Home Non classé L’Année 2021 entre le Marteau des signes positifs et l’Enclume des risques à appréhender

L’Année 2021 entre le Marteau des signes positifs et l’Enclume des risques à appréhender

by Mustapha Maghriti

L’année 2020 a été épineuse ; elle a été stigmatisée par la pandémie du Covid-19 dont les corollaires dévastateurs ne cessent de se faire sentir depuis des Mois (plus de 1,9 Millions de disparus) et qui, selon toute vraisemblance, vont nous accompagner dans l’année 2021.

Outre les effets sanitaires, l’économie mondiale a été tragiquement emballée sur les plans économique et social et ses effets économiques pervers avec un recul dramatique de la croissance où l’économie internationale devrait connaître, une récession historique dont l’ampleur s’élèverait à 4,9 % du PIB mondial selon la boule de cristal du FMI. Tous les indicateurs sont au rouge: le commerce mondial accuserait un recul compris entre 13% et 32%, les cours des produits de base chutent et les investissements directs étrangers pourraient baisser de 40%.

Aussi, la crise se matérialise par les fermetures des outils de production, les pertes d’emploi (un taux de chômage mondial à 5,4 %) ainsi que ses conséquences sociales : Des conséquences des plus affligeantes sur les marchés du travail. Ce dernier subit de plein fouet les perniciosités d’un impact qui porte, à la fois, sur l’offre, en raison d’une paralysie quasi totale du processus de production des biens et services et sur la demande qui se rétracte sous l’effet de la baisse de la consommation et de la contraction de l’investissement. Plusieurs milliers de postes d’emploi sont mis en suspens quand ils ne sont pas définitivement détruits provoquant une recrudescence inégalée de chômage avec plus 2,5 millions en 2020 selon l’Organisation Internationale du Travail OIT.

Des secteurs entiers sont sinistrés et font face à un avenir incertain. C’est le cas, notamment, du tourisme et des transports qui sont gravement touchés dans leur segment aérien. Une situation délétère menaçant de faillites les entreprises dans leurs différentes tailles, de perte d’emplois sans distinction entre secteurs structurés ou informels et partant de détériorations manifestes de revenus pour une vaste partie de la population.

Aujourd’hui que le monde, y compris notre patrie le Maroc, tout en vivant les restrictions les plus draconiennes (à l’instar du reconfinement total en Grande Bretagne et d’autres pays de l’Europe), accueille le début de 2021 avec optimisme en escomptant que cette nouvelle année va nous ramener plus de quiétude afin que nous puissions reprendre notre marche vers un avenir serein et solidaire.

A cet égard, vigilance et prudence l’oblige, des signes positifs sont à relever mais, en même temps, des risques évidents sont à appréhender :

– Primo, sur le plan sanitaire, la découverte et la mise à disposition en un temps record de nombreux vaccins ( Pfizer/BioNTech,  Moderna, AstraZeneca, Sinopharm) contre la pandémie du coronavirus donnent à l’humanité de l’espoir afin d’en finir avec la propagation incontrôlée de la Covid-19.

Toutefois, une grande majorité des pays démunis et à revenu intermédiaire,  n’auront pas accès à ces vaccins avant des Mois, et ce en dépit des efforts laborieux de l’Organisation Mondiale de Santé OMS et de ses partenaires du Système des Nations Unies qui jette des équivoques sur la sincérité de ceux qui n’ont cessé d’arguer d’humanisme et d’équité des chances alors qu’ils n’ont pas perdu du temps pour s’approprier la quasi-totalité de la production de ce précieux vaccin, en privant le reste du monde pour l’avenir prévisible. Cela est scientifiquement inapproprié puisque, faut-il le rappeler : Notre l’humanité ne sera pas totalement immunisée contre ce mal avant que toutes ses composantes le soient, d’où l’appel lancé par le Secrétaire Général de l’ONU pour que le vaccin en question soit considéré comme un bien public.

