C’était il y a plus de 4 chandelles, un jeudi 19 janvier devant le Parlement que le chef du Gouvernement Benkirane a présenté le programme de son Team en faisant des primautés sociales l’une de ses priorités sociales. Mois de 5 mois nous sépare de la fin du mandat du Team Benkirane, le Gouvernement a-t-il tenu sa promesse ? Tel est le dessin de cet article. Nous dissertons cette chronique une journée avant le dernier round du dialogue social qui affrontera le chef de l’exécutif et les principales centrales syndicales du Royaume. D’emblée, Nous pensons que le Gouvernement Benkirane ne peut satisfaire les doléances sociales ni les revendications syndicales et ce pour des raisons purement économique :

– Primo, la soutenabilité de la dette publique:La déliquescence des deniers publics, ces dernières années, a relevé les interventions du Trésor sur les marchés et auprès des créanciers bilatéraux et multilatéraux pour renflouer le déficit budgétaire. Lors de la période 2007-2012, la dette du trésor représentait 50,4% du PIB en moyenne. En outre, en faisant égard à la dette garantie par l’Etat contractée par les entreprises publiques, le poids de la dette réelle devient plus lourd puisqu’elle frôle les 81% du PIB. Socialement, le remboursement de la dette est une hypothèque qui accable les 34 millions de Marocains : Chaque marocain paie chaque année au titre du service de la dette 5000 DH/marocain. Qu’il soit un enfant, une personne âgée, un chômeur, femme, toutes les catégories de la population participent au financement de la dette. Le service de la dette’ s’abreuve une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation, santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la croissance économique et au développement social, …Son paiement aiguise et exacerbe la crise sociale dont souffre notre peuple et devient en corollaire un obstacle devant le dialogue social. Le chef du Gouvernement n’a-t-il pas soutenue l’idée que la situation actuelle des finances publiques ne permet pas l’adoption de mesures dont les répercussions financières risquent de peser sur le budget de l’Etat?

-Secundo, le fardeau de la masse salariale : L’évolution des niveaux des salaires a été l’origine d’une croissance substantielle de la masse salariale qui a augmenté en moyenne de 6,5% par an au cours de la période 2007-2014. Les charges salariales de l’Etat deviennent affolantes et plombent les comptes publics. En tenant compte de la part patronale (retraites et assurance-maladie) et de l’impôt, le poste charge du personnel atteint le montant de 140 milliards de dirhams soit 13 % du PIB et 33% du budget. Dans la région MENA, la rémunération moyenne dans le secteur public représente 3,5 fois le PIB par habitant au Maroc contre 2,5 fois dans la région et 1,5 fois au niveau mondial en vertu du rapport des experts du FMI.

En sus, l’analyse des recrutements dans la fonction publique révèle que sur la période 2007-2014, 146.961 postes ont été créés pour une enveloppe budgétaire de près de 12,8 milliards de dirhams. Lors d’une séance plénière au parlement consacrée à la séance mensuelle sur la politique générale et en particulier sur le dysfonctionnement du dialogue social, Benkirane n’a-t-il pas souligné que les revendications de la plupart des centrales syndicales ne sont pas adaptées à la conjoncture économique du Maroc ? Sur ce registre et concernant l’augmentation des salaires, l’exécutif prend la tangente pour revoir les allocations familiales via la hausse de la prime de naissance dans le secteur public. Selon l’exécutif Benkirane, la hausse de 25% des salaires impliquera 27 milliards DH par an, soit 3% du PIB, la révision de l’impôt général sur le revenu nécessitera 5 milliard DH et le relèvement du seuil minimal de retraite de 600 dirhams/mois engendra près de 4,2 milliards DH supplémentaires par an. Le total du cahier revendicatif des syndicats pèse lourd en termes de dépenses pour l’Etat car il oscille entre 30 et 37 milliards de dirhams de financement total.

Autant en emporte le vent, le gouvernement barbu light n’a pas tenu sa promesse : il a forcé la dose en imposant sa propre vision ultralibérale dont l’objectif se résume à réduire le déficit budgétaire et les subventions et réformer les retraites.
