir à bout d’une idéologie surtout celle qui s’abreuve de haine, d’aversion, de fanatisme et de cruauté. L’idéologie n’est à craindre que lorsqu’elle s’appuie sur la haine. 

Nous devons reconnaître que l’éducation religieuse dans les pays musulmans n’est pas indemne de toute répréhension. Chez certains, elle incorpore gauchement ce qui relève de la foi, du divin et de l’humain. Ce nœud gordien doit être tranché si on veut exorciser la Salafiya Jihadia et son obsession subversive. 

La bataille contre la prolifération du terrorisme doit être absolument globale et internationale. La coopération internationale existe, mais elle n’est pas aussi optimisée que l’on voudrait ; la riposte sécuritaire ne suffit pas. Force est de constater que les guerres de la Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et la création d’autres foyers de tension en Afrique, ont plutôt envenimé le phénomène jihadiste.

Faute de quoi, la terreur continuera à terroriser, y compris les terroristes, la violence se transmettra en spirale de génération en génération dans la haine et la vengeance.

La Communauté internationale doit s’atteler à remettre la paix dans tous ces pays, les grandes puissances ont cette lourde responsabilité à restaurer les Etats nationaux et d’épargner que d’autres Etats ne s’agitent. Aussi, il appartient tout un chacun de nous d’apporter sa quote-part par la lutte contre la haine, le racisme et l’incitation à la violence au quotidien.

Avouons-le et disons nos 4 vérités en face : On ne naît pas terroriste, on le devient. Le mal est en l’homme, il n’a pas de territoire privilégié, il est partout sur cette Terre. Ce mal, il nous faut le combattre par la raison, la loi, le savoir, l’école, l’éducation, l’ordre, la justice et par la promotion et la défense des valeurs universelles et universalistes liées aux droits humains.

Malheureusement, je me rappelle, il y a plus de 5 ans (Lundi 19 Décembre 2016), après l’assassinat ignoble de l’ambassadeur Russe en Turquie, je suis entré sur mon compte facebook pour consulter l’actualité et subitement j’ai été sidéré par le comportement fanatique et téméraire d’une armada internautes originaires de plusieurs pays arabes, y compris le Maroc, saluant l’assassinat de l’ambassadeur Russe. N’est-ce pas l’apogée de la haine ? 

Saluer cet assassinat odieux n’est-il pas un accusateur qui montre immanquablement l’hiatus qu’il nous reste à traverser en longueur et en largeur pour enterrer  une pensée funéraire. N’est-ce pas l’apothéose de la subversion et du terrorisme?

L’altruisme, la clémence la tolérance et l’amour sont les palliatifs dont dispose l’humanité. Manions-les. N’est-il pas le moment, en guise d’épilogue, de décider d’opter pour l’Amour, car la haine est un fardeau trop lourd à porter pour paraphraser Martin Luther King.

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