– Secundo, sur le plan économique et social, la pandémie a certes fortement ralenti la croissance et mis à genoux le tissu de la production et des services, mais globalement ce tissu économique, bien que revigoré, peut être apaisé si les conditions locales et internationales reviennent à leur état normal. Ceci suppose que le « repli sur soi  »  constaté au début de la pandémie et du confinement total laisse vite place à une solidarité suffisante pour permettre à la coopération internationale de reprendre ses droits et aux institutions bilatérales, régionales et multilatérales de reprendre habituellement leurs activités dans le cadre de relations internationales assainies et étanchées.

Ce retour sera, semble-t-il, favorisé par la nouvelle donne politique aux Etats Unis d’Amérique suite aux dernières élections présidentielles, donne qui, certes toujours contestée par l’occupant actuel de la Maison Blanche, semble cependant inéluctable et promet des révisions bienvenues à l’attitude de Washington vis-à-vis de nombreux dossiers et du multilatéralisme en général.

Il reste que des décisions prises par l’Administration en charge, surtout au cours des quelques derniers mois, risquent de placer la nouvelle Administration, qui ne prendra les rênes du pouvoir que le 20 du Mois courant, devant des « faits accomplis » dont il pourra malaisément s’extirper pour autant qu’elle souhaiterait le faire. Des dossiers coriaces comme celles du Moyen Orient, du nucléaire Iranien, ou de la place de la Chine dans l’équation mondiale risquent d’en pâtir alors que des groupements régionaux sur lesquels reposait en partie l’espoir de trouver des solutions aux conflits existants se trouvent davantage affaiblis.

Faut-il voir la « moitié pleine » du verre ou celle qui est « à moitié vide » ? Chacun dans le monde abordera l’année 2021 selon sa propre disposition d’esprit et les moyens dont il dispose, mais nous devons tous nous en tenir aux protocoles sanitaires prescrits et prier pour le mieux.

Les décideurs quant à eux devront s’imprégner de nouveau de l’esprit de coopération avec davantage de compassion pour les plus faibles afin que nous puissions ensemble sortir de la situation actuelle.

A cet égard, l’OMS a un rôle de premier plan indéniable dans la gestion de la crise du Covid-19. Elle a certes, été le théâtre d’oppositions politiques, mais force est de constater qu’elle a assuré un leadership technique fort. Cela étant, l’aspect technique ne représente qu’un volet de la réponse à la crise sanitaire. La bonne gestion d’une telle situation se joue également sur le plan politique, et c’est précisément là que l’OMS et plus généralement les organes politiques de l’ONU (Organisation des Nations unies) ont montré les limites de leur pouvoir d’action et de coordination.

D’ailleurs, une situation de statu quo s’installe au sein des Organisations Internationales, transcendant même le cadre de l’OMS : L’ONU en a également subi les conséquences, aboutissant à un manque de coordination du Conseil de Sécurité et de l’organisation dans sa globalité. Il est, à cet égard, intéressant de noter que les pays leaders de la réponse apportée à la crise du Covid-19 ont préféré passer par des groupes internationaux restreints, tels que le G20, pour coordonner une réponse internationale, plutôt que de passer par l’UNGA (Assemblée générale de l’ONU). Cela ne témoigne-t-il pas d’un affaiblissement de la démocratie internationale doublé d’un échec des solidarités internationales marqué par le repli national provenant essentiellement du repli des pays sur eux-mêmes, leur propre population, ainsi que sur leurs propres intérêts.

Ce signe le plus évident de l’échec de la solidarité internationale est d’un part le repli national des pays durant la crise sanitaire (la fermeture des frontières) et la suspension du financement américain à l’OMS, d’autre part. D’où l’intérêt de la concertation, de coordination et de coopération internationale pour faire face à une situation internationale tumultueuse et fébrile.

L’on ne peut épiloguer cette chronique sans avoir une pensée émue pour tous celles, ceux Maroc et dans le monde qui ont payé de leur vie la pandémie que nous vivons, trouvent ici nos condoléances les plus attristées, nos prières et nos mémoires, comme disait jean d’Ormesson  » Il y a quelque chose de plus fort que la mort ce la présence des absents dans la mémoire des vivants »

You may also like

Leave a Comment