C’est un secret de polichinelle que l’innovation joue un rôle crucial dans la dynamique économique et sociale des économies et ce en stimulant la productivité et la croissance économique. Les technologies de l’information et de la communication constituent une illustration parfaite de la capacité de transformation et le potentiel de croissance de l’innovation. En effet, le pays d’uncle Sam a connu une période de croissance rapide dans les années 1990 (près de 5 % par an entre 1995 et 2000), nettement supérieure aux accomplissements des autres pays développés et des décennies précédentes. Cette dynamique économique s’est accompagnée d’une augmentation remarquable des gains de productivité, qui a permis de concilier stabilité des prix et plein-emploi. Cette croissance a été tirée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication l’informatique, la téléphonie mobile, Internet.
Qu’en est-il de la réalité de l’innovation au Maroc ? Quel est le positionnement du Maroc par rapport à des pays similaires en termes de développement ?
Pour y répondre, on s’est référé à l’indice mondial de l’innovation qui a été crée conjointement par l’Université Cornell, l’Institut Européen d’administration des Affaires INSEAD et l’Organisation Mondiale de la propriété intellectuelle WIPO.

Cet indice mondial de l’innovation établit un classement des résultats de l’innovation dans environ 140 pays et économies du monde entier et classe les économies mondiales depuis 2007 sur la base de leur capacité d’innovation en se basant sur plus de 80 indicateurs dont l’institution, les ressources humaines, la recherche scientifique, la sophistication de l’environnement des affaires, le rendement universitaire…..etc.
Publié le 26 Mars dernier et conçu pour calibrer les prouesses des pays en matière d’innovation, le rapport » the global innovation index 2016 : Winning with global innovation » et avec un score moyen de 32,26 fait passer le Maroc de la 78éme place en 2015 à la 72éme place en 2016.
Avec un tel classement, le Maroc devance la Tunisie (77éme), l’Egypte (107éme) et l’Algérie (113éme) et fait figurer le Royaume parmi les économies à revenu intermédiaire moyen les mieux classées vu des critères principaux d’analyse comme la qualité de l’innovation et les dépenses en la matière. Ces performances confirment les avancées enregistrées par le Maroc en termes de propriété industrielle.
Parmi les critères pris en compte par ce classement, la bonne performance concernant les actifs immatériels (36éme mondial), et ce notamment grâce aux indicateurs relatifs aux dépôts de marque par origine et PIB (36éme) et aux dessins et modèles industriels par origine et PIB (8éme place). D’après l’étude détaillée, la force du Maroc serait aussi la qualité de ses infrastructures, classées 45éme mondiales. Les principaux indices analysés sont les technologies de l’information et de la communication (TIC), les services en ligne des institutions gouvernementales ou encore l’e-participation.
En revanche, le Maroc demeure moyen quand il s’agit du capital humain (61éme) ou de création de la connaissance (78éme). Le secteur où le pays perd beaucoup de points dans la moyenne est la sophistication du business, comprenant la connaissance des travailleurs, les relations pour l’innovation et l’absorption des connaissances. Il se classe 125éme, presque en fin du tableau.

Sur le plan continental, l’analyse montre que le Maroc se hisse au top 3 africain du classement, après l’ile Maurice et l’Afrique de Sud et premier en Afrique du nord.
Au niveau régional notamment dans l’Afrique du Nord et de l’Asie occidentale NAWA, le Maroc se positionne à la 73éme place derrière le Qatar 50éme, Bahreïn 57éme, Arménie 60éme, Géorgie 64éme, Koweit 67éme et le Liban 70éme.
A l’échelle planétaire, la Suisse demeure le meilleur pays au monde en termes d’innovation. Aussi, en tête du classement 2016, on trouve quatre pays, à savoir le Japon, les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui sortent du lot notamment en ce qui concerne la “qualité de l’innovation”, un indicateur de haut niveau qui tient compte de la qualité des universités, du nombre de publications scientifiques et du nombre de dépôts internationaux de demandes de brevet.
Cet année, la Chine rejoint le groupe des 25 nations les plus innovantes au monde ce qui reflète les résultats positifs de ce pays en matière d’innovation et l’utilisation d’indicateurs améliorés en matière d’innovation.
Dans cette édition, le rapport étudie les répercussions des politiques axées sur l’innovation sur la croissance économique et le développement. Les pays à revenus élevés tout comme les pays en développement cherchent à assurer une croissance étayée sur l’innovation en mettant en œuvre différentes stratégies.
Par ailleurs, le rapport souligne que l’innovation nécessite des investissements permanents. Avant la crise de 2009, les dépenses en Recherche Développement (R‑D) augmentaient chaque année de 7% environ. Les données 2016 indiquent que la R‑D mondiale a augmenté de 4% seulement en 2014. Ce chiffre résulte du fléchissement de la croissance dans les pays émergents et du resserrement des budgets consacrés à la R‑D dans les pays à revenu élevé.

En somme, le Maroc peut mieux faire pour améliorer son positionnement sur l’échiquier mondial. Difficile avec un ratio dépenses en R&D/PIB qui tourne autour de 0,8% et à peine 1,87 chercheur pour 1.000 actifs, une production scientifique nationale constitue seulement 0,122% de la production mondiale, prétendre rivaliser des économies émergentes comme la Turquie.
Aussi, la faible contribution du secteur privé à l’effort R&D est pointée du doigt. Et pour cause, le faible développement de la filière du capital risque privé. Ce qui ne favorise pas l’émergence de start-up innovantes. Faut-il rappeler à cet titre qu’au Maroc, la R&D demeure financée par le secteur public à hauteur de 73% contre 22% pour le secteur privé, 1% pour le partenariat public-privé, 1% pour le partenariat public-public et 3% pour la coopération. A cet égard, le Centre National de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST) devrait s’ouvrir davantage aux entreprises Marocaines porteuses de projets d’innovation à même d’assurer de nouvelles perspectives de croissance inclusive et créatrice d’emploi.