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L’Afrique : Une gouvernance à fleur de peau

by Mustapha Maghriti

Lundi dernier 5 Octobre 2015, la fondation Mo Ibrahim www.moibrahimfoundation.org en collaboration avec la Fondation Kennedy et la prestigieuse Université de Harvard, a rendu public son fameux rapport sur la gouvernance en Afrique. 

Faut-il rappeler que Mo Ibrahim est une fondation crée en 2006, basé à Londres qui a pour mission de promouvoir la bonne gouvernance sur le continent africain qui établit un classement chaque année pour évaluer les avancées ou les reculs en matière de leadership et de bonne gouvernance dans chacun des 54 pays africains. 

L’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est basé sur 93 indicateurs classés en quatre sous-catégories: sécurité et Etat de droit, participation et droits de l’Homme, développement économique durable et développement humain. 

Selon l’indice l’IIAG 2015, les conditions de la gouvernance se sont détériorées dans 21 pays ces quatre dernières années entre 2011 à 2014. 

L’indice 2015 souligne que seulement six pays ont enregistré des progrès dans chacune de ses quatre catégories. Il s’agit, selon ses calculs, du Sénégal, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Zimbabwe et de la Somalie. Pour autant ces pays sont respectivement classés au 9 éme, 16éme, 35 éme, 44 éme et 54 éme rangs. Qu’en est-il du Maroc ? 

En pondérant les quatre sous-catégories Le Maroc a régressé de 2 points pour se positionner dans la 16éme place sur un panel de 53 pays africains. Dans ce cadre, le Maroc s’est placé dans la 12 éme position concernant le développement humain et la 18éme place concernant la sécurité et l’état du droit.

Toutefois, le Maroc s’est classé dans les derniers rangs concernant les droits de l’homme 42 éme place. L’autre enseignement de l’indice 2015 de la gouvernance en Afrique, est l’écart croissant entre les différentes régions. L’Afrique australe est présentée comme la zone la plus performante en matière de gouvernance avec un score de 58,9 suivie par l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Est. Cette différence s’explique par les nombreux bouleversements intervenus dans cette région. L’instabilité que connaît la Républicaine centrafricaine, de même que les risques qui pèsent dans les autres pays de la région, empêchent d’avoir des institutions fortes et une soutenabilité économique. 

Le mauvais pilotage financier et électoral constitue une entrave rédhibitoire au développement de la gouvernance au continent africain : La corruption sur le continent noir, fait tort à l’objectivité, porte préjudice à la justice et à l’égalité des chances, dépare l’équité et à la non discrimination, principe qui sous tendent les droits humains. Aussi et sur le plan économique, la corruption secrète sur le continent des altérations dans le secteur public en évinçant l’investissement public des secteurs prioritaires pour le régenter vers des projets d’investissement où les pots de vin et les dessous de table sont plus nombreux.

Dans la gouvernance des entreprises africaines, la corruption préjudicie le développement économique en dopant le coût des transactions commerciales à cause des étrennes, des frais de négociation avec les agents publics. Ainsi, selon des estimations économiques, les ressources gaspillées par des actes de corruption et les ressources qui font l’objet de rétention ou sont détournées atteignent 25 % du PIB total du continent Africain.

Selon l’Union africaine, la corruption coûte au continent près de 150 milliards de dollars par an, la Banque africaine de développement BAD à titre illustratif souligne que cette tribulation conduit à la perte d’environ 50 % des recettes fiscales, chiffre supérieur à la dette extérieure totale de certains pays africains. Ces dissymétries actuelle atrophient le bon pilotage, donnent à la gouvernance en Afrique une faible légitimité et sécrètent l’anathème de l’exclusion et le blasphème de la pauvreté.

Certes, la pauvreté a reculé de manière globale en Afrique, mais le nombre de personnes vivant avec 1 à 2 USD par jour reste très élevé : A titre illustratif, en 2012, 386 millions d’africains vivaient avec moins de 1.25 USD par jour et à l’heure actuelle, c’est 21% de la population africaine qui continue de pâtir de la famine et 223 millions de personnes qui sont en situation de sous-alimentation élevée de façon perdurable, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Aujourd’hui encore, la pauvreté affecte une large partie du continent, y compris les pays exportateurs de matières premières, les plus riches en terme de PIB, tels que le Nigéria, premier producteur de pétrole d’Afrique, mais où la misère sape 70% de la population. En Angola, c’est près de 70% de la population qui vit avec moins d’1 USD par jour. De ce fait, l’insécurité alimentaire demeure une épée de Damolcès qui menace et plombe le développement en Afrique. 

Il est temps que l’Afrique revoit moult modes de fonctionnement et entreprendre certains ajustements, changements et refontes pour asseoir une réelle gouvernance à même d’auiguiller le contient Noir vers la voie royale du développement économique et social et de l’éradication de la pauvreté et la précarité. Kofi Annan n’at il pas dit que « La bonne gouvernance est le chemin le plus sûr pour en finir avec la pauvreté et soutenir le développement  » 

In fine, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, tout est possible, l’art de la gouvernance, ce n’est pas de faire ce qui est possible, mais de rendre possible ce qui est nécessaire pour accoucher une gouvernance efficace, légitime et démocratique.

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