Hier, Lundi 14 Octobre 2019, pour la deuxième fois dans l’histoire de l’Académie Royale Suédoise en économie, le prix Nobel a été attribué à une femme. En effet, le prestigieux prix d’Alfred Nobel d’économie 2019 a été décerné à la Française Esther Duflo, professeure au MIT (Massachussets Institute of Technology), où elle occupe la « chaire Abdul Latif Jameel sur la réduction de la pauvreté et l’économie du développement, récipiendaire aussi en 2010 de la médaille John Bates Clark. Ses travaux lui avaient valu en 2013 d’être choisie par la Maison-Blanche pour conseillère au sein du cabinet du président Barack Obama sur les questions de développement. A côté d’elle, deux autres économistes Américains, l’un l’époux d’ Esther Duflo Abhijit Banerjee et Michael Kremer. Ils ont été récompensés pour leurs travaux sur l’allègement de la pauvreté globale.
Faut-il rappeler que le Prix Nobel a été crée 1968 par la Banque Centrale de la Suède en mémoire à Alfred Nobel, un chimiste, industriel, fabricant d’armes suédois et inventeur de la dynamite où dans son testament, rédigé en 1895, il laissa sa fortune de 32 millions de Couronnes Suédoises (environ 3,5 millions d’Euro) comme héritage pour créer le prix Nobel.
Les investigations du triplet du prix Nobel d’Economie 2019 ont porté sur les sentiers et les moyens pour lutter contre la pauvreté globale. Plus d’une vingtaine d’années, leur approche économique, étayée sur les essais et recherches, a métamorphosé l’économie du développement, qui est actuellement un champ de recherche resplendissant, en décomposant, à titre illustratif, la quadrature du cercle de la pauvreté en sujets plus restreints, mais plus facilement adressables, à l’instar de la santé des enfants ou l’amélioration des systèmes éducatifs.
Pour Michael Kremer, il a réalisé ces premières recherches économiques au Kenya, pour trouver des moyens à améliorer les résultats scolaires en posant des apostrophes sur ce qui aidera le mieux à améliorer le niveau d’éducation d’élèves en difficulté dans des pays en développement comme l’accès à des livres, ou les cantines gratuites.
Michael Kremer et son Team ont réalisé des empirismes, comparativement aux expériences en médecine, et ce en sélectionnant au pif des écoles aux mêmes caractéristiques (localisation, revenu des parents, etc.). Puis ils ont ventilé ces établissements en deux groupes aléatoirement : Certaines écoles recevaient de l’argent pour des livres, d’autres pour une cantine gratuite. Le résultat fut qu’aucune des deux méthodes n’était efficace. L’accès aux livres n’aidait que les élèves déjà les plus brillants de l’école.
Ainsi, depuis, les trois chercheurs ont réalisé des expériences similaires dans d’autres domaines : Sur l’enseignement, Esther Duflo et Michael Kremer se sont focalisés sur l’efficacité des professeurs et à leur absentéisme dans les écoles des pays en développement.
Aussi, Esther Duflo et Abhijit Banerjee ont montré que, contrairement à ce que l’on pensait, le microcrédit était peu efficace : Il aidait peu ou prou à développer des petites entreprises déjà existantes, mais n’a aucun impact sur la consommation ou d’autres indicateurs de développement.
Du côté de la santé, d’autres recherches de Michael Kremer ont montré le corollaire du prix d’un médicament sur son utilisation. A titre d’exemple, un vermifuge antiparasitaire n’est donné que par 18% de familles s’il coûte 1 dollar, alors que s’il est gratuit, 75% des parents en fournissent à leur enfant. Cela semble couler de source, sauf que le prix de 1 dollar veut dire que le médicament est déjà très subventionné.
D’autres investigations ont corroboré que la mise en place de cliniques mobiles triplait le taux de vaccination ; celui-ci augmentait encore si l’on proposait aux parents un sac de lentilles en échange de la vaccination de leurs enfants. Et le tout pour un coût par vaccination plus faible, dans la mesure où ces cliniques mobiles ont des coûts fixes importants. Alors plus il y a de patients, plus le coût d’une vaccination diminue.
Ainsi les études du Trio du prix Nobel d’Economie 2019 ont façonné un nouveau champ de recherche de l’économie du développement. L’Organisation Mondiale de la Santé OMS, suite notamment à l’étude sur les vermifuges, recommande que les médicaments soient distribués gratuitement pour 800 millions d’enfants vivant dans des zones où plus de 20% d’entre eux sont touchés par des infections parasitaires.

Sur l’éducation, le programme de soutien scolaire de l’OMS touche maintenant 5 millions d’enfants indiens dans 100.000 écoles.
Notons en guise de conclusion que les travaux d’Amartya Sen prix Nobel d’économie 1998 ont porté sur l’analyse du bien-être économique et sur l’origine des famines et de la pauvreté.