Home Non classé Le Maroc à l’entrecroisement des chemins économiques : Du Mare Nostrum à l’abysse Africain

Le Maroc à l’entrecroisement des chemins économiques : Du Mare Nostrum à l’abysse Africain

by Mustapha Maghriti

Feu Hassan II n’a-t-il pas utilisé la célèbre allégorie, la fameuse métaphore pour définir le Maroc comme  » Un arbre dont les racines nourricières plongent profondément dans la terre d’Afrique, et qui respire grâce à son feuillage bruissant au vent de l’Europe ».
Le Maroc n’est-il pas en passe de retrouver son destin de grande capacité entre le Mare Nostrum et l’Afrique ? Sans commotions intempestifs, l’économie Marocaine et les mentalités se métamorphosent en profondeur et se dessine une vision historique ambitieuse pour les Marocains, mais aussi une vision éloquente qui doit parler aux Méditerranéens, aux Européens et aux Africains.Le Maroc puise deux itinéraires qui transpercent son territoire. La première voie Sud-Sud est celle de l’industrialisation du Nord de l’Afrique, de l’Egypte à l’Algérie, avec le Maroc au centre. La seconde voie, selon un axe Nord-Sud, est celui du gazoduc Ouest-africain, le West African Gas Pipeline (WAGP), futur tronçon sur 5 000 km qui longera la côte Ouest-africaine, de Tanger à Lagos, contribuant au développement du Sahel, tout en reliant l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne. Faut-il rappeler que le 3 décembre 2016, le Madiba Marocain, le Roi Mohammed VI en l’occurrence, et le Président Nigérian, ont donné le coup d’envoi de ce projet de gazoduc offshore qui devrait relier le Nigeria, troisième producteur de gaz naturel en Afrique, au Maroc, puis à l’Europe. 

Le premier chemin est horizontal, c’est celui de l’industrialisation du Nord de l’Afrique, de l’Égypte au Maroc. En effet, depuis 1980, presque tous les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée s’industrialisent. Ils usèrent de la politique d’industrialisation par substitution aux importations ; ils substituèrent la production intérieure (voiture, mécanique, biens d’équipements…) aux importations. Sans rupture, le Maroc, la Tunisie, le Liban, la Turquie, et la Jordanie sont devenus exportateurs de produits manufacturés, de machines et d’équipement de transport etc…
Avec le pacte national pour l’émergence industrielle, désormais considérés comme prioritaires les métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique, électronique, offshoring, textile et cuir, agroalimentaire) et à les doter de nouveaux espaces de 3éme génération : les Plateformes industrielles intégrées (P2I). Celles-ci offrent à tout industriel, du foncier à prix compétitif et des services mutualisés (guichet administratif unique, maintenance, restauration, formation, etc.). 
Faut-il rappeler que le pacte national pour l’émergence industrielle est un contrat programme visant à développer l’industrie au Maroc à travers le développement des métiers mondiaux du Maroc, à mettre à niveau le tissu de PME marocain, à améliorer la formation professionnelle et le climat des affaires. C’est un pacte signé le 13 février 2009 à Fès sous la présidence du Souverain Marocain et vise à faire du Maroc une plateforme d’investissements industriels. 

Ce mouvement d’industrialisation est conforté par les nouveaux comportements des entrepreneurs européens qui commencent à comprendre les bienfaits du codéveloppement, de la coproduction et du partenariat, avec un pied au Nord et un pied au Sud de leur chaîne de valeur industrielle. Cette stratégie leur permet d’une part de bénéficier de la proximité géographique et culturelle, et d’autre part de la complémentarité entre des pays matures et vieillissants au Nord, et des pays jeunes et émergents au Sud. Enfin ce mouvement est fortement accéléré par les Chinois qui vont délocaliser 85 millions d’emplois manufacturés en Afrique, et se positionner sur la rive sud de la Méditerranée pour approvisionner l’Europe. Ce mouvement est irréversible – le capital est à l’œuvre. Voilà pourquoi le Maroc entend profiter de ce mouvement, tant ses richesses humaines et son abysse africain lui attribuent un rôle stratégique. Ce premier chemin d’industrialisation est d’autant plus pertinent pour engager le pays qu’il se croise avec un deuxième chemin Nord/Sud que les Marocains veulent et vont construire avec l’Europe.
Le second chemin, en chantier, est vertical Nord/Sud. C’est celui du transport, de la logistique et du développement des provinces du Sud du Maroc qui doivent être enrichie de zones industrielles, de zones franches, de technopoles et de clusters industriels. Une Jonction qui reliera l’Afrique du Nord à l’Afrique subsaharienne en pleine effervescence économique. Le terrain entre l’Europe à l’Afrique via le Maroc est toujours en friche. Défrichons-le ! 

Le dicton ancestral Africain à travers la prose de Manu Dibango ne dit-il pas « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler » ? C’est idem pour l’Europe, Maroc, Afrique. André Frossard n’a-t-il pas dit que « L’Europe cherche avec raison à se donner une politique et une monnaie commune, mais elle a surtout besoin d’une âme » ? Cette âme et sœur ne peut être que l’Afrique à travers le viaduc qui est le Royaume Chérifien du Maroc 

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